Moody’s dégrade la perspective de la notation de la Région wallonne

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L’agence de notation Moody’s a dégradé il y a trois jours la perspective de la notation de la Région wallonne de A1 perspective stable à A1 perspective négative, a annoncé lundi le ministre wallon du Budget, Christophe Lacroix, en commission du parlement wallon, où était discuté l’ajustement du budget 2016.

Début juin, Moody’s avait confirmé la note “A1 perspective stable”, identique depuis la mi-2014. Mais le cabinet Lacroix a ensuite dû informer l’agence de certaines problématiques non résolues mises en avant dans le programme de stabilité 2016-2019: les révisions dans le cadre du financement des infrastructures hospitalières et le tax shift, deux éléments contestés par le gouvernement wallon vis-à-vis du gouvernement fédéral.

“Moody’s a donc décidé ce 1er juillet d’actualiser la note de la Région wallonne”, la faisant passer à A1 perspective négative, a indiqué M. Lacroix.

La note A1 est la meilleure de la catégorie “qualité moyenne supérieure” de Moody’s, en dessous toutefois des catégories Aaa et Aa (1, 2 ou 3).

Selon le cabinet du ministre, Moody’s souligne principalement que, malgré l’autonomie fiscale dont dispose la Région, cette dernière n’a pas planifié de lever des recettes supplémentaires pour atténuer les déficits budgétaires. Or Christophe Lacroix dit refuser une quête de l’équilibre budgétaire au prix de l’austérité, ou en taxant davantage le citoyen. Il refuse donc de couvrir les dépenses du tax shift fédéral – dont il affirme qu’il bénéficie essentiellement aux plus riches – et continue à privilégier des politiques d’investissement “dans une perspective de relance économique et sociale”.

Pour contenir la dette et le déficit, le ministre dit privilégier une gestion “efficace et active” de la dette, des réductions de dépenses “soutenables”, l’amélioration de la gouvernance budgétaire et comptable, l’optimisation des procédures ou encore l’internalisation de certaines dépenses.

Pour le député d’opposition Jean-Luc Crucke (MR), la dégradation imposée par Moody’s démontre que “le beau temps est loin de revenir”. Il a réclamé pour vendredi – jour du vote attendu du projet d’ajustement budgétaire en commission – les détails des questions de Moody’s et des réponses du cabinet.

Il s’interroge aussi sur le manque d’anticipation du remboursement de la correction du facteur d’autonomie – lié au contentieux à 750 millions d’euros réglé l’an dernier entre le Fédéral et les trois Régions – et dit ne plus croire à la capacité de la Région à revenir à l’équilibre en 2018, vu les réserves qu’elle a mises. A ses yeux, le gouvernement ne fait que reporter les efforts à fournir.

Quant à Stéphane Hazée (Ecolo), il a jugé l’ajustement budgétaire aussi “incolore, inodore et insipide” que le budget initial par rapport aux enjeux de logement, lutte contre la pauvreté ou développement durable. Il plaide quant à lui pour une relance plus forte via l’investissement public.

Les débats se poursuivaient lundi en commission du Budget. Chaque commission devra également discuter cette semaine du projet d’ajustement, avant un retour vendredi après-midi en commission du Budget pour le vote. Les textes passeront en plénière dans une quinzaine de jours.

L’objectif du gouvernement pour 2016 reste de réduire le déficit à -375 millions d’euros, réellement -372,3 millions d’euros compte non tenu des dépenses que la Commission européenne l’autorise à exclure de son résultat.

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