Audit énergétique: quand des experts traquent les pertes d’énergie de votre entreprise
Pour réaliser des économies d’énergie, entreprises et indépendants doivent d’abord comprendre leur consommation. Réaliser un audit énergétique s’avère dès lors essentiel: il identifie exactement où se situent les pertes et indique quels travaux entreprendre pour améliorer l’efficacité énergétique d’une industrie.
La hausse des coûts de l’énergie font de la performance énergétique un enjeu majeur pour tous les secteurs d’activité. Industries, PME, indépendants… Tous ont aujourd’hui intérêt à mettre en place les bons réflexes, quitte à réaliser des travaux pour améliorer leur efficacité énergétique. Mais que faire, et dans quel ordre? Pour tout comprendre de leur consommation, l’audit énergétique s’avère être un atout indispensable.
Comprendre pour mieux agir
Mais de quoi s’agit-il exactement ? “Réaliser un audit énergétique, c’est faire un état des lieux de l’industrie d’un point de vue énergétique. Donc aussi bien au niveau de l’enveloppe que des équipements et du process”, explique Caroline Mouton, auditrice agréée et responsable de Projets Développement Durable au sein de la société Bsolutions. Une fois l’analyse achevée, l’auditeur propose ensuite des solutions pour améliorer l’efficacité énergétique d’une industrie et ainsi réduire sa facture d’énergie. “C’est un état des lieux, une analyse et des recommandations”, synthétise l’experte.
En pratique, un audit se décompose en trois grosses phases:
- démarrage de l’audit (réunion et visite de site) et analyse des flux énergétiques (construction d’un tableau de répartition des consommations d’énergie);
- élaboration d’un plan d’actions sur base d’un cahier des charges minimum et rapport de l’audit;
- suivi de l’audit.
Nous avons demandé à Jean-Benoit Verbeke, facilitateur et expert Energie & CO2 auprès des autorités wallonnes et bruxelloises de nous expliquer en quoi consistent ces différentes étapes.
1. Démarrage de l’audit + analyse des flux énergétiques
“La première phase consiste à faire l’état des lieux de la situation et de repérer quelles sont les consommations des différents équipements. On est sur un travail quantitatif alors que le travail d’un facilitateur – l’étape qui précède l’audit – est davantage qualitatif. Donc ici, on analyse qui consomme quoi dans l’entreprise. Pour cette première phase, il y a bien sûr des réunions, le relevé des plans, le relevé des puissances de ce qu’on appelle les forces motrices, le relevé des compteurs, les mesures… C’est tout un travail pour rassembler toutes ces informations.”
2. Élaboration d’un plan d’actions + rapport de l’audit
“Dans la seconde phase de l’audit, on s’intéresse au plan d’actions. C’est-à-dire identifier un maximum d’améliorations – on a facilement 20 à 30 améliorations qui sont détectées lors d’un audit. On va ensuite évaluer, c’est-à-dire chiffrer, les plus significatives, les plus importantes. Il y en a facilement une dizaine voire une quinzaine que l’on va trier numériquement des plus intéressantes au moins intéressantes. De ce plan d’actions va découler un objectif, que l’entreprise pourrait atteindre si elle faisait toutes ces améliorations-là. Objectif qui est fixé par rapport à son année de référence.”
3. Suivi de l’audit
“La troisième et dernière phase de l’audit est de suivre la performance énergétique de l’entreprise. C’est de loin la partie la plus délicate. Il s’agit d’identifier alors les indicateurs d’activités, c’est-à-dire les variations de périmètres – que fait l’entreprise, les variations de production, les variations de climat, les variations du nombre de personnes éventuellement – pour fixer et pour évaluer la performance énergétique et CO2 de l’entreprise. Ce n’est pas tout d’avoir dis que j’allais isoler mon toit et que cela me rapporterait 20% sur le papier. Est-ce que dans la pratique, j’observe que, pour un climat équivalent, j’ai effectivement réduis la facture de 20%.”
Qu’analyse-t-on lors d’un audit énergétique?
Pour Caroline Mouton, l’objet de l’analyse d’un auditeur se résume en un mot : “Tout”. Il porte en effet sur l’ensemble des activités des entreprises, c’est-à-dire les consommations énergétiques qui leurs sont imputables et dont les factures d’énergie sont à charge de l’entreprise:
- l’activité opérationnelle;
- le bâtiment;
- la production et la transformation d’énergie;
- le transport interne non sous-traité.
