“Le gros défaut dans la plupart des entreprises, c’est qu’elles ne savent pas ce qu’elles consomment”
La perte d’énergie n’est pas une fatalité pour les entreprises qui, face à la flambée des prix, cherchent à diminuer leur consommation. À condition bien sûr d’en repérer les signaux et les causes. C’est là qu’intervient l’auditeur énergétique.
Pendant deux semaines, Trends Tendances pose des questions très concrètes concernant la crise énergétique et économique. Nous avons notamment demandé à Caroline Mouton, auditrice énergétique agréée, et Jean-Benoit Verbeke, facilitateur énergétique et Expert Energie & CO2 auprès des autorités wallonnes et bruxelloises, quelles sont les erreurs les plus régulièrement commises par les entreprises en matière de consommation et de perte d’énergie. Voici ce qu’ils nous répondent.
Un manque d’informations précises
Caroline Mouton: “Ce qu’on a toujours du mal à avoir, ce sont des précisions en matière de consommation énergétique. On va avoir une consommation globale pour un bâtiment mais on ne sait pas quelle est la proportion liée à l’eau chaude sanitaire, liée au chauffage… Même pour l’éclairage, on n’a pas vraiment de détails. On se retrouve avec une consommation annuelle, et on n’a jamais les consommations mensuelles… C’est déjà un gros défaut dans la plupart des entreprises. Ils ne monitorent pas leur consommation, ils ne savent pas combien ils consomment. Prendre connaissance de la consommation réelle des entreprises, c’est déjà une première chose.”
Une mauvaise gestion des consommations
Jean-Benoit Verbeke: “Les défauts les plus réguliers, c’est ce qu’on appelle les “marche à vide”. C’est quand notre installation fonctionne alors qu’elle ne produit rien. C’est quand le bâtiment est chauffé ou éclairé alors qu’il n’y a personne dedans. Ces marches à vide sont plus courantes. Et en général, les entreprises n’en ont pas tout à fait conscience parce qu’elles ne sont pas nécessairement attentives aux détails de leur consommation. Par exemple, quand vous avez un circulateur qui tourne dans une chaudière, ce n’est pas sûr que vous allez en être conscient s’il tourne ou pas en été.”
Caroline Mouton: “Les grosses pertes énergétiques, c’est aussi vraiment dans la gestion et régulation. Parfois on chauffe encore la nuit, ou le week-end alors qu’il n’y a personne. Pareil pour l’éclairage, on voit que les bureaux restent parfois allumés toute la nuit, ou qu’il n’y a pas de détecteurs dans des salles de réunion qui restent donc allumées en permanence alors qu’il n’y a personne qui les occupe.”
Un problème d’isolation
Caroline Mouton: “Au niveau des pertes énergétiques, on a les parois, de manière générale. Un bâtiment où l’on va encore avoir du simple vitrage, des toitures non isolées… Cela concerne plus souvent le public, où on a encore des bâtiments plus anciens. Avec des bureaux, l’enveloppe est parfois un peu mieux.”
Jean-Benoit Verbeke: “En tant que facilitateurs, on va agir sur les Quick Wins. Par exemple l’isolation des tuyauteries. Ce sont des choses qui ne coûtent pas très cher et dont l’entreprise en général n’a pas nécessairement conscience. Et lorsque je parlais des marches à vide, on pourrait même y inclure l’isolation thermique des surfaces.”
Des équipements vétustes
Caroline Mouton: “On se rend compte parfois aussi que les entreprises ont encore de vieilles chaudières au gaz qui ne sont pas à condensation. On compte parfois des vieux systèmes à remplacer. Côté éclairage, il n’y a pas toujours du LED partout.”
Une transition lente vers les énergies renouvelables
Caroline Mouton: “Et enfin, souvent, on n’a pas encore d’énergie renouvelable, donc pas de photovoltaïque, pas de solaire/thermique, pas de pompe à chaleur.”
Jean-Benoit Verbeke: “C’est vrai que beaucoup d’entreprises nous téléphonent pour nous demander s’ils ne devraient pas mettre du photovoltaïque. C’est assez courant.”
Des solutions à la crise
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