La reprise quand on a revu sa stratégie d’exportation: le cas de Kiomed

François Blondel © BELGAIMAGE
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Kiomed a dû retarder le lancement commercial de son premier produit contre l’arthrose du genou. Depuis, la biotech tente de s’adapter. “Mais nous ne pouvons pas reporter indéfiniment ce lancement”, dit son président François Blondel.

La rédaction de Trends-Tendances consacre son numéro de la semaine à la reprise.

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L’année 2020 devait être celle du changement d’échelle pour la biotech liégeoise Kiomed. Son gel contre l’arthrose du genou devait être lancé commercialement dans plusieurs pays européens, en particulier l’Allemagne, en janvier de l’année dernière. “Ce fut une catastrophe totale, lâche François Blondel, président du conseil d’administration de l’entreprise. Le lancement d’un produit médical implique la participation à des foires, des interventions dans des congrès, la visite de médecins. La réussite d’une telle opération est directement liée à la capacité à établir des contacts et à rencontrer des gens.” L’année 2020 était effectivement loin d’être idéale sur ce plan. Le choc fut d’autant plus douloureux que Kiomed tablait sur ses premières rentrées financières avec le lancement de son gel. L’entreprise a dès lors dû sécuriser sa trésorerie et revoir ses plans de financement.

“Depuis, nous surveillons de près l’évolution dans les différents pays où nous comptions lancer notre produit, reprend le président. On s’adapte tous les jours, tel congrès va-t-il se tenir ou non? C’est un exercice éminemment frustrant car nous allons de report en report. Mais il n’y a pas d’alternative. Nous pressentons tous que nous devrons vivre avec ce virus pendant un certain temps, en tout cas jusqu’à la fin de cette année. Les choses ne vont pas être totalement binaires, il n’y aura pas un jour où l’on pourra appuyer sur le bouton on et où tout repartira à plein gaz.”

Risques plus importants

Kiomed est la première société au monde à avoir développé un tel produit rhumatologique d’origine végétale. Elle s’appuie pour cela sur le chitosan, produit à partir de champignons par sa maison mère Kitozyme et dont elle développe les applications dans le domaine médical. A priori, aucun concurrent ne se profile sur ce créneau… mais le risque existe. “Dans notre domaine, c’est toujours une course contre la montre pour amener le premier un produit sur le marché, confie François Blondel. Nous ne pouvons donc pas reporter indéfiniment le lancement de notre gel. Cela implique de prendre une part de risques encore plus importante que d’habitude car nous ne sommes pas certains qu’il n’y aura pas un nouvel arrêt ou de nouvelles limitations à notre activité.” D’où un délicat exercice d’anticipation de décisions qui pourraient être prises alors que les responsables politiques, ceux qui prendront ces décisions, les ignorent eux-mêmes au-delà d’un horizon de quelques jours. “Cela fait reporter le poids de ces décisions sur les entrepreneurs et ceux qui développent de nouveaux produits, analyse le président de Kiomed. Mais je suis bien conscient que c’est horriblement difficile pour nos dirigeants. Je prône l’indulgence à leur égard plus que l’exaspération.”

En dépit de cette situation compliquée, François Blondel ne cède pas au découragement. “Par nature, un entrepreneur est quelqu’un de déterminé et d’optimiste, conclut-il. Cela se reflète dans les décisions qu’il prend. Même si nous traversons tous un passage compliqué, je reste optimiste sur le développement des entreprises actives dans les sciences de la vie.”

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