Telenet bientôt américaine ?
Après une semaine de suspens, le mystère n’est plus. On sait pourquoi le cours de Telenet a été suspendu. Ancien fleuron flamand, l’entreprise est depuis hier la cible d’une OPA de Liberty Global et risque bien de sortir de bourse.
Cela fait presque une semaine que l’action de Telenet est suspendue suite à des mouvements suspects et vu grimper son titre de 10%. Depuis hier, mardi 21 mars, on sait que l’entreprise est la cible d’une OPA. Ils semblent donc que certains aient eu vent des opérations à venir…
Liberty Global, l’actionnaire majoritaire de Telenet
Derrière l’OPA, on retrouve John Malone, le patron du câblo-opérateur américain Liberty Global, soit l’actionnaire majoritaire de Telenet. Il détient déjà 59% des parts de l’entreprise, mais souhaite désormais posséder la totalité de l’entreprise. Et pour y parvenir, l’entreprise américaine a proposé mardi un prix de 22 euros par action. C’est 43% en plus que le prix affiché à la clôture soit jeudi dernier 10 heures.
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Pourtant à 22 euros la cote de l’action Telenet reste cependant fort basse, puisqu’entre 2012 et 2022 elle cotait habituellement à 30 euros. Ceux qui ont acheté des actions Telenet au cours de la dernière décennie risquent de subir une perte de 40 à 60 % s’ils vendent à ce prix-là. Ce qui fait dire à certains que ce n’est rien d’autre qu’un hold-up. Sauf que le déclin a commencé il y a un an. À cause d’une stagnation des résultats, d’un retard sur le haut débit et surtout la réduction des dividendes de deux tiers. L’ouverture au marché national à un quatrième acteur et les retards de la coopération avec Fluvius pour la fibre optique auront fini de plomber l’entreprise et décourager les investisseurs.
Attendu un moment de faiblesse pour sortir du bois
L’actionnaire principal a donc attendu ce moment de faiblesse pour sortir du bois. Il n’en est pas à sa première tentative puisqu’il avait déjà tenté le coup il y a 10 ans, mais cela s’était soldé par un cuisant échec. En 2012, il a voulu racheter Telenet pour 35 euros par action, mais les actionnaires n’avaient pas suivi. L’offre à 22 euros, bien que nettement plus faible, risque pourtant d’avoir ces chances puisqu’il est probable qu’ils seront nombreux parmi les actionnaires à se laisser tenter.
Cela peut prendre des mois
Quoi qu’il en soit le processus de finalisation de rachat ne va pas se faire en un jour. Il prendra, s’il aboutit, plusieurs mois (probablement quatre). L’offre doit en effet encore être évaluée par un expert indépendant et validée par régulateur. Ce n’est qu’ensuite que s’ouvre la période dite d’acceptation pendant laquelle les actionnaires peuvent revendre leurs titres.
L’opération ne sera validée que si Liberty Global obtient une participation dans Telenet à 95 %, soit suffisamment pour pouvoir retirer l’opérateur de la bourse. En ne dépendant plus de celle-ci, il sera plus libre d’affronter les investissements massifs et sur le long terme que requièrent les changements technologiques qui s’annoncent. Par exemple adapter le réseau à la fibre optique, la 5G ou encore le renouvellement des équipements. L’investissement total encore à faire se compte en milliards d’euros. Rien que pour la fibre optique, Telenet doit ainsi investir 2 milliards d’euros si elle veut fournir 78% des foyers flamands, précise L’Echo. Se retirer de la bourse offre aussi un autre avantage qui est de ne plus devoir publier ses résultats. D’autres opérateurs ont d’ailleurs eux aussi franchi le cap, notamment en France.
Cela ne devrait pas avoir d’impact sur la stratégie
Telenet annonce que si elle quitte la bourse, cela n’aura qu’un faible impact sur sa stratégie et sur son organisation. Cela ne devrait pas non plus impacter les conditions de travail des employés, si ce n’est augmenter les capacités de mobilité vers l’international. Cela ne devrait pas non plus modifier les velléités de la compagnie envers la Wallonie pour conquérir de nouveaux marchés.
La pilule sera par contre nettement plus amère pour ceux qui voyaient l’entreprise comme un des fleurons de la Flandre. L’entreprise a en effet longtemps été un symbole de l’autonomie flamande et imaginée comme un concurrent flamand de Belgacom, aujourd’hui Proximus. Mais plus de 25 ans après sa création sous l’impulsion du gouvernement flamand, l’offre menace de reléguer Telenet au simple rang de filiale de l’américain Liberty Global. Et de faire disparaître de la Bourse de Bruxelles, l’un joyau flamands après 18 ans de cotation. En attendant, la cotation a repris ce mardi à 15h30 et l’action s’est envolée de près de 40% pour terminer à 21,06 euros.
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