Le tuyau de la semaine: Rieter Holding

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Extrêmement sensible à la conjoncture, le secteur du textile croît au rythme de la population mondiale et du revenu disponible. Rieter Holding est pour l’heure très bon marché; une action à acheter, typiquement, quand les choses vont mal, et à revendre avec une belle plus-value lorsque la conjoncture rebondit.

Cotée en Bourse de Zurich depuis 1985, Rieter Holding est une entreprise à l’histoire très riche. Le commerce de coton et d’épices exotiques fondé en 1795 par Johann Jacob Rieter s’est assez rapidement étendu à la fabrication de machines pour le filage. Le groupe est devenu avec les années le premier fournisseur de systèmes pour la filature de fibres courtes, dont il occupe 30% du marché mondial. Ses 18 sites de production répartis entre 10 pays emploient 5.500 personnes, dont 16,5% en Suisse. Le secteur du textile croît au rythme de la population mondiale et du revenu disponible (classe moyenne émergente), soit de 2% à 3% par an en moyenne.

Mais une année n’est pas l’autre, et le secteur est extrêmement sensible à la conjoncture. En 2020, la pandémie a fait perdre au holding 25% de son chiffre d’affaires (CA), tombé à 573 millions de francs suisses (CHF); les résultats ont plongé dans le rouge, provoquant notamment une perte nette de 89,8 millions CHF. En 2021, le CA est remonté à 969,2 millions CHF et le bénéfice net, à 29,6 millions. Mais la rentabilité a de nouveau marqué le pas au premier semestre de cette année, alors même que les commandes atteignaient 869,4 millions CHF (contre 570 millions en moyenne sur les cinq dernières années) et que le CA bondissait de 400,5 millions à 620,6 millions CHF (+55%; 68,9 millions proviennent des acquisitions récentes). Mais le coût des matériaux, la logistique, les dépenses consenties pour compenser les pénuries de composants et les frais d’acquisition ont fait flamber les charges opérationnelles, qui sont passées de 275,8 millions à 490,5 millions CHF. Au bénéfice net de 5,3 millions CHF a par conséquent succédé une perte nette de 25,2 millions sur le semestre.

C’est toutefois grâce aux acquisitions, du moins en partie, que Rieter s’est préparé à la mutation du secteur du textile, qui voit la Chine perdre de son importance au profit de pays comme la Turquie ou l’Inde. L’entreprise prépare un plan axé sur l’accroissement de sa rentabilité et souhaite céder un terrain (75.000 m²) proche du siège de Winterthur. Bien qu’elle répercute de plus en plus les augmentations de prix sur sa clientèle, elle prévoit une baisse des bénéfices (opérationnels) pour cette année. Elle est ceci dit financièrement saine et peu endettée (au 30 juin). La volatilité des résultats fait évoluer son action en dents de scie depuis quelques années: alors qu’il culminait à près de 250 CHF au début de 2018, le cours est tombé à 75 CHF en 2020, puis a dépassé 225 CHF en 2021. Il reprend à présent la direction du plancher atteint en 2020, dans la perspective d’un net refroidissement de l’économie mondiale.

Les activités de Rieter sont proches de celles du belge Picanol, leader mondial du marché des machines à tisser, qui fera bientôt partie du Groupe Tessenderlo. Luc Tack (Picanol, Tessenderlo) possède 15% environ de Rieter. Il ne s’agit à ce stade que d’une participation minoritaire, d’un “investissement en espèces”, pas d’un “investissement industriel”. Mais tout peut évidemment changer.

Conclusion

Un cours extrêmement bas (proche de son niveau le plus bas en 10 ans) et une valorisation de 0,9 fois la valeur comptable, 0,3 fois le CA et 5 fois le ratio valeur de l’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel – insignifiant pour un numéro 1 mondial, certes dans un marché de niche cyclique – expliquent notre choix du tuyau de la semaine. Une action à acheter, typiquement, quand les choses vont mal, et à revendre avec une belle plus-value lorsque la conjoncture rebondit.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 81,30 francs suisses

Ticker: RIEN SW

Code ISIN: CH0003671440

Marché: Zurich

Capit. boursière: 383,6 millions CHF

C/B 2021: 4,5

C/B attendu 2022: –

Perf. cours sur 12 mois: -56%

Perf. cours depuis le 01/01: -53%

Rendement du dividende: –

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