“L’été aérien pourrait devenir très difficile”

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Les pilotes de Ryanair basés en Belgique ont menacé de faire grève le week-end des 15 et 16 juillet prochains. Cette menace montre à quel point le secteur aérien est tendu à l’approche de la saison estivale.  

Si aucune avancée n’est obtenue d’ici vendredi pour désamorcer le conflit persistant entre les pilotes belges et la direction de Ryanair, les pilotes se mettront en grève les 15 et 16 juillet. En pleine haute saison, ce serait dramatique, des dizaines de vols risquent d’être annulés à l’aéroport de Charleroi. Le départ en vacances de milliers de voyageurs est sur la sellette.

Après les années de pandémie difficiles qu’il a vécu, le secteur aérien ne veut certainement pas revivre ce qu’il a enduré à l’été 2022. La moitié des vols avaient alors été retardés et quelque 2 000 vols par jour annulés, selon le contrôleur du trafic aérien Eurocontrol. Cependant, la forte demande de billets et la pénurie persistante de personnel ne lui facilitent pas la tâche pour cet été, observe De Standaard.

Car, un rien suffit pour enrayer la machine et provoquer le chaos dans un aéroport. Une grève spontanée à l’aéroport de Genève le week-end dernier l’a encore démontré. A Brussels Airport, c’est le temps d’attente au contrôle des passeports qui a aussi été fortement rallongés la semaine dernière en raison de l’absence d’agents pour cause de maladie et d’un dysfonctionnement des portiques automatiques. Les voyageurs ont dû attendre jusqu’à plus de 3 heures pour une destination hors Schengen. Les esprits se sont échauffés et des émeutes ont éclaté, rapporte Het Laatste Nieuws.

4,7 millions de voyageurs attendus à Zaventem

Brussels Airport Company, l’exploitant de l’aéroport de Zaventem, attend 4,7 millions de voyageurs cet été, soit 15 % de plus que l’année dernière. « Nous ne maîtrisons pas tout, déclare au Standaard Ihsane Chioua Lekhli, porte-parole de la société. Mais nous avons essayé de nous préparer au mieux au cours des derniers mois pour faire face à la situation », rassure-t-elle.

Nous ne maîtrisons pas tout

Ihsane Chioua Lekhli, Brussels Airport Company

La porte-parole donne des exemples d’aménagement pour éviter des soucis comme l’installation de trois portes automatiques supplémentaires aux contrôles des passeports, le recours à un assistant virtuel de voyage et, le plus important, le recrutement de suffisamment de personnel. Quelque 500 postes sont actuellement vacants à l’aéroport (qui emploie 24 000 personnes). « Il s’agit d’une rotation normale, similaire à la situation qui prévalait avant Covid“, précise Chioua Lekhli. Tim Roelandt, du syndicat libéral ACLVB, confirme dans De Standaard que la charge de travail augmentera fortement cet été.

Une meilleure anticipation

Le grand avantage de cet été est que le secteur a pu mieux anticiper que l’année dernière. En effet, 2022 avait encore commencé avec de fortes restrictions de voyage dues au variant Omicron. La demande de billets d’avion s’était presque entièrement rétablie en quelques semaines, et il n’y avait pas eu assez de temps pour recruter suffisamment de personnel. Conséquences : les aéroports de Schiphol (Amsterdam) ou Heathrow (Londres) avaient dû annuler des dizaines de milliers de vols, avec des files d’attente monstrueuses. Cette année, Schiphol a prévu de limiter le nombre de vols et du personnel supplémentaire a été recruté. Avec un accord social à la veille de l’été, Heathrow espère également éviter des grèves imminentes, rapporte De Standaard.

L’embellie post-Covid soulage le secteur aérien qui renoue avec les bénéfices. Ce qui n’empêche cependant pas la paix sociale d’être troublée. Les contrôleurs aériens français, par exemple, sont en grève depuis des mois contre les réformes et les plans de retraite du gouvernement. Cette situation affecte non seulement les vols à destination et en provenance de la France, mais aussi ceux qui doivent traverser l’espace aérien français. Rien qu’en juin, Ryanair a dû annuler 900 vols pour cette raison, fait remarquer De Standaard.

“L’été aérien pourrait devenir très difficile”

Les compagnies aériennes tentent de contourner la France, mais l’espace est limité dans l’espace aérien européen, qui s’est réduit d’environ un cinquième depuis la guerre en Ukraine. Dans plusieurs aéroports, tels que Budapest, Marseille et Athènes, Eurocontrol s’attend à une “forte surcharge” du trafic aérien cet été, prévient Eurocontrol dans ses dernières prévisions. Bruxelles connaîtra également une “surcharge” au cours des deux premières semaines de juillet, et des mesures devront être prises, indique le contrôleur aérien européen. En effet, si des événements imprévus, tels que le mauvais temps ou des grèves, entravent les opérations, “l’été aérien pourrait devenir très difficile”, a averti un porte-parole d’Eurocontrol à Bloomberg.

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