Procès Apple vs Samsung : Quand Apple s’inspire de Sony …

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Après quelques jours de procès, Apple reconnaît s’être inspiré du design minimaliste de Sony, qui aurait réorienté le concept d’iPhone. Pendant ce temps, la juge prend en grippe le sud-coréen Samsung …

Samsung a-t-il vraiment copié Apple? C’est la question centrale que doivent trancher cet été les jurés du procès opposant les deux géants de l’électronique. Mais cette question a-t-elle du sens si Apple a lui-même copié Sony? C’est en tout cas ce que tente d’insinuer Samsung. Face à ces accusations réciproques, les deux adversaires ont donc été obligés de déterrer des documents censés démontrer qu’ils ont travaillé très tôt sur des prototypes aux allures de l’iPhone, sorti en janvier 2007.

Ainsi, pour la première fois, le constructeur californien a dévoilé une dizaine de pré-maquettes de l’iPhone dont une, du nom de code “Purple” (violet), remonte à août 2005. Mais au passage, la firme de Cupertino a bien admis avoir réalisée en 2006 une version “stylée Sony” pour préparer son futur smartphone. Ce que Samsung a tenté d’exploiter, avant l’ouverture du procès, en insinuant qu’Apple copiait lui aussi ses concurrents. Cette maquette devait répondre à la question : “comment Sony concevrait un smartphone”. Elle avait été commandée par Jony Ive lui-même, le responsable du design chez Apple, à Shin Nishibori, un ancien designer de chez Sony. Le but était d’appliquer la philosophie minimaliste du fabricant japonais au smartphone. En hommage au gourou du design chez Apple, la marque “SONY” est toutefois remplacée par “JONY” sur le dos de certaines maquettes.

“Ce n’était qu’un exercice de style qui se voulait être amusant”, affirme aujourd’hui Apple, qui a pourtant tout fait pour en éviter que les détails ne soient mis sous les yeux du grand public et des jurés. Un objectif en partie atteint, puisque ces derniers ne verront pas les maquettes du Jony iPhone à la demande expresse des avocats de la firme. Ils ont en effet convaincu la juge d’écarter ces éléments troublants de la procédure judiciaire. “Elles interviennent trop tard après la communication des pièces à conviction (discovery en anglais)”, explique les représentants d’Apple. Cette décision pourrait être cependant renversée en cas d’appel.

“Cela brise en effet un peu le rêve de savoir qu’Apple n’est finalement qu’une entreprise comme une autre qui s’inspire elle aussi du design de ses concurrents”, estime l’analyste Rob Enderle.

Chez Sony, on préfère encore rester discret sur toute l’affaire. “C’est un fait connu que Steve Jobs s’est beaucoup inspiré de Sony dans beaucoup de domaines et notamment le design”, souligne un responsable de constructeur nippon qui préfère garder l’anonymat.

De son côté, Samsung a aussi dévoilé une série de maquettes datant de l’été 2006 avec des smartphones aux allures de l’iPhone. Il y montre notamment son modèle F700 qui est sorti en même temps que son rival. “Ces documents prouvent que Samsung a développé ce design avant même que l’iPhone ne soit sorti. Nous n’avons donc pas basculée la direction de notre design après la sortie de l’iPhone (comme l’affirme Apple, NDLR)”, répond le coréen.

Au vu des derniers documents soumis au dossier, la théorie de la copie, soutenue par Apple, semble plus difficile à tenir sur la seule problèmatique du design à partir du moment où le groupe américain reconnaît s’être lui-même inspiré de Sony. Car même si la marque à la pomme nie avoir utilisé la maquette du Jony iPhone, son designer a indiqué “qu’elle a changé la direction du projet” pour finalement aboutir à la version définitive de l’iPhone. Apple devra donc aller plus loin et démontrer comme l’affirmait un de ses avocats au début du procès, qu”au plus haut niveau de la direction, Samsung a décidé de copier tous les éléments de l’iPhone” et que “la copie de Samsung était intentionnelle”. Ce qui risque de faire porter le débat sur l’ergonomie et le système d’exploitation.

“Samsung et les autres ne gagnent pas beaucoup d’argent avec Android. C’est pourquoi Apple devrait être content qu’ils existent pour éviter de se voir accuser après de monopole comme Microsoft”, ajoute Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies Associates. Une opinion que ne partageait pas Steve Jobs, lui qui a juré la destruction du système de Google.

Samsung dans le collimateur de la juge

En deux jours d’audience, Samsung s’est déjà mis le juge à dos. Le coréen a en effet été contraint au début de l’audience de retirer de la procédure un document sur lequel il fondait beaucoup d’espoirs. Un fichier powerpoint de 9 slides, retraçant les principaux éléments de défense du coréen. La juge l’a refusé, Samsung l’ayant apporté trop tardivement. Celle-ci a même fini par s’agacer, devant les dizaines de demandes de Samsung pour lever ce refus.

C’est là que le coréen est sans doute allé trop loin. La goutte d’eau qui fait déborder le vase… Le document en question a fini par être transmis à la presse, par mail. Pour Apple, il s’agit là d’un moyen de “polluer le jury”. Informée de ce déballage médiatique, la juge Lucy Koh serait devenue “livide”, raconte un journaliste du site The Verge présent sur place. Furieuse, elle a exigé le nom de la personne ayant autorisé l’envoi de ce document. Avant de se tourner vers John Quinn, avocat de Samsung, pour lui demander s’il était impliqué. Ce dernier a fini par avouer en être à l’origine. En mauvaise posture, Samsung s’est livré à un véritable coup de poker. Trends.be avec l’Expansion

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