“C’est un travail à 365°, on regarde tout”, confirme Jean-Benoit Verbeke qui, en tant que facilitateur énergie, effectue plutôt un travail d’analyse en amont de l’audit énergétique, une sorte de précheck. “On regarde non seulement le bâtiment, mais aussi les outils de production et les aspects renouvelables.”
Chauffage, refroidissement, ventilation, éclairage, process… Rien n’est laissé de côté lors d’un audit énergétique. “On analyse toutes les consommations, c’est-à-dire gaz, électricité, mazout, biomasse… et aussi les pertes”, détaille encore l’auditrice de Bsolutions. “On regarde notamment l’enveloppe énergétique, c’est-à-dire l’enveloppe d’un bâtiment, pour vérifier s’il est performant ou pas. Donc là, effectivement, on parle de chauffage et de refroidissement. Pour le chauffage, il peut également y avoir des pertes liées à une chaudière qui n’est pas performante, et là, on parle de perte à la production. Mais il y a aussi des pertes liées à la distribution ou à la régulation. Je m’explique: parfois, on arrive dans des bureaux où l’on chauffe et on refroidit en même temps un open space, c’est clairement un problème de gestion/régulation”.
Simple avis ou obligation
Depuis 2016, les grandes entreprises sont soumises à une obligation d’audit énergétique à réaliser tous les 4 ans. En Wallonie, cela ne touche que les grandes entreprises au sens de la définition européenne, c’est-à-dire que le personnel est composé d’au moins 250 salariés, que son chiffre d’affaires excède 50 millions d’euros et que le bilan annuel total s’élève à 43 millions d’euros. À Bruxelles, il s’agit de tout établissement qui possède une superficie de plancher, non affectée au logement, supérieure à 3500 m2.
Mais une fois l’audit énergétique réalisé et le plan d’actions élaboré, les entreprises sont-elles obligées d’investir dans des travaux pour respecter ces recommandations? “Cela va dépendre de la législation. Que ce soit en région wallonne ou en région bruxelloise, l’obligation va dépendre du type d’audit“, explique Jean-Benoit Verbeke.
On a deux grands types d’audit :
- l’audit réglementaire, qui est une transposition d’une directive européenne : dans ce cas-là, l’audit n’impose pas le plan d’actions, ni en Wallonie ni à Bruxelles.
- l’audit volontaire, qui sous-entend en région wallonne la notion “d’accords de branche” : ces accords consistent à élaborer un contrat entre la Wallonie et les secteurs industriels. Par ce contrat, les entreprises s’engagent à améliorer leur efficience énergétique et à réduire leurs émissions de CO2. En résumé,il y a un objectif fixé que les entreprises doivent atteindre. Dans ce cas-là, l’audit impose donc en partie le plan d’actions. En région bruxelloise, si l’audit énergétique est réalisé dans le cadre de l’obtention d’un permis d’environnement et que les entreprises sont des grosses consommatrices, elles sont obligées d’atteindre l’objectif fixé par l’audit énergétique.
Qui dit audit, dit primes et soutien financier
Pour encourager les entreprises à réaliser un audit énergétique, ces dernières peuvent demander une aide financière. En Wallonie, il existe ce qu’on appelle le programme AMURE, qui subsidie un audit énergétique ou une étude de préfaisabilité pour les entreprises. Lorsque l’entreprise participe à un accord de branche, le programme AMURE subsidie également l’audit de suivi annuel et l’étude de faisabilité renouvelable. Le taux d’intervention varie de 50 à 75% en fonction du type d’entreprise.
Il existe aussi les chèques-énergie qui sont spécialement destinés aux PME. Ils couvrent 75 % des dépenses pour la réalisation d’études mesurant l’efficience énergétique des bâtiments, des éclairages ou/et des procédés de production.
Outre le financement de la réalisation de l’audit énergétique, le programme AMURE subsidie certains travaux de rénovation énergétique des PME et TPE tel que :
- l’isolation des parois ;
- la ventilation ;
- l’éclairage LED ;
- l’isolation des chambres froides.
Pour une moyenne entreprise, 40% des coûts pourront être subventionnés. Pour une petite entreprise, le taux de subvention grimpe à 50%.
Des solutions à la crise
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici