Mel de Vogue (Etex) est le nouveau CFO of the Year

Mel de Vogue
Mel de Vogue
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Français d’origine, Mel de Vogue, a passé la plus grande partie de sa carrière à l’international. Chez Etex, il apprécie « cette culture d’entreprise unique mêlant agilité, performance et valeurs humaines ». Il vient d’être élu CFO of the Year, un titre qui récompense le directeur financier d’une entreprise belge qui a réalisé une performance exceptionnelle au cours de l’année écoulée.

Après un service militaire comme officier de marine, Mel de Vogue intègre en 1987 la banque d’affaires Lazard, dans laquelle il évolue pendant cinq ans, puis rejoint le groupe Lyonnaise des Eaux Suez où il reste durant 12 ans. Il y occupe essentiellement des fonctions de direction financière au Royaume-Uni et aux Etats-Unis avant de rejoindre le groupe papetier Arjowiggins dont il devient le CFO.

Passé ensuite chez Tessenderlo en tant que co-CEO et CFO, Mel de Vogue est alors approché par un chasseur de tête estimant qu’il pourrait être attiré par les valeurs de l’entreprise familiale Etex. Bien vu : le candidat se dit « immédiatement séduit par cette combinaison de valeurs familiales et de performances » et saute le pas. Exemples des valeurs d’Etex ? Dès le début de la pandémie en 2020, le comité de direction et un grand nombre de cadres ont abandonné 20 % leur rémunération fixe, sans contrepartie, pour pouvoir aider les employés et ouvriers des usines du groupe arrêtées en raison du covid dans les pays où n’existent ni système de chômage temporaire ni chômage technique. Fin 2020, l’agilité de ses équipes ayant généré des résultats meilleurs qu’attendus, Etex a en outre décidé d’octroyer à chaque employé une prime équivalant à 500 euros en pouvoir d’achat afin de récompenser les efforts réalisés par les équipes dans le monde entier. 

Redéploiement

Lorsqu’il arrive en 2015, Mel de Vogue rejoint un groupe en pleine réflexion. « Le CEO de l’époque, Paul Van Oyen, avait eu très tôt l’intuition que la durabilité devait être au cœur de la stratégie et qu’il fallait la traduire par la sortie d’un certain nombre d’activités et l’ajout d’autres. » Etex se sépare ainsi de ses activités « céramique » en Amérique latine puis de ses activités de fabrication de tuiles, et se renforce dans le plâtre (en Espagne en 2017 puis en Australie en 2021). Surtout, en 2022, le groupe acquiert URSA, le spécialiste espagnol des matériaux d’isolation. Dans ces opérations, le département finance, qui compte près de 600 personnes, est évidemment au cœur du processus.

Avant de pouvoir réaliser le saut quantique que représente l’acquisition d’URSA, nous avions réduit notre endettement, passé de près d’un milliard en 2014 à près de zéro fin 2021.

Mel de Vogue

La stratégie se révèle porteuse. Etex affiche ces dernières années de solides performances ; avec un chiffres d’affaires qui avoisine désormais les 4 milliards d’euros (+28% en cinq ans) et une rentabilité des capitaux investis, passée de 10,2 à 15,5%.

« Ces performances correspondent à un plan de route que nous nous étions fixé lors d’un séminaire de direction à Madrid en 2017, explique Mel de Vogue. Un des objectifs clés était le désendettement. Car avant de pouvoir réaliser le saut quantique que représente l’acquisition d’URSA, nous avions réduit l’endettement, passé de près d’un milliard en 2014 à près de zéro fin 2021. »

Parallèlement à ce plan de route, Mel de Vogue internationalise et féminise son département. Sur les 12 directeurs que compte ce dernier, cinq sont désormais étrangers, et trois sont des femmes. « Ce n’est pas encore suffisant, mais il n’y en avait aucune lorsque je suis arrivé », dit-il. Sur près de 600 coéquipiers d’Etex travaillant en finance à travers le monde, 60% sont des femmes.

Durabilité

Le CFO œuvre également pour inscrire la durabilité au cœur de son activité. Au début de l’année dernière, Etex a défini son plan de route en la matière. Et la finance y joue un rôle essentiel. « Deux membres de l’équipe finance travaillent sur l’harmonisation des données afin de s’assurer qu’elles soient cohérentes et de qualité. Car comme vous le savez, à partir de 2026, toutes les données de durabilité seront vérifiées par un auditeur indépendant », rappelle le CFO d’Etex.

La durabilité est aussi au cœur du rapport annuel combiné, publié voici quelques jours. « Et elle fait partie intégrante du processus financier : nous avons mis en place en 2019 un des premiers prêts syndiqués dont le niveau de rémunération est lié à la réalisation de nos objectifs en matière de durabilité. De plus, en 2022, pour financer l’acquisition d’URSA, nous avons émis un Schuldschein (instrument de crédit de droit allemand, Ndlr) de 800 millions d’euros qui intègre tous nos objectifs en matière de durabilité ».

Une opération qui, en raison de son importance, de son calendrier (juste avant la remontée des taux), de ses conditions et de son caractère ESG, a déjà remporté deux awards, l’un belge, et l’autre international (celui de « best international Schuldschein of the year 2022 »).

Mais un des aspects dont on parle peu et qui se révèle pourtant très important, c’est la durabilité fiscale, ajoute encore Mel de Vogue. « Notre rapport annuel intègre depuis plusieurs années une description précise de ce que nous faisons ou pas en matière d’impôt afin de montrer que nous adoptons une approche prudente et éthique en cette matière », précise-t-il.

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