La gauche, nouveau centre de gravité de la politique belge
Le dernier Baromètre illustre la débâcle du parti libéral flamand du Premier ministre et la prise de pouvoir potentielle des socialistes. Même si rien ne sera simple en 2024 (refrain connu).
En politique, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain, certainement à l’heure des éléments de langage à court terme et de la fébrilité du corps électoral. Le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), risque bien de la payer cash, lui qui tente de donner vie à cette Vivaldi fédérale hétéroclite, mais voit son parti, l’Open VLD, devenir un groupuscule dans les sondages, au vu du dernier Baromètre Le Soir/RTL.
C’est l’alerte générale à l’Open VLD. Réunion de crise et risque de radialisation à la clé. Les libéraux flamands ne récolteraient plus que 8,3% des voix en Flandre et perdraient la moitié de leurs sièges à la Chambre, selon les projections du politologue Pascal Delwit (ULB). Dans ce cas, difficile de revendiquer le Seize. Si un tel scénario se confirme, la tentation pourrait même être grande, pour le part présidé d’Egbert Lachaert, de privilégier une cure d’opposition pour se refaire une santé.
Conner Rousseau Premier
Comme attendu, les extrêmes du Vlaams Belang et du PTB empoisonneront le climat : l’extrême droite reste en pole position au Nord, l’extrême gauche joue les premiers rôles au Sud et progresse au Nord.
Mais le principal enseignement, c’est ce caractère anachronique de la Belgique : alors que la gauche socialiste « traditionnelle » s’effondre partout en Europe, elle reste forte en Belgique et devient même le centre de gravité potentiel du pays, en raison de l’effondrement libéral flamand. Conner Rousseau, le wonder boy de Vooruit, continue sa progression folle : son parti serait à 16,8% (contre 10,8% en mai 2019) et lui-même est la personnalité politique la plus populaire de Flandre, devant Bart De Wever et Alexander De Croo, excusez du peu.
A peine réélu à la tête de son parti, Conner Rousseau a pris un petit congé de repos. Il doit digérer le fait qu’il peut désormais rêver du Seize. Avec 36 sièges, la famille socialiste serait de loin la premier du pays.
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C’est peu dire, aussi, que la provocation de Paul Magnette, président du PS, affirmant que son parti n’exclurait pas l’opposition en cas de difficulté à mettre en place un projet qui lui convient en 2024… risque d’être surtout une mise en garde de la part de quelqu’un qui se sait fort.
Avec la N-VA, quoi qu’il arrive
La difficulté restera toutefois grande pour former une majorité. Le dernier volet du Baromètre Le Soir/RTL illustre le fait que la Vivaldi ne reçoit guère de soutien et que… les Belges ne verraient pas d’un mauvais œil une réforme de l’Etat pour clarifier les choses.
Une majorité à gauche toute semble peu crédible : les écologistes fléchissent (voire résistent bien à Bruxelles) et le PTB ne veut a priori pas gouverner. Il reste dès lors, pour le fédéral, une formule hybride où le PS devrait bel et bien gouverner avec la N-VA, dans un attelage plutôt ancré au centre-droit, car les verts refusent de gouverner avec la N-VA.
Franchement dit, en 2024, ce ne sera pas une partie de plaisir. Même pour des socialistes défiant les aléas du temps.
L'avenir de la Belgique se joue en 2024
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