L’incroyable story boursière de Nvidia 

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Pesant désormais près de 2.000 milliards de dollars en Bourse, le géant américain des puces s’est hissé en quelques années à peine parmi les entreprises les plus puissantes de la planète, juste derrière Apple et Microsoft, mais devant Amazon et Alphabet.

Mais où s’arrêtera Nvidia ? Un chiffre d’affaires qui a doublé en l’espace d’un an, des bénéfices nets qui ont été multipliés par sept sur la même période, une action dont le cours a bondi de plus de 70 % depuis le début de l’année : le géant américain des puces n’en finit plus d’aligner les chiffres stratosphériques.

Du jamais vu !

Inconnue du grand public il y a encore trois ans, la société basée à Santa Clara, en Californie, a publié mercredi soir des chiffres une nouvelle fois supérieurs aux prévisions du marché et à ses propres attentes, confirmant, trimestre après trimestre, son statut de nouvelle star de Wall Street. Rien que sur la journée de cotation de mercredi, Nvidia a ajouté environ 250 milliards de dollars à sa capitalisation boursière. “Du jamais vu !”, souligne Rudy De Groodt, analyste chez BNP Paribas Fortis qui ajoute : “Le record du plus gros gain réalisé en une seule journée de l’histoire d’une société cotée à la Bourse américaine qui était détenu jusqu’ici par Meta est battu”.

Valant aujourd’hui plus de 2.000 milliards de dollars, l’entreprise fait désormais partie du peloton de tête des plus importantes capitalisations boursières au monde : derrière Apple et Microsoft mais devant Amazon et Alphabet. Avec Tesla, elle est bien sûr aussi solidement installée dans le club des Magnificent Seven” (en français, les “Sept Magnifiques”) formé par les géants américains de la tech (Google, Amazon, Microsoft, Meta, Apple) auxquels s’ajoutent ses processeurs et les voitures électriques d’Elon Musk.

Des jeux vidéo à l’IA

Fondée en 1993 par le Taïwanais Jensen Huang, Nvidia doit cette ascension irrésistible à l’explosion de l’intelligence artificielle et du cloud. Historiquement liées à l’essor des jeux vidéo, ses puces graphiques (GPU, pour Graphics Processing Unit) ont permis d’améliorer le réalisme visuel au fil des ans. Des puces dont la puissance de calcul se révèle aujourd’hui cruciale pour faire tourner les logiciels d’IA. “Le lancement ChatGPT, en novembre 2022, a déclenché une nouvelle accélération de la transformation numérique de l’économie dans son ensemble qui est encore plus importante que celle déclenchée pendant la crise du covid, explique Rudy De Groodt. La demande en IA générative explose dans le monde entier, dans tous les secteurs d’activité, dans toutes les entreprises. Et l’explosion est telle que la demande est supérieure à l’offre la demande.” Une demande qui concerne aussi l’essor considérable du cloud et des data centers dont les géants comme Microsoft (Azure), Amazon Web Services, Meta ou encore Alphabet (Google) sont les premiers clients des GPU de Nvidia. 

Quasi-monopole

Mais ce qui explique surtout cette incroyable story boursière, c’est la position dominante qu’occupe Nvidia sur le marché des puces dédiées à l’IA, loin devant ses concurrents AMD et Intel. Une position quasi monopolistique de l’entreprise au logo en forme de caméléon qui lui offre un solide pouvoir de fixation des prix. “Ces puces sont des merveilles technologiques qui valent entre 30.000 et 40.000 dollars la pièce”, dit Rudy De Groodt, enthousiasmé par les performances de l’entreprise californienne : “Il est intéressant de remarquer non seulement Nvidia a fait mieux que le consensus du marché sur le dernier trimestre mais elle a aussi été capable de faire mieux que les estimations les plus hautes du marché.” 

Et puis, ajoute Rudy De Groodt, “l’entreprise rassure sur ses perspectives à venir avec une croissance attendue pour 2024 et 2025 qui devrait se maintenir. La demande devrait rester très forte, malgré des délais de livraison qui s’améliorent. Par ailleurs, elle s’appuie sur le développement d’une nouvelle gamme de puces moins avancées et donc non visées par l’interdiction de vendre ses produits les plus performants sur le marché chinois édictée par le gouvernement américain”, note Rudy De Groodt, loin de s’inquiéter de la frénésie boursière autour de l’action et de l’engouement autour de l’IA. Au contraire, dit-il, “la vague de l’IA est là pour durer. Nvidia reste le leader absolu pendant plusieurs années encore, malgré les investissements des autres fabricants de puces tels que AMD pour rattraper leur retard. L’entreprise travaille déjà à une nouvelle génération de puces. Il n’est d’ailleurs pas impossible que l’entreprise franchisse un jour la barre des 3.000 milliards et dépasse ainsi Apple ou Microsoft en termes de capitalisation boursière”, estime l’expert de BNP Paribas Fortis.

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