Des bons de caisse aux actions: quels sont les frais?

Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Conserver trop d’argent sur son compte d’épargne n’est jamais bon : à terme, les taux d’intérêt ne suffisent pas à en protéger le pouvoir d’achat. S’il n’est pas toujours illégitime de se demander si l’intermédiaire qui tente de vendre un produit d’épargne ou d’investissement n’a pas plus à y gagner que le client, la transaction peut aussi être une opération gagnant-gagnant.

La plupart des comptes d’épargne sont gratuits ; pour les autres produits, il faut s’attendre à payer des frais d’entrée et de sortie, des frais de gestion annuels, la commission due au vendeur, la rémunération due à l’émetteur, etc. Voici quelques questions à poser à votre conseiller ou mots-clés à chercher dans les fiches d’information pour éviter toute mauvaise surprise :

• Des frais d’entrée ou de sortie sont-ils portés en compte ?
• Des frais récurrents ou permanents sont-ils portés en compte?
• La différence entre le prix d’achat et le prix de vente est-elle importante ?
• La conversion en produits libellés dans d’autres devises fait-elle l’objet de frais ?
• La banque prélève-t-elle des droits de garde ?
• La perception du dividende ou du coupon (de titres étrangers) est-elle payante ?
• Combien coûte le transfert vers une autre institution financière ?

Entre épargne et investissement : le bon de caisse

Belfius vient de remettre le bon de caisse au goût du jour. Leader de ce marché pendant des années, l’ancien Crédit communal avait déclaré le bon de caisse mort et enterré, après que les taux d’intérêt étaient tombés à des niveaux historiquement bas. BNP Paribas Fortis et Crelan prévoient, elles aussi, de ressusciter le bon de caisse, mais sans plus pour l’instant. Les bons de caisse devraient aspirer une partie des 22 milliards d’euros qui seront libérés en septembre, quand l’obligation d’Etat à un an arrivera à expiration. Un bon de caisse est un titre de créance détenu sur un compte-titres. Ce qui a des avantages et des inconvénients.

Le bon de caisse à un an proposé par Belfius offre un rendement net de 2,1 % : c’est plus que celui des comptes d’épargne de la banque. Laquelle ne pourra par ailleurs pas baisser le taux d’intérêt dont elle a assorti son bon de caisse, alors qu’elle peut modifier le taux de base de ses comptes d’épargne. Nous n’avons pas encore constaté de réduction de taux sur les livrets, mais des baisses sur des comptes à terme (NIBC et CKV) et des assurances vie Branche 21 (AG) ont été annoncées. Sans doute d’autres banques ont-elles revu les taux de leurs comptes à terme, mais discrètement.

Le bon de caisse a une maturité qui va de 1 à 10 ans – or en 10 ans, beaucoup d’eau peut couler sous les ponts. Si vous avez besoin d’argent avant l’échéance finale, vous pourrez tenter de revendre le bon de caisse à la banque ; si elle accepte, elle vous facturera des frais de refinancement, augmentés d’une pénalité de 0,75 % et de frais administratifs fixés à 6 euros.

En principe, si vous changez de banque, vous pourrez emporter votre bon de caisse sous le bras. Sachez toutefois que si Belfius ne facture pas de droits de garde pour ses propres bons de caisse, il n’est pas exclu que la banque de destination le fasse. Belfius porte de surcroît 75 euros en compte par code-valeur ou par titre transféré.

Le bon de caisse allie les caractéristiques d’un produit d’épargne et d’un produit d’investissement. Comme les comptes à terme et les comptes d’épargne, il est couvert par le système de garantie des dépôts : si une ou plusieurs banques venaient à faire faillite, chaque client récupérerait, jusqu’à 100.000 euros – par banque –, une garantie qui n’existe pas dans le cas des actions et des obligations.

Détenir des bons de caisse, c’est détenir un compte-titres, et donc avoir fait le premier pas pour s’affranchir du compte d’épargne. Peut-être pouvez-vous à présent envisager de passer à la suite.

• Les frais courants sont inclus dans le prix d’émission
• Les banques ne facturent généralement pas de droits de garde pour leurs propres bons de caisse
• Tout changement de banque peut donner lieu à des frais de transfert ; la nouvelle banque pourrait en outre facturer des droits de garde

Un pas de plus : l’obligation

Comme les bons de caisse, les obligations sont des titres de créance, que la banque conserve sur un compte-titres. Les obligations ordinaires sont assorties d’une date d’expiration, à laquelle, si tout se passe bien, l’investisseur récupérera son apport. Il existe des obligations plus complexes, comme les obligations convertibles, qui peuvent être converties en actions sous certaines conditions. Si l’émetteur de l’obligation devait faire faillite avant la date d’expiration, l’investisseur devrait, au même titre que tous les créanciers, s’adresser au curateur pour tenter de récupérer une partie de ses fonds.

