Bekaert respire
Si les augmentations de prix peuvent coûter des parts de marché, la croissance, certes faible, des volumes, montre que les dégâts sont, sur ce plan, limités.
La liste des déconvenues ne s’est pas allongée au troisième trimestre. C’est heureux, pour cette action qu’affectent conflits commerciaux, hausses des prix des matières premières et retards dans la mise en oeuvre des mesures d’amélioration de la productivité. Saluons même l’augmentation, de plus de 10%, ce qui dépasse les prévisions, du chiffre d’affaires. Bekaert confirme de surcroît que son bénéfice opérationnel sous-jacent sera, au second semestre, supérieur à celui du premier. Il a donc apparemment réussi à alléger la pression exercée sur sa rentabilité – la marge sous-jacente était tombée à 5,1% au terme du premier semestre, soit à peine la moitié de ce que le groupe ambitionne d’atteindre sur le long terme.
La croissance organique des volumes n’a pas dépassé 1,4%, le reste ayant été soutenu par la répercussion, sur les clients, de la hausse des prix du fil machine. Bekaert a également profité d’une amélioration du mix de prix, ce qui signifie qu’il vend relativement plus de produits qui rapportent davantage. Il semble donc enfin parvenir à faire payer la hausse des prix des matières premières par ses clients plutôt que par l’actionnaire (sur certains marchés, le prix du fil machine a bondi de 30 à 50% en 2018).
Si les augmentations de prix peuvent coûter des parts de marché, la croissance, certes faible, des volumes, montre que les dégâts sont sur ce plan limités et que la concurrence est elle aussi contrainte de répercuter les hausses de coûts. En tout état de cause, la demande en provenance des marchés finaux demeure solide (elle est soutenue dans la construction et, étonnamment, sur le marché automobile) et le restera au moins jusqu’à la fin de l’année, estime la direction. Le conflit commercial pèse ceci dit sur la demande industrielle de fil d’acier et l’affaiblissement conjoncturel est une donnée incontournable. L’économie chinoise est en difficulté et nul ne sait dans quelle mesure l’Etat peut la soutenir. La politique monétaire de la Fed sanctionne les pays émergents. L’économie américaine se porte bien, mais elle avance dans son cycle. Si le redressement européen est plus récent, la zone n’échappe pas au ralentissement de la croissance. Le tout est donc de savoir ce que sera la conjoncture l’an prochain.
Bekaert est contraint d’attendre une reprise des investissements dans les secteurs pétrolier et gazier. La hausse du prix du pétrole n’a rien changé à la situation. C’est pour la filiale Bridon-Bekaert Ropes Group en particulier qu’un redressement de la demande dans l’industrie offshore serait le bienvenu: elle perd depuis quelque temps de sa rentabilité, ce que Bekaert espère contrer grâce à la nomination d’un nouveau CEO et à l’adoption d’un programme de restructuration triennal. Les activités déficitaires sont restructurées ou arrêtées – une usine sera fermée en Italie et au Costa Rica, la production va ralentir en Grande-Bretagne et en Malaise. Enfin, le groupe s’emploie à alléger son endettement: d’ici à la fin de l’année, la dette nette ne pourra plus représenter que 2,7 fois environ le cash-flow opérationnel.
Conclusion
Bekaert a stabilisé sa rentabilité en répercutant la hausse des cours des matières premières sur ses clients, sans sacrifier les volumes. A un rapport cours/bénéfice de 10 et une valeur d’entreprise correspondant à 6 fois le cash-flow opérationnel, la valorisation est intéressante, mais l’essoufflement de la conjoncture mondiale constitue un risque majeur pour 2019. Nous revoyons dès lors notre conseil à “conserver”.
Conseil: conserver
Risque: moyen
Rating: 1B
Cours: 22,7 euros
Ticker: BEK BB
Code ISIN: BE0974258874
Marché: Euronext Brussels
Capit. boursière: 1,37 milliard EUR
C/B 2017: 14
C/B attendu 2018: 10
Perf. cours sur 12 mois: -37%
Perf. cours depuis le 01/01: -35%
Rendement du dividende: 4,9%
Actions belges
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