Défaut de paiement: les secteurs de la construction, du textile et de la métallurgie les plus exposés
La plus forte probabilité de non-paiement des factures se trouve dans les industries du bâtiment, du textile et de la métallurgie, selon un rapport de l’assureur-crédit Allianz Trade.
L’assureur-crédit Allianz Trade a analysé 18 secteurs dans 70 pays. Il ressort de sa notation du risque sectoriel que le risque d’impayés augmente dans presque tous les secteurs en Europe. Les industries du bâtiment, du textile et de la métallurgie sont les plus exposées au non-paiement des factures, c’est le cas aussi en Belgique. C’est une conséquence logique des conditions économiques difficiles et de la baisse de la croissance, observe Allianz Trade. Selon l’assureur, la croissance du PIB mondial tombera à +2,5 % cette année, son niveau le plus bas depuis 2019.
Allianz Trade a utilisé 4 critères pour la ‘notation du risque sectoriel’ : la demande de produits, la rentabilité, la liquidité et l’environnement commercial. « À l’échelle mondiale, nous constatons une augmentation généralisée des risques liés aux paiements. Même si nous constatons des différences selon les régions. C’est en Asie que le risque a relativement le moins augmenté, tandis que les pays d’Amérique du Sud apparaissent comme les pays les plus risqués. Et en Europe, le risque de défaut de paiement est à son tour plus élevé qu’aux États-Unis. »
Des secteurs sensibles à la hausse des taux
L’expert de chez Allianz explique que ces différents secteurs sont très sensibles aux prix élevés de l’énergie et à la hausse des taux. Il commente pour Trends Tendances : « Le secteur de la construction en Belgique est très sensible à la hausse des taux d’intérêt. La BCE a relevé ces derniers mois les taux à court terme, à chaque fois de 0,20 taux de base. Nous sommes actuellement à 4 %.”
Dans le secteur de la construction, cette sensibilité au taux d’intérêt joue fortement. Johan Geeroms poursuit: “D’une part, du côté de la demande. Les jeunes familles ont actuellement plus de difficultés à acquérir un logement, compte tenu de ces taux plus élevés. Mais d’autre part, le secteur du bâtiment a souvent de projets plus longs. Il est donc souvent nécessaire d’obtenir un financement dans l’intervalle. Il a aussi beaucoup moins de visibilité sur le prix des matières premières, des briques d’emballage, du ciment… Le matériau d’isolation est un dérivé des produits pétroliers. Je n’ai pas besoin de vous dire que le pétrole est actuellement à son plus haut niveau depuis neuf mois. Les coûts sont donc très élevés dans le secteur. Bien entendu, les prestataires s’efforcent d’inclure des clauses dans leurs contrats pour permettre des ajustements de prix. Mais il faut aussi que les prix restent abordables. »
D’autres éléments viennent perturber la bonne santé financière du secteur. Pensons également à l’augmentation des salaires et au coût des matières premières par rapport à l’avant-Covid. En plus de cela, les prix de l’immobilier sont également en baisse. Le rapport d’Allianz cite également les réglementations (y compris environnementales) comme un obstacle majeur.
Métallurgie & textile
Johan Geeroms commente à propos de l’industrie métallurgique : « Sur le plan énergétique, c’est la même histoire. L’industrie métallurgique est un secteur très énergivore qui bénéficie depuis des années du gaz russe bon marché. L’industrie métallurgique européenne avait déjà tiré la sonnette d’alarme l’année dernière. Bien que les prix de l’énergie aient baissé, ils restent en moyenne très élevés. C’est surtout l’industrie des métaux de base qui traverse une période difficile. Le zinc et l’aluminium, par exemple ».
Effet domino
Selon le spécialiste, l’industrie textile est aussi touchée de plein fouet. « Les prix élevés de l’énergie n’affectent pas seulement la production et le transport. Les combustibles fossiles constituent également une matière première importante pour la production textile. Deux tiers de tous les textiles sont constitués de fibres synthétiques. »
Johan Geeroms met en garde particulièrement les PME belges contre le risque de non-paiement. Ce segment le préoccupe grandement. Il est en effet impacté, entre autres, par l’augmentation des salaires. « Les entreprises doivent être particulièrement vigilantes. Une seule grosse facture impayée peut mettre une PME en difficulté. Des problèmes de liquidité peuvent également surgir lorsque le paiement des factures impayées est de plus en plus différé. Une entreprise en contamine une autre. Il en résulte un effet domino. »
42% de faillites en plus
Et de rappeler que l’année dernière, en Belgique, 42 % de faillites en plus ont été enregistrées par rapport à l’année précédente. Les PME ont en effet tenu le coup en 2020 et 2021 parce qu’elles ont bénéficié de nombreuses aides d’Etat pendant la crise, et que les tribunaux étaient fermés. Il n’y a pas eu de jugements pour les faillites. Ces dernières ont été déclarées en 2022. « Nous sommes toujours en dessous du niveau pré-covid, avance Geeroms qui s’inquiète aussi pour les entreprises dites “zombies”. “Il s’agit d’entreprises qui n’étaient déjà plus viables avant la crise, principalement dans le commerce, et le transport.”
Comment se prémunir des défauts de paiement ?
Pour se prémunir des défauts de paiement, les PME peuvent mettre plusieurs mesures en place, conseille l’expert en risque. « Il s’agit du partage du potentiel diversifié. Par exemple, si vous avez un client et que 80 % de votre chiffre d’affaires lui revient, s’il fait faillite, vous avez un très gros problème. En fin de compte, la défaillance de votre client peut entraîner une pénurie de liquidités.”
Dans ce contexte, il peut être utile de s’offrir les services d’un assureur en crédit qui pourra analyser la solvabilité des clients d’une société, avance le spécialiste d’Allianz Trade. “Une assurance-crédit peut protèger le chiffre d’affaires.”
Dans un portefeuille sain, il faut une base de clients saine aussi géographiquement, conseille encore Geeroms. “Si vous exportez et que vous avez 40 clients en Turquie, vous avez peut-être 40 clients, mais vous n’êtes actif que dans un seul pays. Il s’agit donc à la fois de veiller à une répartition en termes de portefeuille de clients et d’une répartition géographique.”
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En Belgique, l’expert en risque souligne qu’en comparaison avec ces différents secteurs en difficulté (construction, textile, metallurgie), nous avons un secteur pharmaceutique qui se porte très bien, avec des sociétés porteuses comme UCB, GSK. Les produits pharmaceutiques, les logiciels et les services informatiques sont les mieux notés du rapport d’Allianz.
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