La fièvre monte…

Profitons de la vague de fusions et acquisitions tant qu’il en est temps, mais avec modération !

Mesurable depuis quelque temps déjà sur Wall Street, qui est toujours en avance sur l’Europe, la fièvre des fusions et acquisitions monte à nouveau dans nos contrées. L’actualité (financière) des derniers jours et semaines en est une nouvelle confirmation : ” Federal Express lance une offre sur TNT Express “, ” Mylan rachète Perrigo, propriétaire d’Omega Pharma “, ” Nokia se rapproche d’Alcatel-Lucent “, et last but not least ” RoyalDutch Shell absorbe BG Group ” (lire également en page 6). Une offre colossale, d’une valeur de 47 milliards de livres (GBP) ou quelque 65 milliards d’euros (EUR), soit près de 70 milliards de dollars (USD). Qui lui vaut d’emblée une place dans le top 15 des plus grandes transactions de toute l’histoire. La première demeure l’offre, autour du changement de siècle, d’AOL sur Time Warner, d’une valeur de 186,2 milliards USD. La création d’ExxonMobil, impliquant 80,3 milliards USD, est quant à elle la plus lourde transaction de l’histoire du secteur énergétique.

L’ampleur mondiale des fusions et acquisitions déjà annoncées cette année est la plus élevée depuis 2007. Aucun doute, dès lors, que 2015 entrera dans les annales comme année la plus fertile en matière de fusions et d’acquisitions des dix dernières années (et même davantage). De même, il est tout aussi certain que les fusions et acquisitions soutiennent les valorisations boursières. Même si jusqu’à nouvel ordre, nous n’avons pas encore assisté à une annonce qui fasse froncer les sourcils de tous les observateurs. Ces transactions accroissent l’appétit des investisseurs en actions. Les grandes transactions s’étalent dans la presse, et les lecteurs s’arrachent les listes des ” prochaines proies “. Ce qui à son tour concourt à une atmosphère spéculative. Du point de vue des entreprises, c’est une forme d’expression d’optimisme ou de réaction à des évolutions moins favorables dans le secteur.

De l’argent gratuit

La nouvelle flambée de fusions et d’acquisitions chez nous est en fin de compte la chronique d’une évolution annoncée : les banques centrales offrent pour ainsi dire de l’argent, à telle enseigne que de nombreuses entreprises nagent dans les liquidités. L’exemple le plus connu est sans conteste Apple, qui a 157.800.000.000 USD en caisses, sans compter ceux qui se sont accumulés depuis la dernière actualisation. La confiance était l’élément manquant. Le printemps économique européen actuel constitue l’ultime coup de pouce nécessaire.

Certes, il est particulièrement agréable d’être investi dans une entreprise faisant l’objet d’un rachat. Car une transaction accroît le rendement immédiat, comme ce fut le cas l’an dernier chez Lafarge (annonce de fusion), Lumina Copper et Nutreco. Il n’est absolument pas exclu que nous soyons confrontés à des situations similaires dans les prochains jours et mois, même si rien n’est jamais certain. D’autre part, cette fièvre des fusions et acquisitions ne se déclenche jamais dans une phase de baisse du marché, ni même au début d’un marché haussier. C’est typiquement un phénomène qui survient sur un marché mature ou haussier. Profitons-en tant qu’il en est temps, mais avec modération !

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