EVA, la révolution e-sport à la conquête de la Belgique

Une arène EVA (Esports Virtual Arenas) s’est ouverte au début de cette année près de Liège. Trends Tendances a rencontré les gérants de cette première franchise belge mêlant e-sport et réalité virtuelle (VR), sur un grand plateau de 500 m2.

À la frontière entre le gaming et l’activité sportive, la startup française EVA propose une vraie révolution dans le monde de l’e-sport. ​Déjà présente en France depuis 2018, la société a ouvert début de cette année sa première arène en Belgique, après un « corner » à Genk.

Equipés d’un casque de réalité virtuelle (VR) de toute dernière génération et d’une arme connectée, les joueurs se déplacent librement sur un grand terrain couvert. Via leur casque, ils sont plongés dans l’univers virtuel du jeu « After H », un « FPS Like » (first person shooter) dans lequel il faut défendre des positions stratégiques. Seul ou en équipe de 4, l’objectif de cette version 3.0 du laser game ou du paint ball est très simple : éliminer l’adversaire dans un monde post-apocalyptique (lire aussi notre article: On a testé pour vous : EVA). Une autre version accessible dès 16 ans intègre des zombies. «C’est un jeu très intuitif, y compris pour les personnes qui n’ont pas l’habitude du jeu vidéo », résume son concepteur Jean Mariotte dont le rêve avoué était de « jouer à Call of Duty sur un terrain de foot».

« Jouer à Call of Duty sur un terrain de foot»

A notre arrivée, l’endroit n’a rien d’impressionnant. Situé dans un zoning commercial accolé à un magasin de décoration et à un magasin bio, le bâtiment ne laisse pas supposer qu’une surface de jeu de 500 mètres carrés (un terrain de mini-foot) s’y cache. Les riverains se souviennent qu’il était encore, il y a peu, un entrepôt de… patates. Les dalles qui forment le sol de l’arène ne sont pas noires et blanches que pour l’esthétique, elles dessinent un QR code géant qui permet de tracer les joueurs (lire aussi l’encadré « une technologie unique »). L’espace éclairé de trois rangées de LED où évoluent les gamers est agrémenté à ses abords d’un bar, d’un espace de restauration, d’un billard… de quoi occuper, hydrater et rassasier les visiteurs entrent deux sessions.

Jacou Naway et Arthur Petitjean, la petite trentaine, sont les franchisés de ce nouveau centre ultramoderne. Le premier a suivi une formation en gestion hôtelière et en business management (ICHEC Bruxelles) et a travaillé quelques années dans l’hôtellerie de luxe, le second possède un double master à orientation commerciale et informatique (HEC Liège).

Sa force : la rejouabilité infinie

« A l’origine, nous étions fans d’escape game. Lors de la présentation de notre projet d’escape game haut de gamme avec des murs pivotants. Pas de bol, on arrive en plein Covid ! Les banques s’inquiétaient du peu de rejouabilité du concept par rapport à l’investissement. Cela nous a forcés à repenser notre activité. Nous avons alors testé différents centres de loisirs qui proposaient escape game et réalité virtuelle. Nous avons cherché le partenaire idéal en Europe, aux USA et en Asie et nous avons été séduits par la franchise EVA. On s’est rendu compte par la suite qu’on devait se concentrer sur un seul des deux produits avec le plus d’avenir : la réalité virtuelle », explique à Trends Tendances Jacou Naway.

Reste à trouver un bâtiment adéquat. Le duo tombe sur un grand hangar à Saint-George-Sur-Meuse, bourgade entre Namur et Huy et à une vingtaine de minutes seulement de Liège via l’E42 toute proche.

« Les dirigeants de la société Laruelle qui possèdent le hangar étaient au début très réticents vis-à-vis de notre projet, car ils voyaient le jeu de tir virtuel comme une occupation violente, alors qu’il n’en est rien. Nous avons pu leur démontrer le sérieux de notre activité de loisirs et avons signé avec eux pour un contrat d’une durée de 9 ans », explique Jacou Naway.

Arthur Petitjean et Jacou Naway, cogérants de la première arène EVA belge. PG

Une « battle arena » Eva demande un investissement de 400.000 à 700.000 euros, de 800 à 900.000 pour deux arènes. « Ici, le montant que nous avons investi est plus important, car nous avons désiré aménager de belles salles de réunion, disposer d’une cuisine semi-professionnelle, ce qui donne un cadre plus accueillant et chaleureux », avance le gérant. L’investissement en matériel approche les 100.000 euros.