Alors que les bons de caisse sont toujours émis par une banque, les obligations le sont par des banques, des entreprises ou des Etats. Certaines banques continuent de facturer chaque année d’obsolètes droits de garde, auxquels s’ajoutent parfois des frais de dossier. La plupart des banques et des courtiers en ligne ne facturent pas de droits de garde.

Les obligations sont plus aisément négociables que les bons de caisse.

Belfius compte, pour les obligations, 0,1452 % de droits de garde, avec un minimum de 3,025 euros et un maximum de 24,2 euros par titre. A cela s’ajoutent 9,075 euros de frais de dossier par compte-titres, par an. Utiliser l’application Re=Bel permet d’éviter droits de garde et frais de dossier. ING Belgique et Crelan (et Axa, à partir du 10 juin) portent en compte le même pourcentage de droits de garde que Belfius, avec des minimums plus élevés et des maximums plus élevés, voire indéfinis. Chez BNP ­Paribas Fortis, les droits sont un peu plus chers. KBC et Argenta, en revanche, n’en facturent plus.

Les obligations sont plus aisément négociables que les bons de caisse. C’est plus vrai encore lorsqu’elles sont cotées en Bourse. Si les taux d’intérêt reculent entre l’émission et l’arrivée à maturité, l’investisseur pourra parfois récupérer plus d’argent qu’il n’en aura investi. L’achat et la vente d’obligations en Bourse donnent lieu à des frais de transaction, qui n’existent pas lorsque l’on souscrit à une émission et que l’on conserve les titres jusqu’à la fin. Les frais de transaction peuvent varier considérablement en fonction du courtier.

Bolero, par exemple, prélève le même montant pour les obligations cotées que pour les actions (7,5 euros pour les transactions allant jusqu’à 2.500 euros sur Euronext Bruxelles, Paris, ­Amsterdam, ­Lisbonne ou Dublin, et 15 dollars ou 15 euros sur la plupart des autres marchés). Saxo Banque ayant diminué ses tarifs, les frais de transaction pour les obligations se situent désormais entre 0,05 et 0,12 %, avec un minimum de 5 euros. Lynx compte 0,14 % pour les obligations émises par des entreprises ou des Etats libellées en euro (avec un minimum de 6 euros par transaction) et 0,15 % pour celles libellées en dollar (minimum : 5 dollars). Lynx travaille avec des comptes étrangers, qui doivent être déclarés. L’importance de l’offre varie d’un courtier et d’une banque à l’autre.

Alors que le négoce d’actions est très automatisé, les échanges d’obligations s’opèrent encore souvent entre banques. Une société de Bourse comme Goldwasser Exchange, qui n’accepte que les transactions de 10.000 euros et plus, affirme obtenir de meilleurs prix pour les obligations. Mais ses frais sont aussi plus élevés (0,8 %, avec un minimum de 50 euros par transaction).

• Des frais de transaction seront portés en compte si vous revendez vos titres avant l’expiration
• Certaines banques facturent des droits de garde annuels et/ou des frais de dossier
• L’échange d’obligations contre des obligations libellées dans d’autres devises engendre généralement des frais
• La banque ne facture la plupart du temps rien lorsque les coupons sont payés en euros.

Moins chères et plus facilement négociables : les actions

Les actions n’ont aucune date d’expiration. Une entreprise émet des actions, qu’elle vend à des investisseurs pour obtenir des fonds. Une action est une ‘‘partie’’ de l’entreprise, qui donne droit à une fraction de ses bénéfices. Ces bénéfices peuvent être payés sous la forme de dividendes, mais ce n’est pas obligatoire. Certains courtiers, comme Bolero, prélèvent 2 % de frais, avec un maximum de 125 euros, sur les dividendes d’actions étrangères et de fonds indiciels cotés (ETF).

L’actionnaire qui souhaite exercer son droit de vote à l’assemblée générale doit déposer ses titres, ce qui est rarement gratuit. Les dividendes de certaines actions étrangères peuvent être visés par une convention préventive de la double imposition, mais certains courtiers font payer les formalités requises pour la faire appliquer.

L’entreprise peut également conserver les bénéfices et les exploiter autrement pour que l’action prenne de la valeur. Si l’entreprise est déficitaire, les titres se déprécieront. Les actions cotées en Bourse tendent à fluctuer en fonction de l’humeur du marché – parfois, les investisseurs sont euphoriques, d’autres fois, complètement déprimés. Acheter des actions à intervalles réguliers permet de lisser les effets de cette humeur en dents de scie.

Les actions se négocient généralement en Bourse, moyennant des frais. La plupart des courtiers et des banques facturent des frais moins élevés pour les transactions en actions que pour celles en obligations. Les actions sont en outre souvent plus facilement négociables. Mais les petites actions rarement échangées, telles que What’s Cooking ou Miko, sont évidemment beaucoup moins liquides que celles de géants américains comme Microsoft ou Apple.

Acheter des actions à intervalles réguliers permet de lisser les ­effets de l’humeur du marché en dents de scie.

