Trois ETF intéressants pour 2023

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La politique de taux de la Réserve fédérale, les menaces de récession aux Etats-Unis et les incertitudes qui règnent sur les marchés des matières premières domineront l’année qui vient. Les trois trackers présentés ici devraient vous aider à y faire face.

1. Exploiter la courbe des taux

La courbe des taux traduit le degré de ralentissement de l’économie imprimé par la Réserve fédérale (Fed). La courbe la plus parlante est celle qui exprime la différence entre les taux américains à deux et à 10 ans. Le second est le taux généré par l’offre et la demande sur le marché; le premier est très influencé par la politique de taux de la Fed.

Lorsque la Fed fixe artificiellement ses taux à un niveau nettement inférieur à celui du taux à 10 ans, elle stimule l’économie – et vice versa. Or dans sa volonté de contrôler l’inflation, elle appuie actuellement tellement sur le frein que le 7 décembre, le taux à deux ans a dépassé le taux long de 85,2 points de base (pb). C’est beaucoup: depuis son introduction, en 1977, le taux à deux ans n’a été supérieur à son grand frère qu’à raison de 2,6% du temps – et entre 1977 et 1981 seulement. La dette américaine était à l’époque dérisoire, ce qui permettait à la Fed de laisser les taux caracoler bien au-delà de l’inflation, une politique qui serait impossible à mener aujourd’hui sans faire ployer l’économie sous la charge d’intérêt. Les retombées du ralentissement imprimé par la Fed nous paraissent actuellement plus marquées que jamais.

A en juger par les indicateurs avancés du Conference Board, la stratégie de la Fed porte ses fruits. Le rythme auquel ces indicateurs ont baissé depuis six mois a par le passé toujours été gage d’un refroidissement de l’économie. De plus en plus d’indicateurs vont dans le sens d’une récession aux Etats-Unis (le taux à deux ans n’est plus que de 66 pb supérieur au taux à 10 ans), à telle enseigne qu’il nous semble que la Fed n’a aucune raison d’appuyer davantage sur le frein.

Si le pays devait vraiment entrer en récession, sa banque centrale finirait par recommencer à stimuler son économie – elle l’avait fait par exemple lors de la récession inflationniste de novembre 1973 à mars 1975. Il est par conséquent peu probable que dans un tel cas de figure, l’inversion de la courbe des taux se maintienne. Un autre scénario possible est celui d’un atterrissage en douceur. Si l’économie américaine traverse les mois qui viennent sans trop de dommages, la Fed n’aura pas à la faire ralentir, si bien que le taux à deux ans ne sera, là non plus, plus supérieur au taux long.

La courbe des taux n’étant jamais qu’un instantané, il nous semble judicieux de miser sur son raidissement en 2023. Un des moyens d’y parvenir est d’opter pour le Lyxor US Curve Steepening 2-10 ETF (code ISIN: LU2018762653), dont le sous-jacent est l’indice Solactive USD Daily (x7) Steepener 2-10. Si la différence entre les taux à deux et à 10 ans se creuse de 1 pb, le levier qu’il intègre permettra au tracker de progresser de 7 pb.

L’écart moyen entre le taux à deux ans et celui à 10 ans depuis 1977 est de +91 pb et la différence actuelle, de -66 pb. Soit un delta de 157 pb, dont la multiplication par 7 donnerait 1.099, ce qui signifie que l’ETF augmenterait de 10,99 dollars. Son prix actuel est de 92,93 dollars, auxquels viendraient donc s’ajouter 11,8% si la courbe renouait avec son niveau moyen. Encore s’agit-il là d’un calcul prudent car lorsque la courbe s’accentue, c’est généralement pour crever la moyenne.

2. Miser sur les matières premières

Deuxième tracker intéressant pour 2023: un ETF sur les matières premières. Le marché des matières premières se caractérise toujours par d’énormes pénuries, que l’examen des rendements des indices Bloomberg Commodity Spot et Bloomberg Commodity rend bien visibles: le premier a en effet clos 2022 sur un rendement de 6%, le second, de 13%.

