Dexia : la confiance règne…

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Le dossier Dexia inquiète de plus en plus. Qu’il s’agisse des agences de notation, des communes clientes, des actionnaires ou du régulateur des marchés financiers, tous sont aux aguets… et ne voient pas forcément avec optimisme l’avancée des négociations.

1. Les agences de notation voient la situation actuelle de Dexia d’un mauvais oeil

Fitch Ratings avait annoncé, mercredi avoir, placé sous surveillance négative la note de viabilité de Dexia, dont l’avenir est actuellement à un tournant. Cette note de viabilité avait déjà été abaissée, de bb à b+, par l’agence de notation le 27 septembre dernier. Le placement sous surveillance négative laisse planer la perspective d’un nouvel abaissement de cette note de viabilité.

Vendredi, Standard & Poor’s a carrément abaissé d’un niveau la note des trois entités majeures de Dexia : Dexia Crédit Local (France), Dexia Banque (Belgique) et Dexia Banque Internationale (Luxembourg). Le rating est désormais A-/A-2.

S&P a par ailleurs placé le crédit score de Dexia en “Creditwatch with developing implications”, ce qui signifie que l’agence de notation peut encore baisser ou relever la note. S&P attend plus d’informations sur les conséquences de la restructuration au sein du groupe ainsi que des détails complémentaires sur un possible soutien des autorités belges et françaises.

2. Les communes clientes de Dexia s’inquiètent, certaines retirent leur argent

Hans Bonte, président du CPAS de Vilvorde, a retiré le million d’euros que détient l’institution sur un compte Dexia. Un retrait qu’il expliquait mercredi par le fait que les institutions ne bénéficient pas de la garantie plafonnée à 100.000 euros dont bénéficient les particuliers. Et de préciser avoir “préféré jouer la sureté, comme l’aurait fait un bon père de famille”. Détail piquant : le bourgmestre de Vilvorde, de 2000 à 2007, n’était autre que… Jean-Luc Dehaene, actuel président du conseil d’administration de Dexia.

Dans la foulée, la commune néerlandaise de Dordrecht a retiré, jeudi, 11 millions de son compte Dexia et les a transférés vers une autre banque, a annoncé Bert Van de Burgt, en charge des finances à Dordrecht : “Nous avons suivi l’affaire depuis un moment et avons pris la décision en matinée de retirer l’argent.” Des provinces néerlandaises ont aussi des comptes chez Dexia.

3. Les communes actionnaires de Dexia craignent une mise à mort du Holding Communal et d’Arco

Michel de Herde, échevin des Finances de Schaerbeek, ne cache ses craintes quant aux conséquences, pour les actionnaires du Holding Communal, d’une hypothèse sur laquelle travaille selon lui le gouvernement fédéral pour sauver la banque Dexia. Il a lancé un appel aux administrateurs belges de Dexia et aux présidents de parti de “ne pas laisser le gouvernement fédéral commettre une folie irréparable”.

“Si les deux idées du gouvernement fédéral, de nationaliser Dexia Bank Belgium et de créer une bad bank pour y loger les mauvais actifs du Holding Dexia, devaient se concrétiser, cela signifierait que les actionnaires actuels de Dexia ne seraient plus actionnaires que de la bad bank“, a-t-il averti jeudi après-midi. Or, d’après un analyste bancaire qu’il cite, la valeur de l’action bad bank serait d’environ 0,20 euro, ce qui entraînera automatiquement la faillite du Holding Communal car il devra acter une moins-value de 2,16 milliards, et du Holding Arco (moins-value de 2,62 milliards).

Toujours selon Michel De Herde, cela entraînera en outre une perte pour d’autres actionnaires : 300 millions pour Ethias, une estimation de 200 millions pour la Région bruxelloise et plusieurs centaines de millions pour la Région wallonne et la Région flamande. Ces chiffres pour les régions ne sont qu’une estimation car il faut additionner, dit-il, les pertes en capital et les garanties données au Holding Communal, dont le montant et la clé de répartition sont imprécis.

C’est enfin sans compter que la faillite du Holding Communal fera s’envoler en fumée 1,85 milliard d’euros que les communes et provinces de Belgique avaient patiemment accumulés dans cette structure, et les 500 millions que les communes avaient apportés dans la dernière recapitalisation du Holding en échange d’une promesse d’un dividende généreux.

4. Beaucoup craignent une “vente à la découpe” de Dexia, à prix bradé

Arco, l’un des actionnaires de référence de Dexia (dont il détient 13,81 % du capital), s’est opposé, jeudi, à une vente forcée des bonnes activités contre des prix de dumping à des parties étrangères, référence directe à la vente possible de Dexia BIL au fonds souverain du Qatar, évoquée hier.

“Les problèmes de Dexia sont des problèmes de liquidité causés par la crise de la zone euro, souligne Arco. Dexia dispose d’une forte solvabilité.” Le holding attend du gouvernement fédéral et des régions qu’ils fassent tout pour assurer l’avenir de Dexia dans un contexte belge : “C’est dans l’intérêt des clients privés et publics ainsi que du personnel.” Arco ne s’est pas exprimé sur le scénario d’une possible nationalisation comme ce sera vraisemblablement le cas. Arco a ajouté que beaucoup de ses 700.000 membres coopératifs sont aussi clients de la banque Dexia.

Cette “vente au rabais” de Dexia BIL a par ailleurs convaincu, hier jeudi, la FSMA de faire suspendre la cotation du géant franco-belge jusqu’à lundi matin. Ce dossier s’ajoutait aux négociations générales entre Etats belge et français sur l’avenir du groupe.

Trends.be, avec Belga

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