A quel point la famille Van Hool est-elle fortunée?

© ID/ Jonas Lampens

Le groupe Van Hool traverse la plus grave crise de son histoire. Le voilà contraint de faire aveu de faillite. Quels sont les enjeux d’une reprise pour les cinq familles actionnaires majoritaires ? Trends-Tendances a analysé les bilans des holdings familiaux qui gravitent autour de l’entreprise.

Toutes les familles, soit les cinq branches descendantes de Bernard Van Hool, le fondateur de l’entreprise sise à Koningshooikt, s’étaient réunies le 5 mars 2021 à l’occasion de l’assemblée générale extra­ordinaire de la SA Immoroc, le holding qui chapeaute le constructeur Van Hool. L’enjeu était de taille : en mettant, un an plus tôt, le monde à l’arrêt, le Covid-19 avait fait s’effondrer le marché des auto­bus et des autocars. Après une longue période faste, les pertes et les dettes auprès des banques s’accumulaient de manière inquiétante et les capitaux propres fondaient comme neige au soleil.

Les cinq branches, chacune détentrice d’un cinquième du capital du holding, étaient bien décidées à contribuer au sauvetage. Elles ont donc voté une augmentation de capital de près de 45 millions d’euros, ce qui portait la valorisation totale à quelque 148 millions d’euros. Mais elles ont, pour ce faire, converti un certain nombre de prêts et dettes, c’est-à-dire des créances qu’elles détenaient sur Immoroc : il n’y a par conséquent pas eu d’apport d’argent frais à proprement parler.

Immoroc n’avait pas versé de dividende depuis 2009 au moins. Lorsqu’en mars 2015, le conseil d’administration voulut, enfin, approuver une distribution, le tribunal y mit son veto. En cause : un conflit qui opposait depuis plusieurs années deux des filles du patriarche pour une histoire d’héritage.

La branche Ben et Jessica Van Hool a, elle aussi, participé à l’augmentation de capital. Ben Van Hool avait pourtant démissionné, par courriel, de son poste d’administrateur d’Immoroc au cours de l’été 2020, une décision qu’il avait confirmée, dès septembre, dans une lettre recommandée : ‘‘Je confirme ma démission. Par conséquent, je ne participerai plus aux réunions et vous n’avez plus à m’envoyer de convocations ou de procès-verbaux’’, peut-on lire dans les annales d’Immoroc.

Trois investisseurs potentiels

Trois ans plus tard, la situation s’est encore aggravée. Le bilan de l’exercice 2023 n’est pas encore publié mais les fonds propres d’Immoroc pourraient bien avoir plongé dans le rouge. Ce mardi 19 mars, la SA Van Hool a demandé au tribunal de commerce de prononcer une mesure de protection contre ses créanciers, pour pouvoir assurer la continuité de ses activités. Mais le lundi 25 mars, le co-CEO et gestionnaire de crise néerlandais Marc Zwaaneveld a annoncé la faillite de la société NV Van Hool. L’entreprise est en pourparlers avec trois investisseurs européens potentiels, très intéressés par une reprise immédiate.

Contrairement à ce que l’on a pu lire ces dernières semaines, les Van Hool ne sont pas richissimes. L’analyse des bilans de leurs holdings patrimoniaux le démontre. C’est vrai, Immoroc possède les usines et les terrains, qui s’étendent sur 60 hectares environ et valaient fin 2014 plus de 50 millions d’euros. Mais à l’échelon individuel, le patrimoine est surtout immobilier ; il a été versé dans les holdings dès les années 1990, principalement par les descendants de la deuxième génération.

Contrairement à ce que l’on a pu lire ces dernières semaines, les Van Hool ne sont pas richissimes.

