Caroline Cleppert (UCM): “C’est difficile pour les PME d’investir dans le climat instable actuel”


“C’est le moment des choix et des réformes”, insiste Caroline Cleppert, secrétaire générale de l’Union des classes moyennes (UCM), dans notre Trends Talk. La perte de productivité est un enjeu, les transitions ne doivent pas être oubliée et la relance par la demande doit trouver des entreprises… en état de répondre aux milliards déversés.
Caroline Cleppert, secrétaire générale de l’Union des classes moyennes (UCM) est l’invitée de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. Jamais les PME n’ont été aussi nombreuses dans notre pays, mais elles sont de très petite taille et les défis auxquels elles font face sont importants, dans une conjoncture économique atone. La santé des entrepreneurs, aussi, inquiète.
“Aujourd’hui, nous avons 1,33 million de PME sur le territoire belge. En termes absolus, ce nombre grandit. Par contre, quand on regarde l’évolution annuelle, nous sommes à + 2,1%, ce qui est le taux de croissance le plus faible depuis 2015. Le vivier grandit de moins en moins vite.”
Une économie de freelance
Un signal d’alerte? “Attention, c’est à surveiller, en effet, parce qu’il faut garder une dynamique suffisamment encourageante au niveau de l’entrepreneuriat. Ce que l’on remarque aussi, c’est qu’il y a de plus en plus de “solopreneurs”, d’entreprises à une personne: cela représente 90% du nombre de PME en Wallonie, jusqu’à 92% à Bruxelles. Or, on voit que le taux de survie est plus important quand il y a des salariés.”
On se dirige, en somme, vers une “économie de freelance”. “La question est de savoir comment on parvient à les faire grandir pour qu’elles créent de l’emploi et le maintiennent. On voit aussi qu’un quart des entreprises sont saines financièrement, mais vulnérables. Si on stimule des chocs, comme on en a connu avec le Covid mais on connaît d’autres, ces entreprises risquent de passer à la trappe. C’est inquiétant.”
Sans même parler de la situation géopolitique, les transitions numérique et climatique sont fondamentales. Or, les PME n’investissent pas assez pour l’avenir. “Il faut que ces entreprises puissent accéder à ces investissements, ce qui n’est pas possible quand on a des problèmes de rentabilité. Dire qu’elles n’investissent pas serait faux, mais le rapport de la Banque Nationale vient encore de la démontrer: ce sont surtout des investissements pour maintenir la tête hors de l’eau pour répondre aux contraintes.”
“Le moment des réformes”
“Il faut être de bon compte, c’est difficile d’investir dans le climat instable que l’on connaît aujourd’hui. Il faut pouvoir rassurer et donner de la lisibilité. Il faut générer des investissements productifs. Regardez la productivité: nous sommes en décrochage complet! L’accord de l’Arizona fédérale permet d’y répondre en partie, en tout cas sur le papier. On doit travailler sur la flexibilité du travail, le marché de l’énergie, la simplification administrative… C’est le moment des choix et des réformes!”
Caroline Cleppert reconnaît l’importance actuelle d’investir dans la défense, ce qui peut soutenir l’industrie et créer un écosystème. “Mais ce n’est pas le tout de relancer l’économie par la demande et de mettre 800 milliards sur la table en Europe, il faut aussi permettre aux entreprises d’être capables d’aller chercher ces financements. Ce n’est pas qu’un secteur à mettre en branle, il faut aussi répondre aux enjeux de fond et mener à bien les réformes.”
Le tabou de la santé
Dans un rapport récent, l’UCM met, par ailleurs, en garde contre la santé des entrepreneurs, qui reste un tabou. “Nous travaillons depuis quelques années à ce que ce ne doit plus tabou parce que c’est une vraie réalité et un vrai enjeu avec des impacts sociétaux et économiques importants. De notre enquête, il ressort que 72% des entrepreneurs ont déjà dû faire face à un accident de la vie: une maladie, le décès d’un proche… Ce sont des choses compliquées qui peuvent mettre à mal la continuité de l’entreprise. Dans ce cas, six entrepreneurs sur dix se disent très isolés.”
La secrétaire générale de l’UCM évoque les réponses possibles, dans ce Trends Talk à ne pas manquer.
Trends Talk
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