Prix alimentaires élevés : coupables, les grands magasins ?

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Quand les prix des matières premières augmentent, il y a une répercussion sur certains produits. Mais lorsqu’ils baissent, les prix dans les magasins ne sont pas adaptés, dénonce l’Observatoire des prix. Comeos, la fédération belge du commerce, s’insurge contre ses conclusions.

Les prix des produits alimentaires sont maintenus artificiellement en Belgique : telle est la principale conclusion du rapport annuel 2010 de l’Observatoire des prix, rapportent vendredi De Tijd, L’Echo et Het Belang van Limburg. L’inflation a été plus élevée en Belgique l’an dernier (2,3 %) que dans les autres pays européens (1,4 % en moyenne).

Sur base d’une enquête détaillée concernant une série de produits, il ressort que les grands magasins maintiennent les prix des denrées alimentaires artificiellement élevés. Si les prix des matières premières augmentent (voir graphique ci-dessous), il y a une répercussion sur des produits comme le chocolat, le café et le lait. Mais s’ils baissent, les prix dans les magasins ne sont pas adaptés.

“Lors de la baisse des prix des matières premières, des indications montrent qu’aussi bien l’industrie alimentaire que les commerces de détail augmentent leur marge brute”, selon l’Observatoire des prix. Ce dernier est d’avis que les prix des denrées alimentaires doivent être suivis de manière systématique : “Un monitoring est plus que jamais à l’ordre du jour”, cite De Tijd.

Vincent Van Quickenborne, ministre (Open VLD) pour l’Entreprise, a annoncé des mesures. Ainsi, le Conseil de la concurrence a ouvert une enquête sectorielle sur les prix des produits alimentaires dans les supermarchés et sur d’éventuelles ententes de prix dans la grande distribution.

Comeos : “Les accusations de contrôle artificiel des prix sont grotesques !”

Comeos, la fédération belge du commerce et des services, juge ces accusations de l’Observatoire des prix envers son secteur “pour le moins grotesques” : “Depuis l’an passé, le chiffre d’affaires des commerçants est en hausse mais l’on constate une baisse de la rentabilité, et ce, parce que pratiquement tous les coûts augmentent”, affirme Dominique Michel, administrateur délégué de la fédération, cité dans un communiqué.

En outre, ajoute-t-il, “bon nombre de ces augmentations sont définitives, contrairement à ce que certains journaux affirment aujourd’hui. Une fois que les coûts salariaux ont augmenté, ils ne diminuent plus. Les coûts de l’énergie ne redescendront pas non plus à leur ancien niveau. Enfin, les fournisseurs oublient souvent de répercuter les baisses des prix des matières premières sur les prix facturés aux commerçants.”

Le prix du produit est principalement déterminé par le prix d’achat facturé par le fournisseur, assène Comeos (voir graphique ci-dessus). “L’Observatoire des prix confirme qu’il existe une différence considérable entre les grandes marques et les marques de distributeurs, poursuit Dominique Michel. Dans le cas de marques de distributeurs, les commerçants ont davantage de contrôle sur l’achat des matières premières, les coûts de production et de transport ; dès lors, les diminutions de coûts se remarquent plus rapidement à la caisse. Dans le cas de grandes marques, nous constatons que ce n’est pas le cas. Lorsque les prix des matières premières augmentent, cette augmentation est intégralement répercutée sur la facture du commerçant. Ensuite, ces prix ne diminuent plus ou pratiquement plus”.

Quant à l’enquête sectorielle initiée par le ministre Van Quickenborne, Comeos se dit “très confiante” : “Une comparaison avec les Pays-Bas pourrait par exemple démontrer que, si les prix à la consommation y sont moins élevés, c’est précisément parce que les coûts de l’énergie, les coûts salariaux et les coûts de transport y sont également moins élevés”, conclut Dominique Michel.

Trends.be, avec Belga

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