Avec Unifiber, la fibre optique gagne la Wallonie

Nico Weymaere et Laurent Petit, respectivement CEO et directeur commercial d'Unifiber © PG
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

Créée conjointement par l’opérateur Proximus et la société belgo-néerlandaise Eurofiber, l’entreprise Unifiber veut connecter 600.000 entreprises et foyers wallons à la fibre optique d’ici 2028. Coup de projecteur sur un vaste chantier.

Depuis ce 1er février, la commune de Waterloo revêt une dimension doublement historique. Il y a l’indéboulonnable Lion, bien sûr, symbole de la fameuse bataille perdue par Napoléon en 1815. Et puis, il y a ces nouveaux kilomètres de câble rose qui font de Waterloo la toute première ville wallonne à proposer, en 2023, la commercialisation de la fibre optique aux opérateurs télécoms via l’entreprise Unifiber et, par ricochet, à tous ses habitants.

Ce deuxième fait de l’Histoire peut sembler bien anecdotique en regard du premier, mais il s’agit pourtant d’une vraie révolution technologique. Capable de transmettre les données numériques à la vitesse de la lumière, la fibre optique offre en effet un débit de transmission nettement supérieur à celui des câbles en cuivre ou coaxiaux, encore majoritairement utilisés à l’heure actuelle.

En clair: cette technologie permet aux opérateurs télécoms de fournir une connexion internet stable et ultra-rapide qui garantit aux habitants d’un même foyer d’être connectés à plusieurs sans subir le moindre temps de latence. Idéal donc, pour pouvoir au même moment regarder la télévision, surfer sur le web, participer à une réunion Zoom, faire un achat en ligne ou encore jouer en réseau à une partie de Fortnite sans la moindre frustration d’une connexion défaillante ou soudainement interrompue.

Créée en juillet 2021 pour accélérer le déploiement de la fibre optique en Wallonie, Unifiber est une entreprise détenue à parts égales par Proximus (premier opérateur télécom du pays) et Eurofiber, une société belgo-néerlandaise spécialisée elle aussi dans le développement d’infrastructures pour la fibre optique. Unifiber se veut toutefois indépendante et souhaite d’ailleurs mettre son réseau à la disposition de tous les opérateurs “de manière ouverte et non discriminatoire”, dixit son CEO Nico Weymaere. Chaque opérateur télécom peut donc, sous les mêmes conditions, bénéficier de cette infrastructure pour offrir des services de fibre optique à ses clients.

Nous voulons installer un réseau d’accès durable, pour minimum 80 ans.”

“On a complètement changé de modèle, détaille le CEO d’Unifiber. Auparavant, il y avait une vraie compétition sur les différents réseaux. Aujourd’hui, nous voulons installer un réseau d’accès durable, pour minimum 80 ans, où chaque opérateur est bienvenu et traité de la même façon.”

Concrètement, le citoyen est libre de choisir son opérateur télécom pour bénéficier de la fibre optique déployée par Unifiber, pour autant que les deux partenaires aient évidemment conclu un accord. Dans cette logique, l’entreprise dit aujourd’hui “se réjouir du récent accord entre Telenet et Orange/VOO et serait ravi de pouvoir offrir ses services sur son tout nouveau réseau” (sic).

Objectif 600.000

Ambitieux, le plan d’attaque d’Unifiber pour mailler la Wallonie prévoit, à l’horizon 2028, le raccordement de 600.000 foyers, entreprises et magasins à la fibre optique. L’entreprise Proximus s’occupera elle-même des grandes villes (Liège, Namur, Charleroi, etc.) tandis qu’Unifiber se chargera des villes à densité moyenne et des autres communes du territoire wallon.

Actuellement, des travaux sont en cours dans une petite douzaine de communes (Jodoigne, Courcelles, Huy, Verviers, Dour, etc.) mais c’est donc à Waterloo que revient l’honneur d’être aujourd’hui la toute première ville wallonne à proposer aux opérateurs télécoms la commercialisation du réseau de fibre optique déployé par Unifiber.

