Des banques en pleins travaux

Misant sur le smartphone, Orange Bank chasse sur les terres des banques de détail françaises. De quoi bousculer un peu plus des acteurs qui sont déjà en plein chantier d’adaptation à l’ère du numérique.

Le lancement de l’offre bancaire d’Orange est une nouvelle pierre dans le jardin des banques de détail françaises. Celles-ci doivent se réorganiser en profondeur face à l’essor de nouveaux usages.

Réduire la voilure des réseaux d’agences

Développement des services sur Internet oblige, les clients sont moins nombreux dans les agences. Ce changement de comportement n’est pas nouveau, mais les banques sont encore en train d’en tirer les conséquences en réorganisant et en réduisant leurs réseaux. BNP Paribas a, par exemple, annoncé en interne, début 2017, son projet de fermer 10 % de ses points de vente d’ici à 2020. Par rapport à leurs concurrentes européennes, les banques françaises partent d’assez loin. Dans une étude récente, Moody’s note que la France est, derrière l’Espagne, le deuxième pays de la zone euro où le réseau de points de vente est le plus dense. L’année dernière, le pays comptait près de 56 agences pour 100.000 habitants, contre un rapport de 45 pour 100.000, en moyenne, dans la zone euro. Qui plus est, la réduction du nombre d’agences en France entre 2010 et 2016 a été moins rapide que dans d’autres pays européens.

S’adapter face à la floraison des fintechs

Plus agiles que les grandes banques, les start-up de la finance viennent chasser sur leurs terres. Beaucoup de ces sociétés sont encore petites et ne constituent pas une menace. Pour autant, en s’attaquant frontalement aux différents métiers des établissements, elles bousculent leur équation économique, qui était jusqu’à présent fondée sur des ventes croisées. Pour cette raison et aussi pour conserver la relation directe avec leurs clients, les banques tentent de repenser leurs services. Bien souvent, elles reprennent les innovations qui rencontrent un certain succès. Beaucoup d’acteurs ont ainsi développé leurs propres services d’agrégation de comptes, sur le modèle de ceux popularisés par Linxo ou Bankin’.

Conserver la maîtrise de la relation au client

Avec l’avènement de la banque sur Internet, les données sur les usages des clients ont pris une valeur considérable. Pour les capter, les géants de la Toile (Google, Amazon, Facebook et Apple) n’hésitent pas à faire des incursions dans l’univers des paiements ou même du crédit. En Chine, Alibaba est déjà parvenu à se faire une place de choix dans les services financiers. Pour les banques européennes, la menace est sérieuse car ces acteurs peuvent compter sur leur puissance financière, leurs bases de données et leur maîtrise du marketing numérique pour capter la relation au quotidien avec les clients des banques et reléguer ces institutions à la seule gestion des infrastructures financières.

Solenn Poullennec / ” Les Echos ” (2/11/2017)

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