Vol 1282 d’Alaskan Airlines : ce que l’on sait sur le Boeing 737 Max qui a perdu une porte en plein vol

"Les enquêteurs du National Transportation Safety Board (NTSB) examinent la porte qui s’est détachée du Boeing 737-9 MAX d’Alaska Airlines.

Le vol 1282 d’Alaska Airlines effectuait un vol de routine depuis Portland dans l’Oregon jusqu’à Ontario en Californie lorsque, quelques minutes après le décollage, une porte de cabine inutilisée s’est détachée. De nombreuses questions entourent cet accident survenu sur un Boeing 737 Max 9.

L’enquête sur la perte d’un morceau de carlingue d’un Boeing 737 Max 9 de la compagnie Alaska Airlines reliant Portland dans l’Oregon à Ontario en Californie vendredi dernier est en cours. L’avion a été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence après le détachement du panneau d’une porte en plein vol. La cabine s’est brusquement dépressurisée, provoquant un courant d’air qui a arraché les casques des membres d’équipage et projeté téléphones et autres objets hors de l’avion. Six membres d’équipage et 171 passagers étaient à bord lors de l’incident, dont trois nourrissons et quatre mineurs non accompagnés. Les deux sièges à côté de la porte défaillante étaient vides. Des blessés légers sont à déplorer.  

Le morceau de l’avion de 27 kilos tombé du ciel a été retrouvé dans un jardin de l’Oregon. Connu sous le nom de “porte-bouchon”, le panneau servait à obstruer une porte de sécurité supplémentaire qui est désactivée et masquée lorsque le 737 Max 9 est dans sa configuration minimale de passagers.

L’enquêteur en charge du National Transportation Safety Board (NTSB), John Lovell, examine la zone d’obturation du fuselage du Boeing 737-9 MAX du vol 1282 d’Alaska Airlines. Reuters.

Un avion neuf  

L’avion était neuf, il avait été livré à Alaska Airlines le 31 octobre 2023 et n’aurait effectué qu’environ 100 vols par mois. L’usure normale ou les défaillances de maintenance sont peu susceptibles d’avoir affecté un avion aussi récent, commente le site de la BBC.  

Le Bureau National de la Sécurité des Transports (NTSF), qui enquête sur l’accident, a déjà déclaré ne pas suspecter de défaut de conception. Ce type de porte est utilisé sur les anciens Boeing 737 depuis 2006 et n’a pas connu de problèmes sérieux. Cela signifie que l’attention se porte probablement sur la possibilité d’un défaut de la porte elle-même et sur sa fixation défaillante. Alaska Airlines affirme avoir depuis inspecté d’autres avions du même type et découvert “quelques fixations desserrées“.

La compagnie aérienne United Airlines a signalé, de son côté, avoir trouvé des boulons nécessitant un “resserrement supplémentaire” lors de l’inspection de sa propre flotte de 737 Max 9. Les compagnies Aeromexico, Copa Airlines – qui exploite 21 de ces appareils – et Turkish Airlines qui en détient 5, ont, elles aussi, annoncé avoir cloué leurs avions au sol pour vérifications. L’agence européenne de sécurité aérienne (EASA) a indiqué qu’aucun opérateur en Europe n’utilisait le 737 MAX 9 avec les options techniques concernées.

Pourquoi une porte inutilisée? 

Le 737 Max 9 a été commandé par de nombreuses compagnies aériennes. La façon dont elles utilisent ces avions n’est pas toujours uniformisée, différentes configurations sont possibles, explique le site de la BBC. Le nombre d’issues de secours requises dans l’avion dépend ainsi du nombre de sièges. Avec une cabine moins remplie, l’avion peut fonctionner avec quatre portes principales et quatre sorties plus petites au-dessus des ailes. Mais, s’il est configuré avec le nombre maximum de sièges, deux sorties supplémentaires sont nécessaires, à mi-chemin entre les ailes et la queue de l’avion. En pratique, Boeing équipe tous ses châssis Max 9 de ces portes supplémentaires. Si elles ne sont pas utilisées, une porte non opérationnelle est alors installée, dissimulée derrière un panneau, détaille la BBC.

REUTERS.

