Combien de carrières devez-vous faire pour gagner autant que ce que votre chef gagne en un an ?
Selon un nouveau rapport, un employé américain doit faire l’équivalent de cinq carrières pour gagner ce que son patron obtient en une année. En Belgique, le rapport est de près de deux carrières. Le recours à l’intelligence artificielle pourrait davantage creuser l’écart salarial.
Cinq carrières. C’est le nombre de fois qu’un employé américain doit travailler pour gagner le salaire annuel de son chef. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude de l’AFL-CIO (Fédération américaine du travail et congrès d’organisations industrielles, une fédération de syndicats), publiée ce jeudi.
Concrètement, le patron d’une entreprise cotée en bourse et faisant partie de l’indice S&P 500 a été rémunéré, en moyenne, à hauteur de 16,7 millions de dollars en 2022 (salaire, bonus, stock-options et autres formes de compensation comprises). Le chiffre est en baisse par rapport à l’année précédente, lorsqu’il affichait 18,3 millions de dollars. C’est une moyenne : certains gagent plus (comme le CEO de Blackstone Stephen Schwarzman avec 253 millions de dollars, et Sundar Pichai de Google avec 226 millions de dollars), d’autres moins. Auprès des entreprises non cotées ou des plus petites entreprises, la paye des cadres est généralement moins élevée aussi.
L’employé américain moyen gagne quant à lui 75.200 dollars. Pour atteindre la somme que gagnent les patrons, il devrait travailler cinq fois 45 ans (soit la durée moyenne d’une carrière).
Et en Belgique ?
En Belgique, ce ratio est moins élevé. En 2021, les patrons des entreprises cotées au BEL 20 avaient gagné en moyenne trois millions d’euros. La rémunération la plus élevée était celle de Michel Doukeris d’AB Inbev, avec 8,37 millions d’euros. Le salaire médian (brut) était de 3.300 euros par mois en 2022. Ainsi, les employés belges doivent travailler pendant 75 ans pour atteindre la somme que gagnent les patrons du BEL 20 en un an, ou une carrière et deux tiers.
L’IA pourrait creuser la différence de salaire
“Cette révolution de l’IA a le potentiel de libérer une plus grande productivité et de créer une prospérité généralisée, mais elle a aussi le pouvoir de provoquer des pertes d’emplois généralisées et des inégalités de revenus dramatiques si les PDG et les entreprises les plus riches ont le dernier mot”, note le rapport.
Il cite les grèves des auteurs de Hollywood comme exemple. L’industrie du cinéma et de la télévision pourrait se passer des auteurs humains et faire écrire les scénarios à des bots d’intelligence artificielle. Les auteurs veulent des règles pour encadrer l’utilisation des bots et pour protéger leurs droits d’auteur (les bots font souvent du plagiat des œuvres faites par ces auteurs).
En résumé, l’IA a le potentiel de remplacer des travailleurs qui font des tâches répétitives, ou même créatives, comme celles de ces auteurs. Cela diminuerait les coûts et augmenteraient les marges pour les entreprises. Les compensations des CEO, souvent corrélées aux performances des sociétés, pourraient donc augmenter.
Mais cette vision est peut-être un peu simple et déterministe. Le contenu créé par IA doit encore faire ses preuves, et il n’est pas sûr que les bots soient, ou pourraient un jour être, à la hauteur des grands scénaristes de ce monde. Ou qu’ils puissent vraiment mieux faire le travail des codeurs, des services clients ou autres. Un mauvais produit ou un mauvais service ne va pas satisfaire les clients, et cela se traduit par des pertes pour les entreprises.
Mais une chose est sûre, l’IA pourrait transformer le monde du travail et la société en général, comme internet à l’époque.
Les Immanquables
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