La reprise quand on crée sa boîte en 2020: les start-up dans les starting-blocks

Geoffroy Uyttenhove, CEO de Syndic4You - L'entrepreneur prévoit de doubler ses équipes d'ici avril. © alexis haulot
Gilles Quoistiaux Journaliste Trends-Tendances

Ces entrepreneuses et entrepreneurs ont lancé leur boîte en pleine crise sanitaire ou ont réorienté leur jeune business pour s’adapter à une situation inédite. Ils s’apprêtent aujourd’hui à basculer vers une nouvelle réalité économique, celle de la reprise.

La rédaction de Trends-Tendances consacre son numéro de la semaine à la reprise.

Découvrez ici l’entiereté du dossier:

Piloter une start-up demande de bonnes capacités d’adaptation. C’est ce que les dirigeants de jeunes pousses aiment appeler “l’agilité”. Et l’agilité, Geoffroy Uyttenhove n’en manque pas. Lorsqu’il lance sa start-up en janvier 2020, il est loin d’imaginer qu’une pandémie mondiale va bousculer à plusieurs reprises son idée de départ.

Avec Syndic4You, Geoffroy Uyttenhove ambitionne de créer une plateforme en ligne permettant aux syndics non professionnels de gérer leur copropriété. Son plan est de contacter les petits immeubles à appartements qui confient la gestion de la copropriété à un des propriétaires. La Belgique compte 10.000 immeubles de ce type. Pour l’entrepreneur, le moment idéal pour les contacter se situe juste avant la période phare des assemblées générales de copropriétaires, soit entre avril et juin. En mars dernier, il doit cependant revoir ses plans. Pandémie oblige, toutes les assemblées générales de copropriétaires sont en effet suspendues sine die par arrêté royal. Le travail de prospection de clients tombe à l’eau.

Nous finalisons actuellement les partenariats avec les écoles, les cercles d’affaires, les espaces de coworking, etc.”

Elise Cogels, fondatrice de Meetern

Syndic4You décide alors de s’associer avec l’assureur Axa, qui propose désormais les services de la start-up dans son package d’assurance habitation. Parallèlement, Geoffroy Uyttenhove apprend que le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne prépare une réglementation qui autoriserait la tenue d’assemblées générales à distance. Syndic4You saisit la balle au bond: “Nous avons créé très rapidement un produit permettant d’organiser des assemblées générales virtuelles, avec système de vidéo- conférence et modules de vote. Le lendemain du vote de la loi, notre offre était sur le marché”, souligne le CEO. Le succès est rapidement au rendez-vous: “En cinq semaines de commercialisation de ce nouveau produit, nous avons égalé le chiffre d’affaires de la société depuis sa création”, se réjouit Geoffroy Uyttenhove. Cet outil inédit et non prévu au départ sert désormais de produit d’appel pour la jeune pousse, qui s’en sert pour convertir les copropriétés à sa plateforme de gestion, son offre de base.

La start-up se positionne pour la reprise qui se profile. Les mois d’avril à juin 2021 promettent d’être particulièrement intenses. Outre les assemblées générales habituellement prévues à cette période, toutes celles qui ont été annulées l’année dernière devraient être organisées dans les prochains mois. Geoffroy Uyttenhove et ses équipes se préparent à fournir de gros efforts commerciaux. Avec une nouvelle donne intéressante héritée du confinement: les méthodes de vente se sont déplacées vers les supports en ligne. “Avant la crise, nous devions systématiquement nous déplacer et passer beaucoup de temps dans des réunions avec les copropriétaires pour les convaincre de l’intérêt de notre solution. On n’aurait jamais imaginé signer des contrats par vidéoconférence. Aujourd’hui, c’est quelque chose de commun. Et ça permet un gain de temps considérable.” Pour encaisser un boom attendu de ses activités avec la reprise, le CEO recrute actuellement des commerciaux et des collaborateurs chargés du support et de l’accompagnement des clients. L’entrepreneur prévoit de doubler ses équipes, pour arriver à 16 personnes d’ici le mois d’avril.

