Steven Vanackere (BNB) : « Des familles pourraient ne plus trouver à s’assurer »

Steven Vanackere. © belgaimage
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

En présentant le rapport sur la stabilité financière, le vice-gouverneur de la Banque nationale, Steven Vanackere, a pointé du doigt un problème délicat auquel les assureurs doivent faire face : l’absence d’une législation claire pour continuer à assurer les désastres naturels.

Afin de pouvoir continuer à assurer les risques liés aux  catastrophes naturelles, des mécanismes  spécifiques avaient été mis en place par le passé. En gros, on avait, pour limiter le risque pris par les assureurs, instauré un plafond, par assureur et par catastrophe, au-delà duquel le fonds des calamités était censé intervenir. Un fonds dont la compétence est désormais transférée aux Régions.

Cependant, lors des grandes inondations de 2021, en accord avec les Régions et les assureurs,  ce plafond d’intervention avait été doublé et porté à environ 600 millions d’euros. Les assureurs, et donc aussi leurs réassureurs, avaient supporté une part plus grande des sinistres parce que l’événement avait été exceptionnel.

Mais près de deux ans après les inondations, il n’existe toujours pas de cadre légal déterminant désormais sans ambigüité comment dans le futur le coût de telles catastrophes sera réparti entre le public et le privé, autrement dit, entre les Régions et les assureurs.

« Une révision des mécanismes de couverture des catastrophes naturelles est urgente, souligne le vice-gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB), Steven Vanackere. Si cette révision n’intervient pas rapidement, il y a un problème, et je suis vraiment sérieux. »

Le marché risque de s’assécher

Quel est le problème ? Que les réassureurs, face à l’incertitude, refusent désormais de couvrir le risque de catastrophes naturelles en Belgique ou demandent des primes faramineuses pour cela. En effet, pour faire face à un risque anormal (parce qu’il survient tout à coup plusieurs fois ou parce que le montant à rembourser est anormalement élevé), les assureurs s’assurent eux-mêmes auprès de « réassureurs ». Mais si les réassureurs se retirent, la pyramide de couvertures risque de s’écrouler. « Le marché risque simplement de s’assécher, explique Steven Vanackere. Si les assureurs constatent que le marché de la réassurance se ferme, ils vont simplement se retirer. Et je crains que cela nous amène à des situations où des familles ne seraient pas protégées, parce qu’elles seraient incapables de trouver une assurance ». C’est donc un problème urgent à régler, « à moins de vouloir nationaliser le secteur et obliger les compagnies d’assurance à assurer (ce risque) », ajoute-t-il. Et Steven Vanackere enfonce le clou : « Je parle ici au nom du comité de direction de la Banque nationale. Nous trouvons qu’il y a vraiment une urgence. Une telle législation doit venir ».

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