Canicule: les vacances dans le sud restent-elles un must ?

plage Méditerranée Nice
© Reuters

Le mois de juillet, l’un des mois les plus touristiques de l’année, coïncide cette année avec un climat extrême. De nombreux juilletistes ont réservé, sans le savoir, aller-retour vers une canicule extrême. De quoi pousser les vacanciers à choisir des lieux plus frais ? Rien n’est moins sûr

Si le 4 juillet est rentré dans l’histoire comme le jour le plus chaud sur terre depuis le début des relevés, ce record risque d’être vite battu. Les scientifiques prévoient que, ce mois-ci, on pourrait enregistrer les températures les plus élevées depuis 125 000 ans. L’Agence spatiale européenne (ESA) estime ainsi que le record européen de température de 48,8 degrés pourrait tomber dans les prochains jours.

Certaines destinations de vacances sont déjà trop torrides

Des températures extrêmes qui ont déjà des conséquences immédiates. En Grèce, l’Acropole a fermé ses portes au public le week-end dernier. Avec près de 17 000 touristes par jour, ce n’est rien d’autre que l’attraction la plus fréquentée de Grèce. Autant dire que la décision n’a pas été prise à la légère. En Italie aussi, on envisage de plus en plus sérieusement de telles mesures.

Mais en réalité, c’est dans toute l’Europe du Sud que les voyageurs vivent le réchauffement climatique en direct. Ainsi en Italie, le pays en est déjà sa troisième vague de chaleur et ce ne sont pas moins de 16 villes qui sont en code rouge (soit que la chaleur est telle qu’elle met en danger l’ensemble de la population). En Sicile et en Sardaigne, on attend pour mardi des températures allant jusqu’à 48 degrés. Des températures très élevées sont également attendues ailleurs. Par exemple en Espagne, en Pologne, en République tchèque et même dans l’est de la France.

Le chien de l’enfer

Cette vague de chaleur qui ravage le sud de l’Europe et la région des Balkans a été baptisée Cerbère, par le service météorologique italien. Soit le chien à trois têtes qui garde l’enfer dans la mythologie grecque. Mais pas de répit puisque les météorologues affirment qu’une nouvelle “tempête de chaleur” est déjà en route vers l’Italie et la Grèce. Elle a même déjà un nom : Charon, le passeur qui emmenait sur sa barque les âmes vers les enfers. Et on est même pas encore en août.

La Méditerranée, l’une des destinations les plus prisées au monde

Bordés d’une mer azur, les rivages de la Méditerranée ont tout d’une carte postale. Depuis les années 1970, ils sont devenus l’une des destinations les plus prisées au monde pour les deux mois d’été (juillet et août). Au point qu’on annonce 500 millions de touristes d’ici la fin de cette décennie. Ces prévisions dantesques pourraient cependant être revues à la baisse suite au changement climatique. De l’avis des chercheurs, la Méditerranée est un condensé des défis qui menacent notre planète. Elle doit affronter à la fois la pression démographique et le changement climatique. Un changement qui risque de plomber sérieusement le côté idyllique de la région stipule The Guardian puisque la zone serait ainsi deux fois plus vulnérable aux conséquences du réchauffement climatique.

Sous le cagnard exactement

La Méditerranée est en effet l’un des endroits au monde qui se réchauffe le plus. Selon les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le bassin méditerranéen serait l’un des “points chauds du changement climatique”. Alors que la moyenne mondiale est à 1.1% par rapport aux années 1970, la hausse dans cette région affiche déjà 1.5%. L’institut de la Méditerranée annonçait dès 2018 qu’autour de la Méditerranée, la température pourrait augmenter de deux degrés en moyenne à l’horizon 2050.

Le rapport du Giec prévoit aussi une baisse des précipitations de 10 à 60% d’ici la fin du siècle. Et ce alors qu’au cours du vingtième siècle, les précipitations ont déjà diminué de 20 % dans certaines régions et que ces cinquante dernières années la demande en eau a doublé. Et cette sécheresse entraîne à son tour un risque accru d’incendies. Des lieux de villégiatures ont déjà littéralement réduit en cendres. Enfin, si les précipitations se font plus rares, elles se font aussi extrêmes et entraînent dans leur sillage des inondations, orages ou tempêtes. Les crues éclairs qui noient fréquemment les régions méditerranéennes causent ainsi 66 % des dommages-inondation subis par les propriétés privées en France.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, une possible élévation de 35 cm du niveau de la mer devrait entraîner la disparition de kilomètres de plages. Certaines prévisions annoncent même une hausse de plus d’un mètre. Ainsi un rapport publié en 2021 par le Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) a mis en garde contre l’élévation du niveau des mers qui pourrait pousser certaines villes comme Marseille ou Nice à déplacer habitants et principales infrastructures.

Tant que le soleil est garanti

De quoi perturber sérieusement la farniente en bord de mer. Pourtant cela ne semble, pas encore, décourager le vacancier adepte du combo soleil et plage. Un type de vacances privilégié par des centaines de millions d’Européens et pour laquelle la seule chose qui compte c’est que le soleil soit garanti. La hausse des températures ne devrait donc pas décourager tout le monde, tant que la destination reste facile d’accès et bon marché prédisent les spécialistes.  Et sur ce plan beaucoup de destinations méditerranéennes restent imbattables. Pour l’instant, le concept de deux semaines de plage dans le sud de la France, l’Espagne, l’Italie, la Grèce ou encore la Turquie auraient donc encore de beaux jours devant lui.

vacances été

Un constat qui se confirme dans les chiffres puisque les vagues de chaleur profitent à peine aux stations plus septentrionales. On y constate au mieux une hausse de 5 à 10%. La Méditerranée a quant à elle attiré l’année dernière plus de deux fois plus de visiteurs français que la Bretagne et la Normandie réunies.

On change un peu ses habitudes

Face à la chaleur, les habitudes changent pourtant. Mais un peu seulement. Certains privilégient ainsi, si possible, les mois de mai, juin ou encore septembre. D’autres se rendent plus tôt ou plus tard sur la plage. On réserve aussi plus en last minute en fonction du temps.

De leur côté, les stations balnéaires investissent dans des zones d’ombre pour échapper à la chaleur. Faisant fi d’une certaine écologie, l’air conditionné est désormais la norme dans les hôtels, restaurants et les magasins. Des campagnes sont aussi prévues par le ministère de la Santé pour prévenir des dangers d’une trop grande chaleur. À Athènes, de loin la plus chaude des capitales européennes, Elissavet Bargianni a été nommée responsable de la lutte contre les températures estivales extrêmes. Une première.

Le programme Mistrals (Mediterranean Integrated STudies at Regional And Local Scales) a permis de mieux comprendre les processus qui affectent l’environnement en Méditerranée. Et la conclusion est limpide : le point de saturation est proche. On estime qu’en 2030, ses rives compteront 90 millions d’habitants supplémentaires, portant leur total à plus de 550 millions. Et auxquelles viendront s’ajouter presque autant de touristes.

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