Notre démocratie vacille, entre “fils de” et candidats connus
La Belgique est une particratie, mais aussi une dynastie politique. Le nombre de “fils et filles de” explose. Et les nouveaux candidats affluent sur les listes pour tenter de soigner le malade. Dont un Flamand dans le Hainaut…
La Belgique est devenue une particratie, au sein de laquelle les présidents font la pluie et le beau temps. Mais c’est aussi devenu, au fil du temps, une dynastie politique, où l’on se transmet les postes de député ou de ministre de père/mère en fils/fille. La défiance citoyenne trouve ses racines dans cette double évolution.
Pour y répondre, les mêmes partis tentent de se ressourcer en nommant des candidats de la société civile. Critère important: leur notoriété. La campagne en vue des élections du 9 juin prochain ne déroge pas à la règle. La bataille s’annonce en effet dantesque, serrée entre les partis, le pouvoir se jouera à un siège prêt et… les noms feront la différence. Même si l’audace du renouvellement prend parfois des allures différentes.
Entre 12 et 15% de fils et filles de…
La Belgique, dynastie politique? Jean-Benoît Pilet, chercheur au Centre d’étude de la vie politique de l’ULB, et Jérémie Tojerow, par ailleurs ancien du cabinet d’Elio Di Rupo quand il était Premier ministre, ont plongé dans les gouvernements et assemblées passés pour déterminer l’importance du phénomène des “fils et filles de”. Leur curiosité a été éveillée par les deux derniers gouvernements fédéraux en date, précisément dirigés par des fils de: Charles Michel, fils de Louis, et Alexander De Croo, fils de Herman. Tout un symbole!
Le résultat de leurs recherches, dévoilé ce lundi matin par Le Soir, est éloquent: ces vingt dernières années, entre 12 et 15% de “fils et filles de” ont siégé à la Chambre, soit un niveau digne de la fin du XIXe siècle. Une proportion repartie à la hausse depuis 2003. Raisons de cette explosion: “L’arrivée de nouveaux partis, la personnalisation accrue de la vie politique belge ou la féminisation””, mais aussi le poids plus grand des présidents et la professionnalisation des partis avec un objectif précis: obtenir des élus, au coeur d’un marché très concurrentiel.
Soyons de bon compte: nous, électeurs, sommes également responsables, tant la notoriété d’un nom ou d’une famille prend trop souvent le dessus, dans nos choix, sur le programme de fond. La relation entre l’offre des partis et la demande des citoyens mérite aussi d’être étudiée.
Nouveaux candidats… à géométrie variable
Dans le même temps, les partis ont également cherché à renouveler leur fonds de commerce en recrutant des candidats de la société civile. Si possible des personnalités connues du grand public. Pas toujours avec succès: la galère de Marc Wilmots au Sénat, avant qu’il ne devienne sélectionneur des Diables rouges, était remarquable.
Ces nouveaux candidats sont souvent des “attrape-voix” ou, à tout le moins, des personnalités qui attirent le regard. Ce sont bien souvent des stars de la télévision: cette fois encore, Hadja Lahbib (passée par la case ministre, tout de même), Julie Taton, Marc Ysaye ou Armelle Gysen s’illustrent dans ce registre. On pourrait également placer dans ce registre Yves Coppieters, l’épidémiologiste omniprésent sur les plateaux de télévision durant la crise du Covid, même si son expertise est réelle.
Les Engagés, qui ont entamé à marche forcée ce renouveau, ont cette fois exploré le renouveau des candidats au départ d’une réflexion programmatique de fond, amenant des chefs d’entreprises (Yvan Verougstraete, Jean-Jacques Cloquet, Olivier de Wasseige), sans oublier d’autres profils (Yves Coppieters l’épidémiologiste, Elisabeth Degryse des Mutualités chrétiennes ou Vincent Blondel de l’UCLouvain).
Un Flamand en Wallonie
Chez Ecolo, une autre démarche novatrice a été dévoilée ce lundi: le Flamand Kristof Calvo, chef de file ou parlement et figure de proue de Groen en Flandre, se présentera sur une liste fédérale dans le Hainaut. C’est une façon pour les écologistes de mettre l’accent sur leur travail commun entre Ecolo et Groen et leur désir d’une circonscription fédérale.
Kristof Calvo avait par ailleurs annoncé qu’il se replierait sur sa ville de Malines, où il est échevin, afin de soutenir le projet local et… par dépit, en raison d’un manque de renouveau politique. Ce jeune élu prometteur porte l’idée d’un renouveau politique haut et fort depuis ses premiers pas au parlement.
Un renouveau dont on a besoin pour briser cette dynastie bien peu démocratique.
- Jean-Benoît Pilet
- ULB
- Jérémie Tojerow
- Elio Di Rupo
- Charles Michel
- Alexander De Croo
- Le Soir
- Chambre
- Marc Wilmots
- Sénat
- Diables rouges
- Hadja Lahbib
- Julie Taton
- Marc Ysaye
- Armelle Gysen
- Yves Coppieters
- Covid
- Yvan Verougstraete
- Jean-Jacques Cloquet
- Olivier de Wasseige
- Elisabeth Degryse
- Vincent Blondel
- UCLouvain
- Ecolo
- Kristof Calvo
- Groen
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