À l’attaque!

La zone euro doit jouer la carte offensive, au lieu de cette politique défensive dans laquelle nous nous sommes englués. L’attaque ne reste-t-elle pas la meilleure défense ?

Ce vendredi 10juin sera donné le coup d’envoi de l’Euro2016. Comme vous le savez probablement, pour la première fois en seize ans, nos Diables Rouges seront de la partie, et ils pourraient même jouer un rôle de premier plan dans cette compétition. Le monde entier aura donc les yeux rivés sur la France, où le climat social et économique n’est absolument pas au beau fixe. Une caractéristique commune à l’Hexagone et au Brésil (lire en rubrique Stratégie de la semaine dernière).

Une croissance faible depuis de nombreuses années, un taux de chômage élevé, un déficit budgétaire abyssal, une lourde dette publique, des tensions sociales nombreuses et une menace terroriste omniprésente… y compris autour de cet événement sportif d’ailleurs: tous ces éléments gâchent la fête. “Les Bleus” devront faire des étincelles, ces prochaines semaines, pour parvenir à détendre l’ambiance et faire de l’Euro2016, en dépit du contexte, un événement joyeux.

D’étonnantes similitudes

La France est encore la deuxième économie d’Europe mais elle n’est que l’ombre de la Nation puissante qu’elle était encore aux 18e et 19esiècles. L’Hexagone semble plongé dans une léthargie qui lui permet tout juste de chérir le souvenir de ce passé glorieux. Désormais, pour beaucoup, la France est le symbole d’une zone euro fragile, marquée par une faible croissance, une déflation imminente, des taux faibles, un taux de chômage élevé, etc.

Récemment, notre attention a été éveillée par une étude de l’analyste Allan Conway, du gestionnaire de patrimoine anglo-saxon Schroders, qui se penche sur le risque des économies mondiales de connaître un scénario comme celui qui a touché le Japon. La zone euro est la plus vulnérable, comme il ressort de la comparaison suivante.

Les dix raisons principales qui sous-tendent la crise japonaise longue d’un quart de siècle ont été inventoriées: mollesse de la croissance, déflation, bulles précédentes sur les marchés financiers, hausse de la dette dans le monde des entreprises, fragilité du système bancaire, lenteur de réaction des autorités monétaires, taux réel négatif, rigidité de la politique fiscale, vieillissement de la population et manque de réformes structurelles. L’analyste a constaté qu’au moins sept de ces dix plaies affectent également la zone euro et que les trois autres n’étaient pas loin de se manifester. Alors que les États-Unis, par exemple, ne rassemblent que quatre de ces facteurs.

Si la France et l’Europe veulent à nouveau faire équipe, elles devront modérer leur conservatisme, lequel empêche actuellement toute réforme structurelle sur le marché de l’emploi et dans le secteur des pensions, notamment. La productivité et la croissance économique devront être à nouveau stimulées. L’innovation devra être encouragée, les jeunes devront être invités à la prise d’initiative, l’emprise des pouvoirs publics sur l’économie devra être allégée au travers d’une amélioration (drastique) de l’efficience des services. La migration intelligente devra être une réponse à l’allongement de l’espérance de vie. La zone euro devra bien davantage jouer la carte offensive, au lieu de cette politique défensive dans laquelle nous nous sommes englués. L’attaque ne reste-t-elle pas la meilleure défense?

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