L’indice Bloomberg Commodity cherche à répliquer aussi précisément que possible la demande mondiale de matières premières. Si une matière n’est plus demandée, il s’en débarrasse. Les contrats futurs sur les matières premières sont des engagements à acquérir le sous-jacent à une date donnée. Les particuliers peuvent envisager de tels investissements puisque des entreprises désireuses d’obtenir la marchandise sont susceptibles de les racheter à tout moment. Ils acquerront ensuite un contrat dont l’échéance sera plus lointaine. En cas de pénurie, les entreprises se livrent à de véritables surenchères, et le prix spot (prix aujourd’hui) augmente au point de devenir plus élevé que les prix futurs.

Investir en période de pénurie permet d’obtenir un rendement roulant positif. L’investisseur achète en effet à un prix moins élevé un contrat futur, dont la valeur prend progressivement la direction du prix spot. Il le revend ensuite plus cher, pour acquérir à la place un contrat moins onéreux assorti d’une échéance plus lointaine. A long terme, cette stratégie permet d’obtenir un rendement beaucoup plus élevé que le cours du sous-jacent. Prenez le maïs: entre 2014 et 2019, le prix payé pour recevoir la récolte un an plus tard était inférieur au prix d’une livraison immédiate. Puis ce dernier a chuté de 11% et les investisseurs dans l’indice ont perdu 93%. A partir de 2021, année au cours de laquelle le marché est entré en pénurie, le cours a flambé de 38% et le rendement total de l’indice a atteint 139%.

Investir dans un indice par opposition à la matière première permet de courir beaucoup moins de risque. Le rendement roulant moyen pondéré des 23 matières premières qui composent l’indice Bloomberg Commodity le montre bien.

Notons que malgré les confinements très stricts, le rendement roulant en Chine, premier pays importateur de matières premières, a toujours été positif. Les mesures sanitaires viennent d’être levées; dans un premier temps, une grande partie de la population sera atteinte du Covid et ne pourra pas travailler, mais l’économie finira par rebondir et la demande repartira à la hausse, ce qui fera grimper prix au comptant et rendement roulant. Un investissement dans l’iShares Diversified Commodity Swap ETF (code ISIN: IE00BDFL4P12), par exemple, peut s’avérer très judicieux.

3. Investir dans l’argent

Troisième piste à envisager en 2023: celle de l’argent. Deux mil vingt-deux a très probablement été l’année au cours de laquelle l’industrie mondiale a utilisé les plus grandes quantités d’argent de son histoire. Les technologies 5G et l’électrification des véhicules font exploser la demande. L’argent est un des meilleurs conducteurs d’électricité, énergie à laquelle le monde va devoir recourir d’une façon croissante s’il veut sauver le climat. L’utilisation de l’argent devrait battre record sur record de très nombreuses années durant.

Depuis le sommet atteint il y a huit ans, la production d’argent a connu un lent recul. L’extraction ralentit donc, ce qui fait de ce métal un investissement intéressant. A brève échéance, le plus grand facteur d’incertitude est le comportement des investisseurs. Alors qu’il est suivi sur Twitter par 125 millions de personnes, Elon Musk n’est abonné qu’à 165 comptes, dont celui du Wall Street Silver. Le fait qu’il soit aux premières loges a alimenté la spéculation ces derniers mois. Bien qu’il ait bondi de 30% depuis le 1er septembre, le prix de l’argent reste inférieur de 10% à ce qu’il était à l’été 2020 et de plus de 50% à celui de 2011.

L’argent profitera particulièrement des mesures d’encouragement de la Fed, lorsque celle-ci changera son fusil d’épaule. En mars 2020, quand l’institution a fait tout ce qui était en son pouvoir pour contrer la récession induite par la crise sanitaire, le cours de l’argent s’est envolé de 140% en six mois. Lorsqu’elle a adopté sa politique d’assouplissement quantitatif, en octobre 2008, il n’a fallu qu’un an à l’argent pour s’apprécier de 100%. Après la récession de 2001, la Fed a, pour des raisons incompréhensibles, gardé les taux d’intérêt beaucoup trop bas beaucoup trop longtemps: le prix de l’argent a augmenté de 350% dans les cinq ans qui ont suivi. Compte tenu de l’efficacité de la politique de la Réserve fédérale à court terme, il est fort probable que des mesures de relance soient adoptées lors de la prochaine récession.

Le marché de l’argent étant beaucoup plus étriqué que celui de l’or, il est aussi bien plus volatil. Nous recommandons donc d’investir non pas dans des contrats à terme, mais dans l’argent physique. Notre préférence va au WisdomTree Physical Silver (code ISIN: JE00B1VS3333).

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