Elise Cogels, fondatrice de Meetern
Elise Cogels, fondatrice de Meetern© pg

Recruter en prévision de la reprise

D’autres start-up que nous avons contactées commencent également à engager, pour être prêts au moment de la reprise. C’est le cas chez SpaceID, qui compte doubler ses effectifs (six collaborateurs aujourd’hui) d’ici la fin de l’année. SpaceID est une jeune entreprise spécialisée dans l’aménagement des espaces de travail. Elle fait des audits et conseille les sociétés sur l’optimisation de l’occupation de leurs surfaces de bureaux. La crise sanitaire et la désertion des bureaux ont entraîné un gros coup d’arrêt au développement de la start-up liégeoise. “Vu l’incertitude sur le retour de leurs employés au bureau, les entreprises n’osent plus prendre de décision sur l’aménagement des espaces”, explique Jean-Baptiste Jacquemin, cofondateur et CEO de SpaceID.

La start-up s’est rapidement adaptée à la situation. Elle propose désormais à ses clients des analyses complètes de la stratégie mise en place en matière de télétravail, que ce soit en termes de formation des managers, d’ergonomie des postes de travail à domicile, de communication avec les équipes… Ce nouveau service constitue aujourd’hui la majeure partie de l’activité de SpaceID. Mais la jeune pousse sent que les entreprises se préparent à un retour à une nouvelle “normalité”. “Les collaborateurs atteignent une certaine saturation avec le télétravail généralisé. Les entreprises commencent à examiner les options pour combiner télétravail et travail au bureau, parfois dans des espaces plus restreints qu’auparavant”, indique Jean-Baptiste Jacquemin. Ces plans de retour au bureau devraient bien occuper la start-up dans les prochains mois, raison pour laquelle elle intensifie actuellement son processus de recrutement.

L’horizon se dégage

La reprise occupe l’esprit des entrepreneurs. Pour Elise Cogels, l’horizon est fixé à la prochaine rentrée scolaire. L’entrepreneuse a créé des événements de mise en relation entre les sociétés et les stagiaires actifs dans les métiers de la communication et du marketing digital. La crise a mis fin brutalement à ces activités, mais Elise Cogels s’est immédiatement retournée en lançant une plateforme de matchmaking dédiée aux stages. Après un premier essai en solo, elle développe désormais sa plateforme Meetern avec deux associés. “Nous finalisons actuellement les partenariats avec les écoles, les cercles d’affaires, les espaces de coworking, etc.”, précise Elise Cogels. La plateforme en ligne, gratuite, servira de plateforme d’échange, en complément des événements physiques que l’entrepreneuse espère pouvoir relancer dès la rentrée de septembre, si les conditions sanitaires le permettent.

Très touché, le secteur de l’événementiel ronge son frein en attendant les mesures d’assouplissement qui permettront la reprise. Chez Konligo, on garde le contact avec les clients potentiels. Et on espère une relance d’événements de petite envergure d’ici le printemps ou l’été. Konligo développe des structures dépliables pour abriter des événements en plein air ou pour servir de stand dans des foires et salons. Ces tentes durables, produites localement, peuvent être installées très rapidement et sont réutilisables.

Le CEO de Konlingo mise dans un premier temps sur des événements pour un nombre limité de personnes, en extérieur. “Les centres culturels ou les théâtres pourraient être amenés à créer des spectacles en très peu de temps. Notre solution répond à cette exigence de rapidité et de flexibilité. Je suis optimiste”, avance Aushim Koumar, fondateur et patron de Konligo. L’entrepreneur espère néanmoins que les événements professionnels, qui font l’essentiel de sa marge bénéficiaire, pourront bientôt revoir le jour. Il table sur la rentrée de septembre et les fêtes de fin d’année pour reprendre la route de la croissance.

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