L’or noir de jais

Même pour le pétrole de schiste, une baisse ultérieure du prix du pétrole serait problématique.

Les quatre actions auxquelles nous nous intéressons aujourd’hui, Polarcus, SBM Offshore,Technip et Cameco (en rubrique Actions) sont consacrés au thème de l’énergie. A noter que Technip fait son entrée en Sélection après l’offre lancée sur la valeur de portefeuille CGG (rubrique Portefeuille). Notre intention est de remplacer CGG par Technip en portefeuille dans un avenir proche.

Et pourtant, le cours du pétrole n’en finit plus de baisser depuis quelques mois. Depuis juin, le pétrole Brent est en effet passé de 115 USD le baril à moins de 80 USD, soit un repli de plus de 30%. Ce qui explique la vague de consolidation qui déferle à présent sur le secteur des services pétroliers. Après l’offre de Halliburton sur Baker Hughes, voici donc celle de Technip sur CGG.

Les rapports qui prévoient un reflux ultérieur du cours de l’or noir sont particulièrement nombreux, du reste. Les arguments concernent à la fois l’aspect de l’offre et celui de la demande. Du fait d’une croissance attendue plus faible en Europe et en Asie, la demande a été réduite de 300.000 barils par jour pour 2015, et la Chine affiche l’augmentation de la demande la plus lente depuis près d’un quart de siècle. D’autre part, le ” grand bond du schiste ” aux Etats-Unis a non seulement fait de ce pays le plus grand producteur pétrolier au monde, mais l’incite aussi naturellement à ne plus importer qu’un cinquième de sa consommation l’an prochain, la proportion la plus faible en près de cinquante années.

Le cours de l’or noir devrait-il pour autant encore plonger ? Pas nécessairement ! Le coût de production du pétrole n’est plus celui qu’il était il y a encore dix ou vingt ans. Pour le pétrole de schiste, il s’élève en moyenne à 75 – 80 USD le baril, pour les sables bitumineux à 90 USD et pour certains projets en haute mer, même à 100 USD. Ces projets perdront donc en rentabilité à mesure que le pétrole voit son prix baisser. D’autre part, le budget de nombreux pays comme l’Iran ou la Russie déraillerait si le cours du pétrole ne cessait de baisser. Ces pays et ces méthodes de production n’ont donc aucun intérêt à ce que l’or noir poursuive sa chute, et moins encore s’il demeure sous 80 USD pendant plusieurs années.

Même si ce repli est accueilli favorablement sur le court terme, ses retombées à long terme peuvent être désastreuses. Le World Oil Outlook indique que les combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) resteront incontournables pendant encore quelques décennies pour répondre à la demande énergétique. Un prix pétrolier qui continue de baisser donnerait lieu à la suppression de nombreux investissements, ce qui menacerait à son tour la capacité de production et les réserves. Reste à savoir à présent quelle position l’Arabie Saoudite, qui joue un rôle-clé dans le secteur, adoptera lors de la conférence de l’OPEP de ce jeudi (27/11).

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