Renault et la révolution des petites voitures électriques

La nouvelle Renault R5 électrique, présentée ce lundi à Genève. (Photo by John Keeble/Getty Images)

Un modèle électrique à 25.000 euros et un projet d’alliance européenne pour contrer les modèles chinois : Renault a marqué le coup ce lundi avec la présentation de sa R5 électrique, dessinant le marché de demain. Analyse.

Présentation, très attendue, ce lundi au salon de l’auto à Genève : Renault a dévoilé sa R5 électrique. Ou E-Tech, pour être précis. R5, comme l’ancienne du nom (nostalgie, quand tu nous tiens…) – un modèle emblématique des années 70 et 80. Mais ce n’est pas un retour vers la passé, au contraire : cette citadine électrique a de quoi révolutionner le marché de l’électrique.

Quelques caractéristiques techniques d’abord : elle a jusqu’à 400 kilomètres d’autonomie et se recharge en 30 minutes (de 15% à 80% d’autonomie), précise la marque. L’habitacle se veut très multimédia et propose de nombreuses applications, grâce à Google. Les intéressés devront cependant prendre leur mal en patience : elle ne sortira qu’en automne.

25.000 euros

Autre caractéristique : le prix. La R5 vient à un prix d’environ 30.000 euros. C’est encore beaucoup pour une citadine, mais un deuxième version, à 300 km d’autonomie, sortira par la suite. Celle-ci coûtera 25.000 euros.

Ce prix-là, c’est le Saint-Graal du marché. De nombreux constructeurs veulent l’atteindre. Citroën par exemple sortira sa e-C3 plus tard cette année, qui démarrera à un prix de 23.000 euros. Volkswagen et Tesla sont aussi dans la course pour développer un modèle à ce prix, avec une autonomie convenable (la Dacia Spring, à 21.000 euros, a par exemple une autonomie de 230 à 300 kilomètres, ce qui est peu). C’est dans ce sens-là qu’il faut comprendre la présentation de Renault : le groupe français marque sa position dans la course au modèle à 25.000 euros.

L’autre intérêt d’atteindre ce prix est la concurrence des marques chinoises. Pour l’instant, elles se sont concentrées sur des modèles plus grands et plus premium. Mais elles devraient aussi débarquer avec des modèles plus petits dans cette fourchette de prix. Les marques européennes ne veulent donc pas perdre être prises de court sur ce segment.

Alliance européenne contre la Chine ?

La Chine préoccupe les constructeurs européens, on le sait. Mais c’est là justement que la présentation de Renault est également révolutionnaire : la marque au Losange appelle ses consœurs à faire une alliance pour contrer l’Asie. “Nous sommes prêts pour le défi”, affirme Luca De Meo, CEO de Renault, devant la presse ; “nous” étant l’industrie européenne de l’automobile.

Il annonce ensuite avoir tendu le bras vers son homologue chez VW, Oliver Blume, et propose de construire une plateforme commune pour la prochaine Twingo électrique (de Renault) et un modèle de VW. Cela permettrait de réduire les coûts de production et d’être plus compétitif. Il donne aussi l’exemple d’Airbus, pour appeler à une coopération plus profonde entre les marques européennes, et se hisser ainsi à une position dominante dans le monde.

La Chine au salon de l’auto

Signe que les modèles chinois sont bien présents sur le marché européen : de nombreuses marques ont leur stand au salon de l’auto. MG, détenu par l’entreprise publique chinoise SAIC, a d’ailleurs profité de l’occasion pour annoncer la sortie de son hybride MG3 en Europe.

BYD, qui a damé le pion au numéro un mondial des VE, Tesla, en termes de ventes sur le quatrième trimestre, a failli remporter le titre de “Voiture de l’Année” au salon avec son Seal. Il a finalement été attribué à la Scenic de Renault, mais le fait que BYD s’est retrouvé dans la sélection montre que les marques chinoises sont bel et bien présentes en Europe.

D’ailleurs, un détail curieux et significatif pour montrer la présence et l’avancée de la Chine : alors que Renault présente une citadine et que les marques européennes veulent faire la révolution avec des petites voitures, BYD a présenté une supercar électrique, ce week-end. La U9 de Yangwang (la marque de luxe de BYD, lancée l’année dernière) doit ainsi concurrencer Ferrari, en termes de performance sportive. Elle a une vitesse de pointe annoncée à 309 km/h et passe de 0 à100 km/h en 2,36 secondes. Elle vient à un prix de plus de 200.000 euros et les livraisons commenceraient cette année déjà. Les marques de supercars européennes n’ont pas encore sorti de modèle électrique (mais ont annoncé des plans) ; à voir donc si BYD peut grappiller des parts de marché dans ce monde très sélect.

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