Assemblée de NewB reportée : comment en est-on arrivé là?
Nouveau coup de théâtre pour NewB. A quelques heures de son Assemblée générale de ce samedi 26 novembre où les coopérateurs devaient décider de l’avenir de la banque citoyenne, cette dernière a été suspendue. Que va-t-il maintenant se passer ?
La semaine dernière, des coopérateurs de NewB ont obtenu en justice la nomination d’un administrateur provisoire à la tête de la banque, ainsi que la suspension de l’assemblée générale prévue normalement ce samedi, après l’annonce “in extremis” d’un accord de rapprochement entre NewB et VDK, une banque coopérative flamande.
De l’opinion du Comité de direction, “nos projets représentent, après l’échec de l’augmentation de capital, une excellente opportunité d’évolution pour les activités de NewB, qui garantirait à la fois les droits des clients et déposants et les intérêts des coopérateurs“, avance la société. “Il est dès lors indispensable, selon l’administrateur judiciaire, que NewB puisse décider au plus vite de son avenir, et que les coopérateurs puissent se prononcer dans les plus brefs délais sur cet avenir en général et sur l’opportunité de cette opération avec vdk bank en particulier”, poursuit-elle.
La nouvelle date envisagée pour cette AG est le samedi 17 décembre. Les convocations seront envoyées dans les prochains jours. L’administrateur judiciaire y fera rapport sur les mérites du projet de rapprochement avec VDK. Dans l’intervalle, l’administrateur judiciaire et le Comité de direction organiseront des séances d’information destinées à informer les coopérateurs “en toute transparence”.
Comment en est-on arrivé là ?
La semaine dernière, à quelques jours de son Assemblée générale, NewB annonçait un accord avec la banque vdk, une institution bancaire en ligne avec ses valeurs éthiques. Son CEO Thierry Smets qualifiait cet accord de “la meilleure chose qui pouvait arriver à NewB”, dans une interview à Trends Tendances.
La vraie démocratie serait de donner le choix aux gens de se faire rembourser ou de rester coopérateurs.
Pierre Hermant, le CEO, de Finance & Invest Brussels
Cependant, des acteurs institutionnels qui ont investi dans la banque durable se sont exprimés contre cet accord. C’était le cas notamment de Pierre Hermant, le CEO, de Finance & Invest Brussels, qui se montrait très dubitatif sur la validité de cette AG. “La vraie démocratie serait de donner le choix aux gens de se faire rembourser ou de rester coopérateurs. Il est clair que je vote contre, si ce n’est pas le cas“, affirme-t-il dans La Libre. Finance&Invest Brussels a investi 400 000 euros dans NewB.
Dans La Libre, l’ex-banquier et juriste Yves Delacollette s’interrogeait aussi la semaine dernière sur la validité de l’AG du 26 novembre, entretemps annulée à la dernière minute. Au lendemain de l’annonce de l’accord de partenariat entre la coopérative et vdk bank, petite banque gantoise proche du mouvement ouvrier chrétien, il déclare au quotidien francophone : “Au départ, l’assemblée devait statuer sur la poursuite ou non des activités de la coopérative (qui a perdu sa licence bancaire il y a quelques semaines, NdlR). L’accord avec vdk bank apporte une autre dimension au projet. Pourquoi ne reporte-t-on pas l’assemblée ? Il est indécent de la maintenir et d’en modifier les résolutions 72 heures avant la date prévue”.
15 millions d’euros de fonds propres
Il fait valoir notamment que les 15 millions d’euros de fonds propres restants sont largement au-dessus du capital nécessaire pour le projet proposé. “À terme, ils veulent ouvrir une agence en Wallonie qui emploiera 5 commerciaux. Il faut proposer de rembourser tous ceux qui veulent récupérer leur argent. Et on voit ce qui reste dans les caisses. Au besoin, on reporte l’AG. On ne peut pas se prononcer avec une telle asymétrie de l’information. Cela va desservir la cause coopérative”, insiste-t-il dans le quotidien francophone.
Il reste en effet encore de nombreuses questions sur les détails financiers de l’accord avec VDK.
À l’ordre du jour du gouvernement wallon
NewB était également un des points à l’ordre du jour du gouvernement wallon jeudi dernier. Officiellement, ce dernier a mandaté W.Alter, l’outil public de financement des entreprises sociales et coopératives, pour le représenter à l’AG. Le gouvernement wallon a investi 400 000 euros via la SRIW. La question est de savoir s’il voudra rester indirectement associé à une banque flamande, s’interroge La Libre.
La question se pose aussi pour les universités francophones (ULB et UCLouvain) qui ont également investi dans NewB et se pose de nombreuses questions sur la voie que la banque compte prendre.
De façon plus générale, Yves Delacollette se montre très critique dans La Libre sur la gouvernance au sein de NewB. Et de rappeler que lors de la dernière AG, le conseil d’administration “était passé outre le vote négatif sur le budget alors que c’est bien stipulé que la décision doit être prise en AG”. Il s’étonne aussi que les administrateurs se soient retranchés derrière le RGPD pour ne pas faire toute la transparence sur les coûts de la direction. “Est-ce que c’est ça qu’il faut faire pour une banque éthique ?” s’interroge-t-il.
Est-ce que c’est ça qu’il faut faire pour une banque éthique ?”
L’ex-banquier et juriste Yves Delacollette
Le partenariat avec vdk bank reste actuellement clairement la piste privilégiée par la direction. “De l’opinion du comité de direction, ces projets représentent, après l’échec de l’augmentation de capital, une excellente opportunité d’évolution pour les activités de NewB, qui garantirait à la fois les droits des client·e·s et déposant·e·s et les intérêts des coopérateurs·trices”, souligne le communiqué envoyé par les représentants de NewB.
La suite de la saga NewB se jouera dans les prochaines semaines.