Fin du compteur qui tourne à l’envers: ne traînez plus pour installer vos panneaux photovoltaïques

Panneaux solaires
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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Si vous installez des panneaux photovoltaïques après le 1er janvier 2024, votre compteur ne tournera plus à l’envers. La fin d’un système de compensation qui marque le début d’une nouvelle méthode de tarification. Sera-t-il toujours rentable d’investir dans les panneaux solaires?

La Wallonie est la seule Région où les prosumers peuvent encore bénéficier du compteur qui tourne à l’envers. Ainsi, lorsque la production d’électricité dépasse la consommation, l’électricité excédentaire repart sur le réseau électrique (injection). Le compteur tourne donc à l’envers (vers la gauche) et décrémente. Ce système permet aux propriétaires de panneaux photovoltaïques de déduire de leur consommation annuelle toute l’énergie qu’ils auront injectée sur le réseau.

Un avantage non négligeable, surtout si on a pris l’habitude de consommer aux heures les moins chères (en soirée). Si après un an, l’index sur votre compteur est revenu à la même valeur que l’année précédente – votre consommation est alors égale à votre production – vous ne payerez pas de facture d’électricité. Un avantage pourtant voué à disparaître: dès janvier 2024, toute nouvelle installation ne permettra plus de profiter du système de compteur qui tourne à l’envers.

Qu’est-ce qu’un prosumer?

Un prosumer est à la fois producteur et consommateur d’électricité, et dispose d’une installation de production d’électricité comme des panneaux photovoltaïques.

Pas trop tard pour bénéficier d’une compensation

La fin d’un atout financier? Pas pour tous… Les installations photovoltaïques des Wallons pourront encore profiter du compteur qui tourne à l’envers jusqu’en 2030, à une seule condition: acquérir ses panneaux solaires avant la date butoir du 31 décembre 2023.

Ce système restera d’application pendant les six prochaines années, tant pour un compteur ordinaire que pour un compteur intelligent, désormais appelé compteur communicant. Vous serez dans tous les cas soumis aux tarifs du réseau via le tarif prosumer, entré en vigueur en 2020. Il ne s’agit pas d’une taxe mais d’une redevance annuelle forfaitaire que les propriétaires de panneaux photovoltaïques paient pour contribuer financièrement à l’utilisation réelle du réseau.

Petite différence néanmoins:

  • Pour les propriétaires de compteur classique: le calcul du tarif prosumer se fait sur base de la puissance électrique de l’installation photovoltaïque.
  • Pour les propriétaires de compteur communicant: le calcul du tarif prosumer se fait sur base des tarifs du réseau pour l’électricité que vous puisez dans le réseau.

Attention, depuis l’entrée en vigueur de ce tarif prosumer, c’est le gouvernement wallon qui le finance (à 100% en 2020 et 2021, et à 54% ces deux dernières années). Dès l’année prochaine, il n’y aura plus de prime et le tarif prosumer sera à 100% à charge des propriétaires de panneaux solaires.

Vendre l’énergie que l’on produit

Pour les personnes qui installeront des panneaux après le 1er janvier 2024, plus aucun soutien ne sera offert. La Wallonie se conforme ainsi au système flamand et bruxellois: le tarif prosumer sera évalué différemment. Plus l’autoconsommation sera élevée, plus le tarif prosumer sera faible. L’objectif: encourager les propriétaires de panneaux solaires à consommer davantage l’énergie qu’ils produisent.

À la place du compteur qui tourne à l’envers, les gestionnaires de réseaux imposeront l’installation gratuite d’un compteur communicant. L’électricité puisée sur le réseau et celle injectée sur le réseau grâce aux panneaux photovoltaïques seront comptabilisées séparément. Les prosumers paieront pour l’électricité qu’ils prélèvent sur le réseau et revendront aux fournisseurs ou communautés d’énergie le surplus qu’ils injectent.

Oui, mais à quel prix ? C’est là que le bât blesse. Le tarif pour la réinjection de l’énergie sur le réseau sera fixé par le gestionnaire de réseau (GRD). Il y a en effet un risque que le prix de vente soit plus faible que le prix d’achat. Par exemple, prélever 1 kWh sur le réseau me coûte entre 40 et 50 centimes mais on me rachète un kWh que j’aurais injecté pour 8 ou 9 centimes. À la fin de l’année, ma production ne me permettra pas de compenser ma consommation. Il sera donc plus judicieux de favoriser l’autoconsommation.

Les panneaux photovoltaïques, encore rentables après 2024?

Pour rappel, si vous avez un compteur intelligent, le tarif prosumer est calculé en fonction de votre prélèvement effectif sur le réseau. C’est ce qu’on appelle le « tarif proportionnel ». Plus vous consommez l’électricité que vous produisez vous-même, moins votre tarif prosumer sera élevé.

Les experts conseillent dès lors d’installer des panneaux solaires non pas plein Sud, mais plutôt à l’Est et/ou à l’Ouest, afin d’étaler la production solaire toute la journée. Pour optimiser au mieux sa production d’énergie solaire, il est également recommandé d’investir dans d’autres matériels d’autoconsommation, comme une pompe à chaleur ou une borne de recharge (pour voiture électrique). Et de programmer certains appareils électriques quand la production solaire est suffisante.

Bref, que l’on installe ses panneaux solaires maintenant ou après 2024, ils resteront rentables, à condition d’adopter les bonnes habitudes de consommation

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