Les avions cloués au sol  

Immédiatement après l’accident de vendredi, Alaska Airlines a cloué au sol l’ensemble de sa flotte de 65 avions 737 Max 9. Cependant, le samedi, 18 avions ont été brièvement autorisés à reprendre du service. Ces avions venaient de subir des révisions majeures, notamment des inspections des portes mises en cause. Aucun problème n’avait été trouvé et la compagnie a estimé que ces appareils étaient sûrs. 

La Federal Aviation Administration a ensuite émis une directive interdisant aux avions concernés de voler avant d’avoir subi des contrôles spécifiques. La compagnie Alaska Airlines n’a eu d’autre choix que de clouer une nouvelle fois au sol tous ses avions. 

La boîte noire effacée  

Le National Transportation Safety Board (NSTB) (Conseil national de la sécurité des transports) mène actuellement une enquête complète. Elle implique, entre autres, l’examen de l’avion, de la porte qui s’est détachée, des données de l’enregistreur de vol et des dossiers de maintenance, ainsi que des entretiens avec l’équipage, le personnel de maintenance et les employés de Boeing et de la société Spirit AeroSystems qui a produit la porte. L’objectif de l’enquête est de découvrir ce qui a mal tourné. Elle n’a pas pour but d’attribuer des responsabilités. 

Les enquêteurs sont toutefois confrontés à un autre problème majeur: la boîte noire qui a enregistré ce qu’il s’est passé dans le cockpit lors de l’incident a été « complètement effacée », a fait savoir lundi Jennifer Homendy, chef du Conseil national de la sécurité des transports.

REUTERS.

Une boîte noire garde la trace des conversations dans le cockpit pendant deux heures seulement. Selon la responsable, le régulateur devrait obliger les compagnies aériennes à conserver les enregistrements plus longtemps, comme en Europe. La porte-parole a également fait savoir que l’avion d’Alaska Airlines en question n’avait plus été autorisé à effectuer des vols outre-mer (vers Hawaï, ndlr) au cours du mois dernier parce qu’un voyant s’était allumé à plusieurs reprises, indiquant un possible problème de pression. L’alarme s’est déclenchée les 7 décembre, 3 et 4 janvier. 

L’équipe de maintenance a testé le voyant à chaque fois et a effectué une réinitialisation. Des travaux de maintenance supplémentaires étaient prévus, mais ils n’ont pas encore été réalisés. « Nous ne savons pas s’il y a un lien avec ce qui s’est passé vendredi », a souligné Jennifer Homendy. « Mais par mesure de précaution, Alaska Airlines a décidé de ne pas faire voler l’avion au-dessus de la mer, afin qu’il puisse atterrir rapidement en cas d’urgence. »  

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De graves défaillances par le passé  

La porte a été produite par le fournisseur de Boeing, Spirit AeroSystems, un sous-traitant majeur de l’industrie aéronautique américaine qui produit fuselages, ailes, nacelles… Le fournisseur est crucial pour Boeing car il produit les éléments essentiels des Boeing 737 et 787. L’entreprise a été mise en cause ces derniers mois pour des problèmes de qualité. Cet été, pour des trous de fixation mal percés sur des cloisons, et un peu plus tôt en 2023, sur deux raccords qui relient l’arrière du fuselage à l’empennage. Ces découvertes ont nécessité de longues et coûteuses inspections.

La réputation de Boeing en matière de sécurité a déjà été sérieusement entachée par deux accidents survenus fin 2018 et début 2019, au cours desquels 346 personnes avaient perdu la vie. Ce qui avait entraîné l’immobilisation au sol du 737 MAX durant 20 mois et l’imposition de changements dans le système de contrôle en vol.  

Le 737 Max de Boeing est l’avion le plus vendu de l’entreprise aéronautique. Il est très apprécié des compagnies aériennes pour ses faibles coûts d’exploitation et son efficacité énergétique. Ce nouvel accident pourrait porter un nouveau coup dur à la réputation de l’entreprise américaine, qui insiste sur le fait que la sécurité est “sa priorité absolue”. Dans la foulée de ces évènements, l‘action Boeing a chuté à la Bourse de New York lundi à l’ouverture, tout comme le titre de l’équipementier Spirit AeroSystems.  

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