Le représentant le plus connu du clan est Filip Van Hool, CEO de l’entreprise depuis 2013 (et co-CEO, en compagnie de Marc Zwaaneveld, depuis janvier). Sa principale société est la SRL Cafina, qui a achevé le dernier exercice sur un bilan et des capitaux propres de 19 millions d’euros, ce qui n’est pas rien. Reste que la majeure partie de cette somme est investie dans le fabricant de bus et de véhicules industriels, aujourd’hui en pleine tempête, donc. Les liquidités de Cafina sont de surcroît assez limitées. Filip et ses deux sœurs possèdent par ailleurs plusieurs véhicules patrimoniaux, de nature principalement immobilière. Chez les enfants de Marcel Van Hool aussi, l’immobilier constitue l’essentiel du patrimoine. Marie-Paule Van Hool est d’ailleurs agent immobilier à Koningshooikt. Les sociétés comptent plusieurs biens (qui accueillent des activités horeca) dans le cœur historique d’Anvers. Le magnifique Kasteel ten Bos, situé à Heist-op-den-Berg et répertorié par l’Agence flamande du patrimoine, appartient également aux Van Hool.

La troisième branche, celle de Bernard et Valérie Van Hool, est propriétaire d’une collection d’art, d’une valeur de près de trois millions d’euros, versée dans Syntem Beheer. Avec un bilan de quelque 11 millions d’euros et d’importants placements de trésorerie, cette SA est la plus grande des sociétés de patrimoine de cette partie de la lignée. Valérie Van Hool possède à Klapdorp (Anvers) sa propre galerie, l’ASBL mia-Art, qui soutient des artistes jeunes ou émergents. Le quotidien Het Nieuwsblad lui a consacré un article à la mi-­février : ‘‘Je m’intéresse aux artis­tes locaux, qui vivent et travail­lent à Anvers, avait affirmé Valérie Van Hool à cette occasion. Le vivier créatif anversois est suffisamment grand. J’ai toujours trouvé le travail des ‘jeu­nes’ artistes plus spontané et plus inspirant que celui des grands noms, qui ne se renouvellent pas énormément.’’

Sources: Banque nationale, Trends Business Information

Yachts et piscines

La quatrième branche a pour figure de proue Ben et Jessica Van Hool, dont la principale société patrimoniale, la SRL Hecri-Immo, est en grande partie constituée de liquidités. Elle possédait également une somptueuse villa et un domaine de 15 ha à Bevel, près de Nijlen, qui furent mis en vente en 2022 par le biais d’annonces dans le Financial Times notamment, pour 4,3 millions de dollars. ‘‘Le propriétaire est un industriel âgé’’, avait à l’époque écrit le quotidien Gazet van Antwerpen. Il s’agissait en fait de Herman Van Hool, le papa.

Durant l’été 2007, Zeydon, l’entreprise de l’habituellement discret Ben Van Hool, avait attiré l’attention des médias : ce chantier naval de Herentals cons­truisait des yachts de luxe qui coûtaient 2 millions d’euros. ‘‘Pour ce prix, vous avez un yacht unique, avaient fièrement déclaré au Standaard Ben Van Hool et son beau-frère David Van Nieuwenhove, les gérants.’’ Mais Zeydon a clos chaque année entre 2009 et 2015 sur des pertes d’exploitation. En 2012, les deux hommes se sont lancés dans la construction de piscines haut de gamme. Hecri-Immo a repris Zeydon à l’été 2019. Aujourd’hui, Ben Van Hool investit notamment dans des fonds qui détien­nent des participations dans d’autres entreprises.

Sa sœur Jessica et son mari David Van Nieuwenhove dirigent Perform2Achieve, une SRL spécialisée, affirme son site web, ‘‘dans la technologie permettant aux athlètes de découvrir et d’améliorer leurs capacités physiques et psychomotrices’’.

Les bus de De Lijn

La branche qui possède le plus de liquidités est celle de Frank Van Hool, le cousin du co-CEO, propriétaire de son propre empire d’autobus. L’homme possède en Flandre plusieurs sociétés qui assurent des servi­ces de transport, notamment pour le compte de De Lijn. Les passagers sont véhiculés dans des bus de l’entreprise familiale, bien sûr, mais aussi dans ceux de concurrents. La société de patrimoine la plus importante est la SRL Beheersmaatschappij F.A.R. ; fondée en 1990 par Frank et son père Jos, cette entre­prise au bilan resplendissant de santé ne cesse de croître depuis des décennies.

Plusieurs familles flamandes 
se sont constitué d’importants 
portefeuilles d’investissement 
au fil des ans. Trends-Tendances 
présente chaque mois 
une de ces familles 
souvent méconnues.

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