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Patrons wallons : une vision d’avance

Les entrepreneurs du sud du pays sont-ils trop pessimistes ? C’est la question que se posait l’Union wallonne des entreprises (UWE) en analysant les résultats de l’enquête qu’elle mène deux fois par an et dont la dernière édition remonte à la seconde quinzaine de février.

Les entrepreneurs du sud du pays sont-ils trop pessimistes ? C’est la question que se posait l’Union wallonne des entreprises (UWE) en analysant les résultats de l’enquête qu’elle mène deux fois par an et dont la dernière édition remonte à la seconde quinzaine de février. L’interrogation portait plus précisément sur une des questions posées, sans nul doute la plus importante : quelle sera l’évolution de l’activité de votre entreprise au cours des six prochains mois ? Le bel optimisme du début 2011 s’était déjà dégonflé en automne : les entreprises prévoyant une expansion l’emportaient alors de 9 % sur celles craignant un ralentissement, une proportion qui planait à 36 % un semestre plus tôt. Dans l’enquête de février dernier, l’écart s’est écrasé à 3 % seulement. On est encore “dans le vert”, mais de justesse !

Les entrepreneurs wallons sont-ils donc trop pessimistes ? La question se posait, aussi vrai que les indicateurs économiques européens PMI pointaient, en février, en direction d’une stabilisation de l’économie. Elaborés par la société britannique Markit, ces indices PMI sont comparables à ceux calculés par l’UWE : ils font la balance entre les réponses positives et négatives des entreprises. Une différence technique toutefois : ils sont construits en base 50 et non 0. Autrement dit, on est dans le vert (expansion) au-delà de 50 et dans le rouge (ralentissement) en dessous de 50. Markit calcule des indices PMI industriels et des services pour plusieurs grands pays européens, ainsi que pour l’ensemble de la zone euro, laquelle bénéficie en outre d’un indice global, appelé composite.

Ce dernier avait dramatiquement dégringolé l’an dernier, revenant de 58,2 en février à 46,5 en octobre, une détérioration qui s’est très logiquement traduite par le repli de 0,3 % du PIB de l’Euroland au 4e trimestre. Cet indice composite remonte ensuite, passe la barre des 50 en janvier et se replie quelque peu en février. On peut encore parler de stabilisation. D’où cet étonnement face aux réponses des entreprises wallonnes, qui pointent un recul assez net de l’activité. Trop pessimistes donc… à moins que la stabilisation économique européenne soit restée fragile, avançait l’UWE comme option de rechange. Tout juste. L’indice composite de la zone euro a encore reculé en mars, à 48,7. En cause : le dérapage inattendu du secteur industriel, tant en France qu’en Allemagne.

Dans leurs réponses à l’UWE, les entrepreneurs wallons auraient donc anticipé, dès le mois de février, ce que leurs confrères étrangers n’ont perçu que quelques semaines plus tard. Pas vraiment étonnant, finalement. On sait en effet que les entreprises belges ressentent en moyenne la conjoncture un peu avant les autres ; c’est pourquoi l’indicateur avancé de la BNB est de longue date suivi de près par plusieurs économistes étrangers.

Ce n’est pas une consolation pour autant. Voilà en effet deux mois que le tonus économique de l’Europe s’affaiblit, et ceci après un trimestre à peine de sursaut ! Même si l’on peut imaginer une stabilisation à la baisse plutôt qu’une rechute véritable _et telle est l’option retenue par l’UWE_ le constat est amer. L’économie européenne n’arrive pas à rebondir durablement. Ce n’est pas encore gagné pour les Etats-Unis non plus du reste, loin de là, en dépit d’indicateurs plus avenants ces derniers mois. Les “pessimistes” avaient probablement raison en 2009, quand ils affirmaient que la crise financière entraînerait une décennie de croissance faible.

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