Les voyages en avion à petit prix, c’est fini

/ /

La crise sanitaire est désormais derrière nous et les personnes ont à nouveau envie de voyager. Mais les prix des billets d’avion sont bien plus chers que ce qu’ils avaient imaginé. Est-ce la fin des vols low cost ?

Le secteur aérien ayant été quasi paralysé durant la crise sanitaire, on pensait qu’il allait tout faire pour attirer les foules, à commencer par brader les prix des billets. Sauf que plusieurs grains de sable sont venus s’interposer dans les rouages et les prix se sont envolés. Tellement haut qu’un retour vers des vols « bon marché » devient difficile à envisager. Que s’est-il passé ?

Une des nombreuses raisons est tout bonnement la loi de l’offre et la demande: en manque de voyages, les consommateurs sont prêts à payer plus cher leurs billets. Et les prix des billets d’avion ont grimpé en flèche. Et la mauvaise nouvelle pour les consommateurs, c’est que les prix de ces billets d’avion devraient rester élevés pendant plusieurs années. C’est du moins l’avis de Michael O’Leary, le patron de la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts Ryanair.

Manque d’avions et de personnel

Une autre raison est un manque d’avions. Les compagnies aériennes ont dû immobiliser une grande partie de leur flotte durant la crise sanitaire, car la demande était pour ainsi dire inexistante. En effet pas moins de 16 000 avions, soit environ les deux tiers de la flotte commerciale mondiale, ont été cloués au sol.

Aujourd’hui, il est impossible de les remettre en service aussi rapidement, question de sécurité. Après une immobilisation pareille, les remettre en état de vol est une tâche gigantesque, il faut une centaine d’heures de travail de révision pour s’assurer qu’ils sont assez sûrs pour voler à nouveau.

Les compagnies aériennes ont essuyé des pertes de près de 200 milliards de dollars au cours de l’année écoulée et plusieurs milliers d’emplois ont été supprimés dans ce secteur. Alors que la reprise est désormais bien amorcée pour le secteur aérien, le recrutement ne suit pas. Bon nombres d’anciens travailleurs, qui étaient bien formés, ont décidé de changer complètement de carrière afin d’avoir des emplois plus stables. Les compagnies aériennes ont dès lors dû redoubler d’efforts pour fidéliser le personnel restant tout en attirant de nouvelles recrues, ce qui les a amenées à proposer de meilleurs salaires. Des meilleurs salaires qui se sont répercutés aussi dans les prix des billets d’avion.

Prix élevés du carburant

Si les prix du pétrole ont quelque peu baissé au cours de l’année écoulée, le brut est toujours plus cher qu’en janvier 2019, ce qui pose un sérieux problème aux compagnies aériennes : le carburant est leur principal poste de dépenses. De plus de nombreux compagnies aériennes, principalement les low cost, ne couvrent pas leur consommation de carburant, ce qui les rend vulnérables aux hausses de prix provoquées par des événements exceptionnels tels que l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Pénurie et retard

Faute aux pénuries, les constructeurs aéronautiques ont également pris du retard: pénurie de main-d’œuvre chez les sous-traitants, pénurie de certaines matières premières telles que le titane, à cause des sanctions contre la Russie, ce qui a fait grimper le prix des pièces.

L’obtention de nouveaux moteurs est un autre casse-tête. Des compagnies, telles que Spirit Airlines Inc. et IndiGo (Inde), ont été contraintes d’immobiliser de nouveaux avions à cause de la pénurie de pièces détachées et des difficultés, rencontrées par les constructeurs aéronautiques, pour construire de nouveaux moteurs et turbines. Certaines technologies nécessitent également une maintenance plus fréquente, car les pièces s’usent plus rapidement.

“La capacité est un défi”, déclarait M. O’Leary, de Ryanair, lors d’une conférence organisée par Bloomberg ce mois-ci. “À moyen terme, l’incapacité d’Airbus et de Boeing à augmenter de manière significative leur production souligne que la capacité restera un défi pour les deux, trois ou voir les cinq prochaines années.” Il s’attend à une augmentation du prix ds billets de plus de 10 % cet été, après des hausses allant jusqu’à 15 % l’année dernière.

Réouverture trop lente de la Chine

Avant la pandémie, la Chine était la source de près de 280 milliards de dollars de dépenses touristiques annuelles. Or, la deuxième économie mondiale est encore en pleine reconstruction post-covid, du moins en ce qui concerne l’enthousiasme de ses citoyens à l’idée de risquer de voyager à nouveau. Selon une enquête mentionnée par Bloomberg.com, plus de 30 % des Chinois ont exclu tout voyage à l’étranger en 2023.

Pour l’Association des compagnies aériennes d’Asie-Pacifique, il faudra au moins un an pour que la Chine retrouve les niveaux de trafic aérien international d’avant la pandémie.

Cette lenteur de la réouverture rend les compagnies aériennes frileuses à l’idée de ramener tous leurs appareils et toutes leurs capacités, avec pour conséquence une diminution du nombre de sièges sur les liaisons internationales, une réduction de la demande et une hausse des tarifs aériens. 

(source: Bloomberg.com)

Retrouvez l’ensemble des articles de notre dossier Vacances d’été 2023

Partner Content