Danny Reweghs

2023, excellent cru pour l’argent

Danny Reweghs Journaliste

La demande industrielle s’emballe, tandis que l’offre d’argent, excellent conducteur d’électricité, se contracte. Si, par-dessus le marché, la demande des investisseurs reprend, nous observerons de belles appréciations cette année.

Les métaux précieux ont atteint leur dernier sommet intermédiaire le 5 août 2020. A l’époque, l’euphorie était générale. A l’automne 2022, soit près de deux ans et demi plus tard, la confiance faisait place au désespoir et au scepticisme. Face à la flambée inflationniste, les banques centrales avaient relevé à plusieurs reprises, brutalement parfois, leurs taux directeurs en cours d’année. La plupart des taux longs européens avoisinaient les 3%, les taux américains franchissant même la barre des 4%. Une concurrence cruelle pour les métaux précieux, non productifs d’intérêts.

Les actions des mines d’or et d’argent faisaient moins bien encore que les métaux mêmes. VanEck Vectors Goldminers (ticker GDX), le tracker le plus connu, qui avait culminé à près de 46 dollars en août 2020, était tombé aux environs de 22 dollars fin 2022. Et comme toujours, ce sont les mines d’argent qui s’en sont le plus mal sorties: après avoir dépassé 18,5 dollars, l’iShares MSCI Global Silver Mines (SLVP) s’était effondré juste sous les 8 dollars.

L’argent devant l’or

Nous réitérons pourtant notre confiance à terme et sommes certains que l’étiage est atteint pour longtemps. Les mines d’or se tiennent toujours éloignées de leur cours plancher de janvier 2016; quant au cours de l’or lui-même, sa dernière débâcle date de la fin de 2015. L’inflation a atteint un sommet à l’automne: il est donc permis d’espérer que les banques centrales vont pouvoir lever le pied et même, suspendre leur politique de relèvements de taux cette année, une perspective qui fait repartir à la hausse les cours de l’or, de l’argent et des mines. L’indice des actions minières a du reste progressé de 40% ces derniers mois: sans doute faut-il voir là une première étape sur la voie qui mènera à des niveaux supérieurs à ceux enregistrés en 2020. L’investisseur qui souhaite étoffer ses positions aura donc une (dernière) opportunité d’agir si une correction intermédiaire se produit ces prochaines semaines.

L’argent fait traditionnellement mieux que l’or lors des tendances haussières de long terme. Aujourd’hui, le rapport or/argent s’établit à 80-85 – une once d’or vaut en d’autres termes 80 à 85 onces d’argent, un ratio passé de 32 au printemps 2011 à 124 au printemps 2020. Ce rapport pourrait retomber à 60-70 lors du prochain mouvement haussier. L’économie chinoise est en effet rouverte. Plus nombreuses que celles de l’or, les applications industrielles de l’argent, excellent conducteur d’électricité, offrent un potentiel réel, avec par exemple l’électrification des flottes de véhicules et la 5G. La demande industrielle s’emballe, tandis que l’offre d’argent se contracte. Si, par-dessus le marché, la demande des investisseurs reprend, nous observerons de belles appréciations cette année.

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