Deal of the Year: L’acquisition d’URSA par Etex
Plus de 10 ans après avoir acquis l’activité plâtre du cimentier Lafarge, l’entreprise belge spécialisée dans les solutions de construction légères Etex a réalisé l’an dernier une nouvelle acquisition transformatrice en mettant la main sur le groupe espagnol URSA, grand spécialiste des produits d’isolation (laine de verre, polystyrène extrudé).
Une acquisition de taille, la deuxième plus grande de son histoire : Etex a déboursé 960 millions d’euros pour cette entreprise présente dans une vingtaine de pays et qui réalise un chiffre d’affaires de plus d’un demi-milliard d’euros. Et, surtout, une opération hautement stratégique qui permet à la foi de placer Etex sur un nouveau marché et de lui offrir de nouvelles opportunités de croissance.
Motivation et cadre stratégique. « Tout a commencé en 2018, explique Carla Sinanian, chief strategy officer d’Etex. Nous avions revu et redéfini notre stratégie afin de devenir le leader dans les matériaux et les solutions de construction légères et durables. Nous avons donc décidé de nous retirer des activités non durables, comme les tuiles en terre cuite et en béton. Ces retraits ont augmenté notre « puissance de feu » pour de nouvelles acquisitions, une puissance de feu renforcée aussi par nos bons résultats. » Nous avons passé en revue les divers segments d’activité du marché, leurs perspectives de long terme, leur attractivité en termes de profitabilité, les positions concurrentielles, les opportunités de consolidation. »
De cet exercice, a résulté le constat que le marché de l’isolation cochait les bonnes cases. « Plus tard, en 2021, nous avons identifié URSA comme une des cibles potentielles », note Carla Sinanian. URSA s’intégrait bien dans le portefeuille de l’entreprise belge, permettait de développer une nouvelle plateforme de produits centrés sur l’isolation et assurait à Etex une entrée rapide dans ce marché en rachetant un groupe qui était numéro trois européen du secteur. Un point important car, explique Carla Sinanian, « le marché est déjà consolidé. Il existe donc peu de joueurs, et les barrières à l’entrée sont importantes. » Non seulement URSA était une entreprise leader dans le secteur visé par Etex, mais elle était très bien gérée et avait un actionnariat susceptible de vendre. « URSA faisait partie du groupe allemand Xella depuis 2017, lui-même propriété de la firme de private equity Lonestar, ce qui rendait l’actif potentiellement actionnable. Voilà comment tout cela a commencé », résume la responsable de la stratégie de l’entreprise belge. L’acquisition d’URSA rencontrait aussi les exigences financières d’Etex.
« Lorsque nous achetons un actif, explique Carla Sinanian, nous regardons le potentiel de création de valeur. Nous regardons si cette acquisition est relutive (si elle améliore le résultat par action, Ndlr) et évidemment sa valorisation. Pour URSA, nous avons payé un multiple de l’Ebitda de 2021 de cette entreprise. C’était un prix honnête. Au sein d’Etex, URSA montre déjà des résultats financiers solides et a réalisé des performances 2022 supérieures à celle de notre business plan », se réjouit-elle.
Et puis, il y a l’aspect humain. Pour que l’acquisition réussisse, il faut aussi entraîner dans le voyage les différentes parties prenantes, poursuit Carla Sinanian. « Dans une telle opération, vous n’achetez pas seulement un actif, vous vous vendez aussi vous-même. Il faut que les personnes de la société que vous achetez désirent rester ». Carla Sinanian poursuit : « Nous ne connaissions pas le management. La première fois que je les ai rencontrés, lors d’une réunion, ils nous ont dit que rien n’était décidé. Mais nous avons bâti chez Etex une certaine crédibilité dans le monde des acquisitions: quand nous disons que nous sommes intéressés, cela signifie que nous avons déjà réalisé notre travail préparatoire et que nous avons l’agilité nécessaire pour l’exécuter ».
Vers la fin de l’année 2021, l’équipe d’Etex rencontre donc le management d’URSA pendant une journée entière et visite une dizaine de sites opérationnels sur une semaine. « Nous avons eu une très bonne évaluation. Ils connaissaient très bien leur marché, assuraient très bien la gestion… Il était très important que les deux cultures d’entreprises puissent s’entendre. »
Le reste est ensuite allé assez vite. « Nous avons réalisé l’opération en huit à dix semaines grâce au travail de nombreux départements d’Etex : stratégie, finance, légal, ressources humaines, communication, … », conclut Carla Sinanian.
Encadrement. Etex a été conseillé par JP Morgan, Deloitte et Freshfields.
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