Les fonds européens de relance sont toujours bloqués, mais les socialistes noient le poisson

Thomas Dermine, secrétaire d’Etat
Baptiste Lambert

Voilà plusieurs mois que la première tranche des fonds de relance reste bloquée à la Commission européenne. La fameuse réforme des Pensions de la ministre Karine Lalieux (PS) ne semble toujours pas convaincre l’institution. Mais le secrétaire d’Etat à la Relance, Thomas Dermine, évoque une autre raison pour expliquer le blocage.

Un pactole de 4,5 milliards d’euros à récupérer avant 2026. Voilà l’enveloppe totale des Fonds de relance alloués à la Belgique et à ses régions. Sauf que pour récupérer ne fût-ce que la première tranche, de 847 millions d’euros, notre pays doit répondre à certaines conditions. Parmi ces “jalons”, la Commission européenne a exigé de la Belgique qu’elle réforme son système de retraite. De sorte qu’elle présente une amélioration des finances publiques à long terme plutôt qu’une détérioration de la situation.

Karine Lalieux a dû revoir sa copie en juillet dernier, la Commission ayant constaté que le bonus des pensions, notamment, aggraverait la situation financière du système des retraites. La deuxième mouture étant prête, Thomas Dermine a officiellement demandé la première tranche à la Commission en septembre dernier. Le gouvernement fédéral s’attendait à recevoir ce premier montant en janvier, mais hormis un premier acompte de 178 millions d’euros, pas un centime n’a quitté les couloirs du Berlaymont.

Thomas Dermine noie le poisson

Mi-janvier, la Commission n’était toujours pas convaincue. Et les parlementaires demandaient forcément des comptes à la ministre, qui bottait toutefois en touche. “La Commission n’a pas fini son analyse”, répondait Lalieux aux députés, se défendant avec des chiffres du Bureau fédéral du Plan pour montrer que la deuxième version de sa réforme rentrait dans les clous. Le problème est que ces chiffres n’ont pas été corroborés par la Banque Nationale, et visiblement, tant l’Inspection des Finances que la Cour des comptes et, en fin de compte, la Commission, n’ont pu faire mieux : les données fournies dans le cadre de la réforme ne sont pas tangibles.

Ce mardi, la Commission a mis le dossier belge sur pause. Mais le cabinet de Thomas Dermine évoque une tout autre raison pour expliquer le blocage : le jalon dit du “registre UBO”, pour Ultimate Beneficial Owner, qui regroupe l’ensemble des bénéficiaires effectifs d’une société ou d’une structure juridique. L’Europe exige ce registre dans sa lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent.

Il est vrai que le secrétaire d’Etat tente de régler ce point depuis des mois. Mais le réel blocage reste cette réforme des pensions. Et le temps presse. Il est visiblement de moins en moins exclu que la Commission valide la première tranche belge, en retranchant les montants des engagements qui feraient défaut. On parle quand même d’une pénalité de plus de 250 millions d’euros. Inutile de vous préciser le degré d’énervement des partenaires du PS au sein de la Vivaldi, mais aussi au niveau des Régions.

Au-delà de cette perte sèche, il est également question de réputation. Au sein de l’UE, seule une poignée de pays n’ont pas reçu la première tranche du plan de relance, parmi lesquels on retrouve la Hongrie et la Pologne. Un classement peu enviable, surtout pour le pays qui assure la présidence tournante de l’UE.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content