Quand l’action ou l’obligation est peu négociée, ce qui entraîne d’importantes différences entre les prix d’achat et de vente, l’investisseur a tout intérêt à travailler avec des ordres à cours limité plutôt que se fier aux prix du marché. Même s’il ne s’agit pas d’un poste de coût à proprement parler, l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur a une incidence sur le rendement net.

• Tout achat ou vente d’actions engendre des frais de transaction
• Certaines banques facturent des droits de garde annuels et/ou des frais de dossier
• La vente d’actions au profit d’actions libellées dans d’autres devises entraîne généralement des frais
• Le paiement de dividendes peut s’accompagner de frais.

Plusieurs obligations ou actions dans un même panier : les ETF

Les fonds indiciels cotés (exchange traded funds, ou ETF) se négocient en Bourse, ce qui implique des frais. Certains opérateurs étrangers, comme Flatex DeGiro et Trade Republic, permettent d’acheter des parts d’ETF pour quelques euros à peine. N’oubliez pas que les comptes étrangers doivent être déclarés et veillez à vous assurer que toutes les taxes ont été correctement prélevées.

Depuis que Saxo a diminué ses tarifs, ses clients ne paient plus que 2 euros pour les ordres allant jusqu’à 2.500 euros en Bourse d’Amsterdam, et 5 euros pour les ordres jusqu’à 6.250 euros à Francfort. Le courtier en ligne se rapproche de la sorte des tarifs pratiqués par Bolero pour une soixantaine d’ETF (2,5 euros par ordre jusqu’à 250 euros, 5 jusqu’à 1.000 euros, et 7,5 jusqu’à 2.500 euros). Chez Saxo et Bolero, l’argent des investisseurs est conservé sur des comptes belges.

‘‘Les investisseurs peuvent acquérir des ETF par le biais de toute une série d’intermédiaires, qui vont des courtiers en ligne aux banques privées. Les ETF peuvent faire partie d’un produit d’assurance : il s’agit alors d’une police vie de la branche 23. Certains coûts dépendent de la plateforme choisie par le client ; nous n’avons aucune prise sur ce point. Il existe aussi des coûts inhérents à l’ETF, mais ils sont entièrement intégrés dans les rendements que nous publions’’, expose Yoni Jennes, chez iShares & Wealth en Belgique. iShares est un grand fournisseur d’ETF.

Selon Yoni Jennes, ces frais peuvent aller de quelques points de base à des dizaines de points de base. ‘‘Le coût des ETF très prisés, comme ceux qui répliquent l’évolution du S&P 500, est de l’ordre de 0,07 % à peine. Quand l’ETF investit dans un secteur ou un thème particulier, il peut atteindre 0,35 % – tout dépend du prix des transactions sur le marché sous-jacent. Les transactions sur les obligations d’entreprises à haut rendement sont plus coûteuses que celles en bons du Trésor américain, par exemple.”

Plus qu’aux frais, Yoni Jennes accorde de l’importance à la ‘‘qualité’’ de l’ETF, c’est-à-dire sa capacité à répliquer plus ou moins bien le rendement de l’indice boursier ou obligataire qu’il suit. ‘‘Tous les ETF ne répliquent pas de la même manière l’évolution du marché ou du panier d’actions ou d’obligations sous-jacent. Nos gestionnaires veillent à ce que l’écart soit aussi ténu que possible. L’endroit où l’ETF est domicilié peut être important également. Ainsi est-il préférable que les ETF d’actions américaines soient établis en Irlande, où la fiscalité est plus avantageuse. Il est tout à fait possible que les frais portés en compte par un ETF soient légèrement plus élevés, mais que le rendement final pour l’investisseur soit plus important.’’

Les ETF sont en tout état de cause moins onéreux que les fonds activement gérés, dont les frais de gestion atteignent facilement 1 à 1,8 %.

Enfin, la taille et la liquidité de l’ETF ont leur importance. Il existe une différence entre le prix d’achat et le prix de vente de toute action ou obligation : c’est pareil pour les ETF. “Mais ce spread est parfois plus faible que celui des actions sous-jacentes, analyse Yoni Jennes. C’est pourquoi il peut être plus intéressant d’investir dans un ETF que dans une série d’actions.’’

Les ETF sont en tout état de cause moins onéreux que les fonds activement gérés, dont les frais de gestion atteignent facilement 1 à 1,8 %. Parce qu’il faut payer l’équipe qui, derrière, tente de faire mieux que le marché ; il faut également rémunérer le distributeur. Les fonds d’investissement activement gérés imposent parfois des frais d’entrée, mais rarement des frais de sortie. Ils ne sont disponibles qu’auprès des banques et d’autres intermédiaires financiers, pas en Bourse.

• A chaque opération d’achat ou de vente d’ETF sont liés des frais de transaction
• Certaines banques facturent des droits de garde annuels et/ou des frais de dossier
• Il faut parfois accorder moins d’importance aux frais qu’à l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur de l’ETF.

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