Le tuyau de la semaine: Fresenius SE

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Voici une entreprise allemande saine et rentable, qui accroît son dividende depuis de très nombreuses années et dont l’action est pour l’heure vraiment bon marché.

Le spécialiste des produits et services médicaux Fresenius SE compte quatre divisions. Fresenius Medical Care (ticker FME; 21,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires (CA) en 2021), également cotée en Bourse, est le numéro un mondial du marché des équipements et des centres de dialyse (4.100 dans le monde). Fresenius SE détient environ 32% des actions de FME. Cette filiale qui a affiché longtemps une croissance spectaculaire a vu, en raison notamment de l’évolution de la législation aux Etats-Unis (Medical Care s’adjuge 69% de son CA), ses bénéfices baisser au fil des ans.

Fresenius Kabi (7,2 milliards d’euros de CA en 2021) est pour sa part spécialisée dans le traitement des patients atteints de maladies chroniques graves (administration de médicaments génériques par intraveineuse, transfusions sanguines, thérapies par perfusion) et dans la fourniture de dispositifs médicaux. Elle porte Fresenius SE ces dernières années: elle connaît une croissance non négligeable, qu’expliquent le vieillissement de la population (occidentale), l’expiration fréquente de brevets et le déploiement du portefeuille de produits sur les marchés asiatiques. L’Europe lui apporte 35% de son CA, les pays émergents, 33%, et l’Amérique du Nord, 32%. Fresenius Helios (CA de 10,9 milliards d’euros en 2021) est le plus grand gestionnaire d’établissements de soins médicaux privés en Allemagne (part de marché: 6%) et en Espagne (12%). Enfin, il y a l’autrichien Fresenius Vamed (2,3 milliards d’euros de CA en 2021), qui conçoit, construit et exploite des sites hospitaliers.

En dépit de ses fondamentaux à long terme favorables, le titre s’est révélé un investissement désastreux ces dernières années. Alors que mi-2018, il se négociait encore à plus de 70 euros, aujourd’hui, c’est à moins de 23 euros. L’explication est simple: le marché a cessé de valoriser (très) généreusement Fresenius SE, dont la croissance n’a plus rien à voir avec celle qu’il avait affichée des années durant. Son CA devrait progresser cette année, mais ces cinq dernières années, le taux de croissance moyen est tombé à 3%. Quant au bénéfice, il recule cette année (-8% sur les neuf premiers mois), après trois ans de stagnation, et comme le groupe a émis un nouvel avertissement fin octobre, l’on peut s’attendre à ce qu’il s’inscrive en baisse de près de 10% par rapport à l’exercice précédent. Les analystes ont abaissé leur pronostic de bénéfice pour 2022 à 3,08 euro par action, contre 3,35 euro pour 2021 et 3,37 pour 2018, par exemple.

L’action offre cela dit toujours un dividende qui va croissant. Pour 2021, il s’est élevé à 0,92 euro brut par action; c’était la 29e fois consécutive que le dividende annuel était augmenté. Le premier, en 1993, était de 0,02 euro. En moyenne, sur toutes ces années, il a été accru de 14% par an; et ce devrait rester le cas étant donné que le ratio de distribution (la part des bénéfices distribuée sous la forme de dividendes) est de 28%.

Conclusion

Fresenius SE n’est plus du tout valorisé comme une valeur de croissance. Le cours recule sous l’effet de la “contraction des multiples”: le ratio cours/bénéfice est aujourd’hui de 8, contre 27 en 2016. Or il s’agit d’une entreprise saine et rentable, qui a déjà accru son dividende 29 années de suite (“Dividend Aristocrat”) et se négocie pour l’heure à 0,6 fois sa valeur comptable (37,9 euros par action). Le marché nous paraît vraiment pessimiste à son égard. Nous prévoyons au moins une stabilisation de ses bénéfices en 2023. Ce “tuyau” intéressera l’investisseur value.

Conseil: acheter

Risque: faible

Rating: 1A

Cours: 22,79 euros

Ticker: FRE GR

Code ISIN: DE0005785604

Marché: Francfort

Capit. boursière: 13 milliards EUR

C/B 2021: 7

C/B attendu 2022: 8

Perf. cours sur 12 mois: -40%

Perf. cours depuis le 01/01: -35%

Rendement du dividende: 4%

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