Evitez ces embûches si vous voulez encore souscrire aux bons d’Etat
Le bon d’État d’un an émis par le gouvernement belge est un succès retentissant, avec déjà près de 12 milliards contractés. Mais, les épargnants qui désireraient encore y souscrire ne devraient pas trop tarder. Des lourdeurs administratives bancaires pourraient leur faire rater le coche.
Les épargnants ont déjà inscrit 12,24 milliards d’euros pour les bons d’Etat d’un an, lancés jeudi dernier, indique l’Agence Fédérale de la Dette ce mardi midi, à Belga. Six milliards ont été inscrits via les banques et 6,2 milliards via l’Agence même. Des doublons sont possibles – le verdict sera connu lundi, après le versement de la somme pour laquelle les prêteurs se sont engagés. C’est près de 3,5 milliards d’euros de plus que lundi à la même heure. Le bilan affichait alors 8,8 milliards d’euros.
Un succès retentissant, qui dépasse largement celui du bon “Leterme” de 2011 qui avait récolté à l’époque plus de 5 milliards.
Pour souscrire à ces bons d’Etat au taux avantageux de 2,81%, certains citoyens se heurtent à des lourdeurs administratives qui pourraient peut-être leur faire rater le coche avant la date de fin de souscription. L’argent doit impérativement être versé sur le compte de l’Agence de la Dette ce vendredi 1er septembre.
Aujourd’hui, un virement bancaire prend généralement 24 heures. Les personnes qui veulent encore commander des bons d’État devraient donc le faire ce mercredi 30 août au plus tard. Un virement instantané réalisé ce jeudi est aussi envisageable. Mais pour ce faire, la somme allouée à ce placement doit être disponible et surtout rapidement transférable et ne pas se heurter à des limites de fonds décrétées par sa banque.
Certaines banques ne seraient pas assez réactives pour relever les limites de transfert hebdomadaire autorisées en cas de virement de sommes d’argent importantes. L’argent ne pourrait alors ne pas être débloqué à temps pour être transféré vers l’Agence de la Dette.
Des limites de transfert pour protéger les clients
Les banques permettent en effet aux clients d’augmenter temporairement ces limites pour réaliser des transferts importants. Chaque banque a sa propre politique en la matière. A titre d’exemple, chez ING Belgique et BNP Paribas Fortis, la limite est de 25.000 euros par jour pour un transfert en ligne, rapporte Het Nieuwsblad. Chez KBC, elle est de 10.000 euros, chez Belfius, de 25.000 euros par semaine. Les clients peuvent décider d’augmenter leurs limites chez KBC. Jusqu’à 10.000 euros, ils peuvent le faire eux-mêmes via KBC Touch ou jusqu’à 2.500 euros via KBC Mobile.
“Via Easy Banking Web, à la demande du client, la limite peut être augmentée jusqu’à un maximum de 300 .000 euros par jour et par utilisateur“, explique Jeroen Petrus, porte-parole de BNP Paribas Fortis. “Mais pour des raisons de sécurité, cette augmentation de limite ne prendra effet que deux jours plus tard. Pour des montants plus élevés, les clients doivent prendre contact avec l’un de nos bureaux », explique-t-il dans le quotidien flamand.
« Il faut savoir que ces limites de transfert sont érigées pour protéger avant tout le client d’éventuelles fraudes. Chaque banque a ses propres procédures internes », explique à Trends Tendances la porte-parole de Febelfin, Charline Gorez. « Le but n’est vraiment pas de ralentir et de mettre des bâtons dans les roues des clients, commente-t-elle. Les banques mettent les bouchées doubles pour que tout se passe le mieux possible, en augmentant par exemple leurs effectifs pour cette période d’activité plus intense.”
Des retards
Mais même dans ce cas, il peut y avoir des retards. “Pour souscrire au bon d’État, ma banque a dû augmenter ma limite hebdomadaire. Mais par téléphone, cela n’a apparemment pas fonctionné. J’ai dû me rendre à l’agence. Mais, ils n’ont pas pu me donner un rendez-vous tout de suite, parce qu’ils étaient trop occupés. Cela ressemble à un boycott”, se plaint un lecteur cité par Het Nieuwsblad.
Un autre client a également été informé par sa banque qu’il ne pourrait peut-être pas obtenir de rendez-vous cette semaine et qu’il serait donc contraint d’investir moins que ce qu’il avait prévu. Les institutions bancaires doivent en effet respecter la Directive sur les marchés d’instruments financiers (MiFID), une directive européenne qui régit les produits et les services d’investissement. La banque doit obligatoirement prendre rendez-vous avec certains clients pour établir avec eux les meilleurs placements selon leur profil d’investisseur.
Négociations en vue
Dans certaines institutions bancaires, le client qui voudrait souscrire aux bons d’Etat s’en voit même dissuadé et redirigé vers d’autres produits de placements. Des directeurs de banque leur proposent soudainement de meilleures conditions – comme un compte à terme à 1 an au même taux que le bon d’Etat (avec parfois un montant minimum bloqué) – afin de garder au maximum l’argent dans leur giron. Le hic: si le client décide de quand même allouer une partie de son épargne aux bons d’Etat directement via l’Agence Fédérale de la Dette, on lui fait comprendre à demi-mot qu’il ne pourra pas profiter de ce compte à terme. “C’est l’un ou l’autre, mais pas les deux”, laisse entendre l’institution bancaire en question.
“A la tête du client”
Tout cela relève, en réalité, d’une négociation commerciale entre le client et sa banque. Auparavant, les comptes à terme faisaient partie, en toute transparence, de la gamme de produits des banques, avec les taux affichés. Aujourd’hui, ces comptes sont utilisés lors de négociations avec la banque et le taux dépend des avoirs du client, même si les banques ne le reconnaissent pas, peut-on lire comme explication dans L’Echo. “C’est une pratique commerciale, à la tête du client“, confirment les experts que nous avons contactés à ce sujet. Deutsche Bank est la banque la plus transparente dans ce contexte. Les personnes qui souhaitent obtenir le taux de 2,87% net (un peu plus que le bon d’État donc) doivent placer au moins 100.000 euros sur leur compte à terme.
Ce n’est que si l’argent est sur notre compte au 1er septembre que la souscription sera valable
Jean Deboutte directeur à l’Agence de la Dette
Pour ceux qui veulent encore souscrire directement en ligne, Jean Deboutte directeur à l’Agence de la Dette conseille aux citoyens de ne plus trop traîner. “Car ce n’est que si l’argent est sur notre compte au 1er septembre que la souscription sera valable ». Les personnes qui ne se décideront que ce mercredi ou jeudi arriveront trop tard pour profiter du bon d’Etat. Si le virement arrive trop tard, il sera renvoyé et la souscription sera annulée.
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