Le nombre de distributeurs de billets divisé par deux: l’initiative Batopin au coeur des critiques
Batopin ouvre mercredi les six premiers distributeurs automatiques de billets “neutres” du pays. Dans le même temps, cette initiative est critiquée car elle diminuera drastiquement le nombre de distributeurs de billets dans le pays d’ici 2024, rapporte Le Soir.
Quatre grandes banques du pays – Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC – se sont réunies au sein de Batopin afin de mettre en commun leurs distributeurs d’argent pour le transformer d’ici 2024 en un seul réseau d’automates auquel tous les clients auront accès. D’ici là, il ne devrait donc en principe plus y avoir aucun distributeur dans les agences de ces quatre grandes banques précitées mais à la place des distributeurs dits “neutres” ou “points contacts”, indépendants de leurs propres agences bancaires.
Les banques promettent que 95% de la population aura un accès au retrait en cash dans un rayon de 5 km, ce qui est également la ligne directrice appliquée par la Banque Centrale Européenne (BCE).
“Ces nouveaux points cash remplaceront progressivement les distributeurs automatiques de billets des grandes banques. Ils porteront le logo de Bancontact, une marque locale forte que tous les Belges connaissent. En plus des emplacements prévus initialement, 24 points cash supplémentaires seront ajoutés dans des endroits sensibles”, annonce Batopin.
Les six premiers points cash Batopin ont été installés à Anderlecht, Gand, Lierneux, Stavelot, Nimy et Clavier. Ce nouveau réseau de cash sera déployé progressivement sur plusieurs années et sera entièrement achevé fin 2024. “Batopin concrétisera cette ambition en déployant plus de 2.000 distributeurs automatiques de billets neutres sur quelque 700 emplacements sur l’ensemble du territoire belge”, explique Batopin.
Le nombre global de distributeurs va-t-il, dès lors, diminuer? La réponse est clairement oui. Là où les quatre grandes banques disposent actuellement d’environ 5.800 machines réparties dans 2.300 agences en Belgique, le nouveau réseau Batopin comptera 2.400 distributeurs répartis sur 750 sites. Soit plus de moitié d’appareils en moins.
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Une initiative fortement critiquée
L’initiative Batopin fait à ce titre l’objet de nombreuses critiques, rapporte ce mercredi Le Soir. Ses plans initiaux avaient d’ailleurs été recalés par la Banque Nationale de Belgique il y a quelques mois, notamment parce qu’ils lésaient le sud du pays, révèle Le Soir. Batopin s’était alors engagée à améliorer ses chiffres d’ici au mois de septembre. Selon les informations du quotidien francophone, la nouvelle copie présentée au superviseur bancaire introduit de légères améliorations mais projette toujours de diviser le nombre de machines à cash des grandes banques par deux.
Namur et le Luxembourg délaissés
Dans ce projet, le sud du pays, et principalement les province de Namur et Luxembourg, déjà moins bien desservies en services bancaires se retrouvent encore moins bien logées. Quelques distributeurs disparaissent aussi en Flandre mais dans une moindre mesure.
Batopin se défend d’avoir délaissé ces provinces dans les colonnes de l’Echo. “Nous avons ajouté 24 localisations supplémentaires par rapport à notre plan de départ“, fait valoir Kris De Ryck, CEO de Batopin.
Batopin ne respecterait pas non plus sa promesse de garantir à 95 % de la population un accès au retrait en cash dans un rayon de 5 km dans les provinces du Luxembourg et de Namur, ajoute Le Soir. L’ASBL Financité, qui lutte pour plus d’inclusion financière s’oppose depuis sa genèse au projet. Financité indique, par ailleurs, dans une récente analyse que la règle des 5 km est arbitraire et non adaptée à la réalité des gens. Certains ne disposant pas de moyen de déplacement dans les zones rurales plus isolées.
Un service citoyen de base
Test Achats, l’association de défense des consommateurs, déplore aussi que les quatre principales banques du pays s’apprêtent à réduire de moitié le nombre de leurs distributeurs de billets dans le cadre de ce projet.
L’association tire la sonnette d’alarme pour que l’on s’assure que l’accès au cash demeure aisé et gratuit pour tous. L’organisation estime que l’accès aux distributeurs est et doit demeurer un service citoyen de base.
“C’est une double mauvaise nouvelle pour le consommateur belge : le nombre de distributeurs de billets ne cesse de diminuer et une tendance se dessine pour faire payer les retraits”, déclare l’association de défense des consommateurs par voie de communiqué.
“Au total, on compte aujourd’hui un peu plus de 6.000 distributeurs dans le pays, ce nombre sera ramené en 2024 à environ 3.500. Il est difficile de ne pas penser qu’une partie de la population sera lésée par ce processus “, explique Danièle Bovy, experte en services financiers pour l’association citée par Le Soir.
“Inacceptable pour Ecolo”
Côté politique, Ecolo-Groen a tenu à réagir au plan de Batopin: “Pour Ecolo-Groen, qui déposait l’an passé une proposition de résolution pour une répartition équitable et sociale des distributeurs automatiques de billets en Belgique, cette annonce est inacceptable”, laisse entendre le parti politique par voie de communiqué.
“Si cette norme de 5 km est appliquée aux Pays-Bas, elle n’est pas compatible avec l’aménagement du territoire fragmenté chez nous, en Belgique. La norme devrait être la suivante: au moins un guichet automatique dans chaque zone résidentielle et les zones rurales, quelle que soit la distance entre deux guichets”, explique Nicolas Parent, député fédéral Ecolo.
Autre problème, avec le projet Batopin soulevé par le parti écologique: les opérations traditionnelles telles que les virements ne seront pas possibles via les simples distributeurs Bancontact, hors agences. Celles-ci seront uniquement possibles via les distributeurs automatiques de billets dans les agences bancaires.
“Si l’extension de l’offre online offre des services précieux à de nombreux citoyens familiers avec le numérique, Ecolo craint que certains citoyens, souvent plus vulnérables, pâtissent plus que d’autres de cette situation”, peut-on encore lire dans le communiqué : “les personnes âgées, les personnes défavorisées sur le plan numérique ou précarisées. Face au monde numérique et sans service d’assistance téléphonique, ces citoyens seront désormais obligés de payer un supplément pour un service qui, il y a quelques années encore, était évident“.