Rentable dès le début

Ouverte début 2023, la salle a rapidement eu son petit succès. En journée, elle accueille des team buildings d’entreprises (maximum 30 personnes) séduites par cette nouvelle version ultra technologique du laser game. Des écoles et autres associations tentent aussi l’expérience. L’arène liégeoise est très fréquentée en soirée et le week-end. “Il faut réserver plusieurs semaines à l’avance pour une partie pendant le weekend“, déclare Jacou Naway. « On est à 80-85 % d’occupation ».

Equipés d’un casque de réalité virtuelle (VR) et d’une arme connectée, les joueurs se déplacent librement sur un terrain couvert de 500m2.

Par rapport aux jeux immersifs qui ont investi le créneau du sport, comme FitXR (racheté par Meta) ou le jeu de rythme Beat Saber, le vrai point fort de ces salles est en effet de proposer une expérience impossible à reproduire chez soi, incitant les joueurs à revenir pour progresser. “C’est en combinant le gaming avec des efforts sportifs réels et une rejouabilité infinie qu’EVA se distingue de toutes les autres expériences de réalités virtuelles existantes », vantent les gérants de la franchise liégeoise.  

Une seconde franchise belge sur les rails

L’investissement humain des deux jeunes passionnés aidés actuellement par une seule employée qui endosse la fonction de community manager et responsable com’ est lui aussi important. « On ne compte pas nos heures, on est au four et au moulin, on travaille 6 jours sur 7, sans relâche», nous confie Jacou Naway. « En plus, Arthur est aussi business analyst à 4/5 sur le côté. Il preste parfois plus de 80 heures/semaines en combinant ses deux boulots.» Les gérants comptent engager rapidement une nouvelle recrue. «Des notions d’informatique ne sont pas nécessaires, mais sont clairement un atout pour travailler dans le secteur», précisent-ils.

Et leurs efforts paient. “Dès le premier mois d’ouverture, la salle était déjà rentable“, avance le cogérant. “Sur l’année, nous visons le demi-million d’euros de chiffre d’affaires“, ajoute-t-il.

Portés par ce premier succès, Arthur Petitjean et Jacou Naway annoncent vouloir ouvrir rapidement une seconde franchise en Belgique, à Bruxelles ou en Wallonie, sans nous dévoiler plus de détails. « On n’a pas envie qu’on nous coupe l’herbe sur le pied, d’autres candidats semblent déjà très intéressés.»

A l’été 2022, les fondateurs d’Eva ont levé 5 millions d’euros supplémentaires. Avec 22 salles à travers la France, la Belgique et une grande expansion prévue aux Etats-Unis, EVA compte aujourd’hui près de 100 salles en cours d’installation à travers le monde et a l’ambition d’ouvrir une quinzaine de salles en Belgique dans le futur. Prochain challenge : être sélectionné aux Jeux olympiques de 2028, qui intégreront les e-sports pour la première fois.

La “battle arena” liégeoise. Ca.L

EVA, un tour de force technologique

La technologie d’EVA réussit le tour de force d’intégrer des mouvements physiques dans un environnement virtuel de très haute résolution. Elle permet de faire évoluer jusqu’à 10 personnes dans un même espace sans qu’elles se gênent. Chaque adversaire est géolocalisé grâce à son casque vissé sur sa tête. Le casque se repère via le QR code géant dessiné au sol ainsi qu’une série de repères placés sur les murs. “Chaque casque est muni de quatre caméras qui recalculent en temps réel la position du joueur“, explique Arthur Petitjean.

La salle liégeoise bénéficie par ailleurs d’une toute nouvelle technologie de casques utilisant le WIFI6E, soit le must en termes de connexion sans fil. Ce qui permet au gamer de s’affranchir du sac à dos ordinateur (backpack) un peu lourd qu’il doit embarquer chez les concurrents. “C’est un vrai challenge technique, car il faut pouvoir streamer de manière constante 1,4 Go de données par seconde vers des personnes en mouvement constant sur le terrain”, expliquent les fondateurs d’EVA. Le joueur évolue maintenant avec plus de légèreté même si après 40 minutes, l’arme connectée quand même sentir son petit poids, surtout pour les plus petits gabarits. 

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