Pour le déploiement de cette technologie, il n’y a pas de permis délivré par commune. Il faut un permis pour chaque rue et cela représente un frein.”

Au total, ce ne sont pas moins de 10.000 km de fibre optique qui seront ainsi déployés dans les cinq ans à venir pour un investissement chiffré à un milliard d’euros. “Ces travaux ne coûtent rien aux communes, précise Laurent Petit, directeur commercial chez Unifiber. Nous prenons en charge tous les frais de déploiement dans une première phase et les frais de connexion dans une deuxième phase. Nos revenus seront générés par nos clients, c’est-à-dire les opérateurs télécoms qui paieront pour l’utilisation de notre infrastructure.”

Il faudra donc s’attendre probablement à une répercussion sur la facture du consommateur final qui devrait payer un petit supplément pour bénéficier à l’avenir des performances d’un tout nouveau “pack fibre optique”.

Respecter le droit

Basée à Waterloo, l’entreprise Unifiber compte aujourd’hui 30 employés dans ses bureaux et va mobiliser au total près d’un millier de travailleurs qui seront, directement ou indirectement, impliqués sur ses chantiers d’ici 2028. Récemment, Proximus a fait les frais d’une mauvaise publicité avec les révélations du journal De Tijd concernant des infractions au droit du travail chez son autre partenaire Fiberklaar chargé de déployer son réseau de fibre optique au nord du pays.

Mais Unifiber tient à prendre ses distances: “Bien sûr, cette polémique a suscité une certaine inquiétude dans les communes où nous travaillons, réagit le CEO Nico Weymaere, mais nous avons des accords avec nos sous-traitants qui prévoient explicitement que toute personne travaillant pour Unifiber dispose d’un contrat de travail en bonne et due forme. Nous avons toujours été très proactifs par rapport au respect du droit du travail, mais nous allons malgré tout renforcer davantage les contrôles sur le terrain pour qu’il n’y ait aucune infraction”.

Site interactif

Sur les 10.000 km de fibre optique qui seront déployés dans les cinq ans à venir, Unifiber en a déjà installé plus d’un millier, ce qui correspond à 5.300 “points de connexion” opérationnels sur les 600.000 raccordements prévus à l’horizon 2028. Dans le courant de cette année, 26 communes wallonnes seront concernées par des travaux d’installation et, pour permettre au citoyen wallon d’en savoir plus, l’entreprise a inauguré un tout nouveau site. En introduisant son adresse dans un moteur de recherche, chaque citoyen peut ainsi juger de l’état d’avancement de la fibre optique dans sa commune, et en particulier par rapport à son habitation.

Bien sûr, le déploiement de cette technologie nécessite de gros travaux qui ne sont malheureusement pas simplifiés par les procédures administratives. “Actuellement, il n’y a pas de permis délivré par commune pour effectuer ces travaux, explique Laurent Petit, directeur commercial chez Unifiber. Il faut un permis pour chaque rue et cela représente donc un frein. Pour Waterloo, ce sont ainsi plus de 100 permis qui ont déjà été délivrés. Mais des initiatives sont actuellement en cours pour essayer de simplifier et de mieux coordonner les démarches à l’avenir. Les communes font de vrais efforts.”

Fibre écolo

Beaucoup plus performante que les câbles en cuivre ou coaxiaux, la fibre optique est aussi plus écologique. La transmission des données consomme non seulement moins d’énergie sur un réseau de fibre optique, mais la production de cette fibre émet également moins d’émissions de CO2 que la production d’une même longueur de câble traditionnel.

Cette technologie a par ailleurs une durée de vie plus longue que celle des réseaux traditionnels, ce qui pousse les opérateurs télécoms à se fondre volontiers dans cette transition. “Aujourd’hui, l’entretien des anciens câbles coûte plus cher aux opérateurs que d’investir dans les réseaux de fibre optique, conclut Nico Weymaere, CEO d’Unifiber. C’est donc un véritable win-win pour toutes les forces en présence.”

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