Quelles obligations rapportent plus que le bon d’État ?

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Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Plusieurs conseillers financiers et banquiers proposent des alternatives au bon d’État.

Cette fois-ci, le bon d’État ne présente aucun avantage fiscal. Mais il existe encore un avantage fiscal pour certaines obligations d’État, les grands frères du bon d’État, qui ont été émises il y a quelque temps. Voici comment en profiter.

La différence entre le prix d’achat et le prix de vente d’une obligation est exonérée d’impôt en Belgique. Tout comme l’encaissement de cette obligation achetée sur le marché secondaire, à la date d’échéance. L’investisseur paie un précompte mobilier de 30 % sur le coupon ou l’intérêt annuel généré par l’obligation. Il est donc important de trouver des obligations avec un coupon le plus bas possible, voire un coupon de zéro euro, qui rapportent le plus possible de plus-values exonérées d’impôt.

Notez que si une obligation a été émise à 98% (ce qu’un émetteur, comme l’Etat peut faire pour stimuler la demande), par exemple, et qu’elle est remboursée à 100%, vous payez un impôt à la source sur la plus-value, donc dans l’exemple, sur un rendement de 2%.

Obligations d’État “à un an”

“Par exemple, une Bundesobligation (obligation fédérale émise par l’Allemagne, NDLR), est aujourd’hui en vente sur le marché à 96,4 % de sa valeur nominale”, explique Pieter De Ryck, spécialiste des obligations chez Van Lanschot. Le 11 avril 2025, date d’échéance de l’obligation d’État allemande, les investisseurs récupéreront 100 % de cette valeur. Le moyen le plus simple de vérifier si vous pouvez acheter cette obligation par l’intermédiaire de votre banque est de consulter son code ISIN (l’ISIN de l’obligation ci-dessus est DE0001141810).

D’autres exemples sont deux obligations d’État françaises : l’une arrivant à échéance le 25 février 2025, qui peut être achetée à 96,7 % (FR0014007TY9) et l’autre arrivant à échéance le 25 mars 2025, qui peut être achetée à 96,5 % (FR0013415627). La Banque européenne d’investissement (BEI) a également une autre obligation en circulation, avec une échéance restante d’un peu plus d’un an (la date d’échéance est le 25 mars 2025), que les investisseurs peuvent acheter à 96,4 % du prix d’émission (XS2120068403), selon les prix affichés.

Toutes ces obligations auront un rendement supérieur aux 3 % bruts du bon d’État, en partie grâce à l’avantage fiscal. Il faut encore déduire les frais de transaction, qui peuvent varier d’un courtier à l’autre et peser lourdement sur le rendement net final. Pour les transactions sur les obligations, les investisseurs paient généralement aussi 0,12 % de taxes boursières, avec un maximum de 1.300 euros. Les obligations d’État belges en sont exemptées.

Nous n’avons pas trouvé d’obligations d’État belges avec un coupon zéro, une échéance d’environ un an et un rendement supérieur à celui des bons d’État belges. En revanche, nous avons trouvé plusieurs obligations belges avec des maturités plus longues, qui offrent l’avantage fiscal d’une plus-value exonérée d’impôt. Par exemple, un emprunt d’État belge arrivant à échéance le 22 octobre 2027 peut être acheté à 91% de sa valeur nominale (BE0000351602).

Des échéances plus longues

“L’obligation d’État est-elle intéressante à investir ? Nous répondons par un non catégorique”, écrit Matthias Baccino, responsable du Benelux et de la France chez Trade Republic, à propos de la dernière émission de l’Agence fédérale de la dette. Bien entendu, Trade Republic ne distribue pas le bon d’État et n’a aucun intérêt commercial à le promouvoir.

C’est une question de temporalité pour Baccino. Il estime que tant en Europe qu’aux Etats-Unis et dans le reste du monde, les taux d’intérêt sont plus susceptibles de baisser que d’augmenter au cours de l’année à venir. “Ainsi, d’ici un an, lorsque le nouveau bon d’État arrivera à échéance, les rendements de produits d’investissement similaires seront vraisemblablement encore plus faibles. Il vaut donc mieux bloquer les taux d’intérêt plus élevés d’aujourd’hui pour une période plus longue”, conseille-t-il.

ETF

Baccino : “Si vous voulez acheter un portefeuille d’obligations d’État européennes qui exclut le risque de pays individuels comme la Belgique, vous pouvez acheter cet ETF : Eurozone Government Bond EUR Dist (IE00BZ163H91)”, dit Baccino. “Ou un ETF d’obligations d’entreprises européennes de haute qualité : EUR Corporate Bond Dist (IE00BZ163G84). Sachez que vous achetez alors du papier de dette d’entreprise et non des obligations d’État.”

Enfin, Baccino conseille également un autre ETF un peu plus risqué, destiné aux investisseurs qui recherchent des rendements plus élevés et ne craignent pas de prendre des risques plus importants : Euro High Yield Corp Bond EUR Dist (IE00BKLC5874). Les ETF cités par Baccino sont tous des fonds de distribution. Cela signifie qu’ils distribuent des revenus aux investisseurs, sur lesquels ils doivent donc payer un précompte mobilier de 30 %.

Pour Sébastien Aguilar, éducateur financier et représentant du mouvement FIRE en Belgique, l’ETF est aussi un produit plus intéressant que le bon d’État. C’est ce qu’il explique dans une analyse postée sur LinkedIn, où il compare le bon d’État à différents autres produits d’épargne ou d’investissement (dont aussi la Bundesobligation citée plus haut). “Je suis un grand fan des ETF obligataires. En particulier les ETF obligataires à court terme comme celui-ci : Amundi Prime Euro Gov. Bonds 0-1Y UCITS ETF (PRAB), ISIN : LU2233156582. Il s’agit d’un panier d’obligations gouvernementales européennes à court terme. Il affiche un rendement actuel de 3,77% (qui variera en fonction des taux d’intérêt) et a un TER (total des frais sur encours, NDLR) de 0,05%.”

Capture d’écran, crédit : Sébastien Aguilar, LinkedIn.

Bien que ce soit un ETF composé d’obligations à court terme, c’est aussi un bon investissement à long terme, pour accompagner des investissements en actions par exemple, estime-t-il. “Si vous devez vendre dans un an, vous paierez 30 % d’impôt sur la plus-value, ce qui revient à environ 2,6 %. Ces chiffres ne tiennent pas compte de la taxe sur les transactions ni des frais. Si vous n’avez pas besoin de vendre dans l’année (la plupart des gens n’en ont vraiment pas besoin), vous pouvez alors laisser votre argent fructifier aussi longtemps que vous le souhaitez, sans avoir à payer plusieurs fois l’impôt sur les intérêts”, les intérêts étant réinvestis dans l’ETF (ce qui est exempté d’impôts).

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