Private equity: miser, en Bourse, sur le non-coté…

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Comme dans toute industrie, certains acteurs importants du “private equity” se financent sur les marchés publics. De Sofina à KKR en passant par Eurazeo, voici comment investir dans le “non-coté” en Bourse!

Les fonds de private equity, et encore davantage les investissements directs, ne sont pas accessibles à toutes les bourses. Même si certains ont abaissé leur ticket d’entrée, les seuils d’investissement dépassent encore les 100.000 euros. De plus, en raison de la longue période d’immobilisation des capitaux et du risque individuel, il est indispensable de miser sur plusieurs fonds à la fois. Mais même si votre patrimoine mobilier est plus réduit, il est possible de profiter du développement du private equity.

Pricaf et Sofina

La première option est tout simplement de vous tourner vers des entreprises cotées investissant dans le private equity. La Belgique a même créé en 2003 un véhicule d’investissement spécifique: la pricaf. Malgré un régime fiscal plutôt avantageux, la formule n’a toutefois pas véritablement séduit en raison notamment d’une réglementation trop restrictive. Quest for Growth est ainsi la seule pricaf cotée sur Euronext Bruxelles. Elle investit principalement dans des sociétés de croissance au sens large, mais n’a jamais réussi à décoller et est désormais très dépendante de ses participations cotées (63% du portefeuille mi-2021).

Le succès du “private equity” n’a pas échappé aux boursicoteurs. Les cours de Blackstone, KKR et Carlyle ont à peu près doublé depuis un an.

Plusieurs holdings vous permettent toutefois de miser sur le private equity, à commencer par Sofina. Depuis plus d’une décennie, ce pensionnaire du Bel20 a progressivement réduit ses participations historiques, ayant même notamment soldé ses positions dans Danone ou Deceuninck. Parallèlement, le holding de la famille Boël a investi de plus en plus dans le non-coté, directement et via des fonds. Parmi ses investissements directs, épinglons notamment le site de ventes privées Veepee, le spécialiste des cosmétiques Nuxe, le site de deuxième main Vinted, la licorne bruxelloise Collibra et une série de sociétés technologiques asiatiques comme Byju (société indienne active dans l’apprentissage en ligne), ReeToo (société de diagnostic chinoise), etc.

Cela a permis à Sofina de s’illustrer, son cours ayant sextuplé depuis 2012. Cet été, les analystes se montraient plus prudents alors que l’action atteignait des sommets et affichait une prime élevée par rapport à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire la valeur estimée de son portefeuille. Mais sa valorisation est aujourd’hui moins tendue, Sofina ayant corrigé de plus de 10% depuis début août. Kris Kippers de Degroof Petercam évalue l’action à 362 euros.

Holdings belges

Le portefeuille de la GIMV est composé à plus de 90% d’investissements en private equity (direct) suivant quatre axes stratégiques: consommateur connecté, soins de santé, industrie intelligente et villes durables. Les trois analystes suivant le titre se montrent confiants, Joren Van Aken de Degroof Petercam évaluant sa valeur intrinsèque à 12 mois à 58 euros par action.

GBL a investi un cinquième de son portefeuille dans le private equity, essentiellement dans Webhelp et via Sienna Investment Managers. En début d’année, le holding a annoncé qu’il allait diversifier les activités de Sienna en se lançant dans la gestion pour compte de tiers, ce qui s’est traduit en septembre par un partenariat avec Malakoff Humanis en France. Les analystes sont presque unanimes à l’achat sur GBL en raison de sa décote par rapport à sa valeur intrinsèque de 142,89 euros par action fin juin. Sa dépendance moindre au private equity réduit toutefois le potentiel de bonnes surprises qui peut se concrétiser lors de la cession d’une participation et de l’introduction d’une société non cotée. Brederode est pour sa part investi pratiquement équitablement entre actions cotées (Samsung, Mastercard, Unilever, Sofina. etc.) et fonds de capital-investissement. Les analystes se montrent partagés. Le holding affiche un historique enviable, mais cote désormais quasiment au niveau de sa valeur intrinsèque de 113,8 euros par action selon Joren Van Aken.

> Lire à ce sujet: Private equity: toutes les questions à se poser avant de franchir le cap du capital-investissement

Sociétés d’investissement

Les investisseurs belges souhaitant miser sur le non-coté peuvent aussi se tourner vers Euronext Paris. Eurazeo fait partie des acteurs majeurs avec près de 20 milliards d’actifs sous gestion dont les deux tiers dans le private equity et le reste dans d’autres investissements alternatifs comme la dette privée et les actifs réels (immobilier, infrastructures). Son focus sur la France (près de la moitié du portefeuille) freine quelque peu ses perspectives.

Wendel affiche pour sa part un portefeuille partagé quasiment à 50-50 entre la société cotée Bureau Veritas, active dans l’inspection et la certification, et le private equity au travers toutefois de seulement cinq entreprises dont IHS Towers (tours de télécommunications) qui prépare son entrée en Bourse. Luxempart est aussi une société d’investissements dont le portefeuille est très resserré autour de quelques entreprises cotées et non cotées.

Sur la Bourse de Londres, 3i group bénéficie des faveurs des analystes (conseil d’achat). La société investit essentiellement dans le private equity avec comme principal investissement (représentant la moitié de son portefeuille) la chaîne de magasins néerlandaise Action. Le solde du portefeuille est beaucoup plus diversifié.

Leaders mondiaux

Enfin, la dernière option est de s’intéresser aux gestionnaires de fonds de private equity (et d’autres actifs alternatifs). Les géants américains Blackstone (684 milliards de dollars d’actifs sous gestion), KKR (429 milliards) ou Carlyle (276 milliards) sont cotés à New York. A noter qu’en investissant de la sorte, vous n’investissez pas dans un portefeuille d’actifs privés comme pour Sofina ou Eurazeo par exemple. Mais dans la société qui gère ces fonds. Leur principale source de revenus est donc constituée des frais de gestion et des commissions de performance perçus. Evidemment, plus le secteur du private equity se porte bien, plus cela gonfle leurs actifs sous gestion et leurs résultats. Blackstone a ainsi vu ses actifs sous gestion progresser de 42% entre 2017 et 2020, ce qui a gonflé ses frais de gestion de 49%.

On notera toutefois que le succès du private equity n’a pas échappé aux boursicoteurs, les cours de Blackstone, KKR et Carlyle ayant à peu près doublé depuis un an. La valorisation de KKR demeure toutefois raisonnable à 17 fois les bénéfices, inférieur à la moyenne aux Etats-Unis, grâce au doublement attendu des profits cette année en raison de la reprise de Global Atlantic et d’une forte croissance intrinsèque (19% par an en moyenne depuis 2004). Ce qui en fait le gestionnaire favori des analystes, avec un consensus à acheter et un objectif de cours de 77 dollars.

En Europe, le groupe suédois EQT Partners connaît un développement rapide avec 71 milliards d’euros d’actifs sous gestion fin juin. Mais en raison de valorisation tendue (41 fois les bénéfices), les analystes se montrent plus prudents.

Fonds

A noter que le fonds indiciel ETF iShares Global Listed Private Equity (Euronext Amsterdam, IE00B1TXHL60 ; frais de gestion annuel de 0,75%) vous permet d’investir en une fois dans tous les spécialistes du capital-investissement au niveau mondial, y compris KKR, 3i Group, Eurazeo ou Sofina.

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