Banque : le grand retour du bon de caisse

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Face aux succès du bon d’Etat à précompte réduit, plusieurs banques, dont Belfius et BNP Paribas Fortis, veulent relancer le bon de caisse. But de la manœuvre : récupérer les 22 milliards aspirés des comptes bancaires par l’émission de septembre dernier.

Ah, ce bon vieux bon de caisse. Alors qu’il était tombé en désuétude, pour ne pas dire quasiment enterré, voilà que les banques veulent le ressusciter. C’est du moins ce qu’annonçait voici quelques jours Marc Raisière, le CEO de Belfius. “Le bon de caisse mérite à nouveau une place dans la vitrine des institutions financières”, nous disait à ce propos le patron de Belfius dans une interview en marge de la présentation des comptes annuels du bancassureur belge.

Dès le mois d’avril chez Belfius

Plus concrètement, l’ambition de Belfius est de re-proposer activement le produit à ses clients à partir du début du mois d’avril. Et ce, avec des durées allant jusqu’à dix ans. En fait, “les bons de caisse sont toujours restés disponibles, mais il n’y avait plus d’intérêt pour”, précise Olivier Goerens, directeur Marketing & Sales Investments, Private Banking en Wealth Management de Belfius, dans un dossier consacré au come-back du bon de caisse publié cette semaine par nos collègues de Trends. “Ce manque d’intérêt a principalement pour origine l’évolution des taux d’intérêt, reprend Olivier Goerens. Depuis 2011, ils ont baissé de manière ininterrompue, et sont même devenus négatifs pendant plusieurs années. Dans ce contexte de taux historiquement bas, et face aussi aux autres opportunités de placement qui proposaient des rendements plus élevés, plus personne n’a voulu encore acheter des bons de caisse.”

BNP Paribas Fortis y songe aussi

Belfius n’est pas la seule banque à vouloir relancer le produit. BNP Paribas Fortis, aussi, voit des possibilités. Si la première banque du pays n’a pas encore fixé de date, elle a visiblement aussi l’intention de le remettre au goût du jour. “Les clients sont tout simplement demandeurs”, dit Michael Anseeuw, CEO de BNP Paribas Fortis. “Pour toute une génération de Belges, le bon de caisse est le produit financier le plus connu”, ajoute le CEO de l’enseigne au logo vert précisant que le bon de caisse présente aussi un avantage pour la banque : “Vous pouvez appliquer une somme maximum à chaque tranche, ce qui est plus facile, en tant que banque, pour établir un plan de funding. Certainement au cas où la prime de fidélité sur le compte d’épargne devait être supprimée, le bon de caisse peut contribuer à la stabilité du bilan”, dixit Michael Anseeuw.

Contrer le bon d’Etat

Mais il est un autre élément, encore plus terre à terre que l’intérêt des clients ou la stabilité des sources de financement, qui explique ce retour en grâce du bon de caisse. L’objectif est de s’armer. S’armer pour contrer les prochains bons qui seront émis, à commencer par celui du mois de juin, quelques jours avant les élections. Et donc, les épées s’affûtent. L’idée germe : “bon de caisse, bon d’Etat”. La consonance y est. Le marketing est quasiment trouvé. Car n’oublions pas non plus la date du 4 septembre 2024. Celle-ci correspond à la date d’échéance du bon d’Etat à précompte réduit émis l’an dernier. Ce jour-là, les 22 milliards d’euros collectés par l’Etat seront remboursés, de même que les intérêts promis par le rendement de 2,81 %, soit environ 600 millions d’euros.

La drague a commencé

C’est bien simple, face à cette immense manne d’argent qui s’apprête à revenir sur le marché, chaque banque va essayer de se positionner pour récupérer au moins les capitaux qu’elle a vus filer vers les caisses de l’Etat (environ trois milliards chez Belfius et six milliards chez BNP Paribas Fortis). Et à vrai dire, la drague a déjà commencé. “Nous discutons déjà avec tous les clients qui ont acheté le bon d’Etat pour mieux comprendre pourquoi ils l’ont fait, cerner leurs besoins et leur faire une proposition commerciale”, indique Michael Anseeuw. A quoi ressemblera précisément cette offre commerciale ? Comment les clients vont-ils être appâtés ? Le seront-ils par de nouveaux bons de caisse très avantageux ? Les prochains mois le diront, mais une chose est sûre. “Nous nous préparons, et il y aura moins de monde en vacances dans la banque pendant le mois d’août”, glisse Michael Anseeuw.

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