Nouveau coup de blues des ménages américains

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La rechute de la confiance des ménages illustre la fragilité de la reprise outre-Atlantique. La croissance américaine est durablement affaiblie. L’analyse de Béatrice Mathieu.

Il n’y a pas qu’en Europe que la reprise est chahutée. Outre-Atlantique aussi, la conjoncture économique souffle le chaud et le froid tandis que le climat politique a franchement viré à l’orage à Washington.

Une preuve ? Le moral des ménages publié chaque mois par le Conférence Board s’est fortement dégradé en février, tombant à son plus bas niveau depuis avril dernier. En particulier, l’appréciation des Américains sur la situation économique actuelle n’a jamais été aussi dégradée depuis février 1983 tandis que 17% seulement des sondés croient à une embellie au cours des prochains mois.

Il est vrai que sur le front de l’emploi, l’horizon reste bouché. Les demandes d’allocations chômage ne cessent de progresser depuis le début de l’année. Certes, l’embauche massive de près de 1,4 millions d’agents publics au printemps pour effectuer le recensement (soit trois fois plus qu’en 2001) entretiendra l’illusion pendant quelques mois d’un redémarrage de la job machine.

L’Etat n’a plus les moyens pour un nouveau plan de relance

Sauf que ce bol d’air sera temporaire. La situation de quasi faillite d’un certain nombre d’Etats, Californie en tête, devrait se traduire par des charrettes de suppressions de postes dans les services publics, éducation et santé notamment.

A la fragilité du marché de l’emploi s’ajoute celle de l’immobilier. Les ventes de logements anciens et neufs rechutent et les demandes de crédit en vue d’un achat sont tombées en janvier à leur plus bas niveau depuis le début de la récession. Surtout, le crédit d’impôt à destination des primo-accédants mis en place dans l’urgence l’an passé doit théoriquement disparaître en avril.

Que restera-t-il alors pour soutenir la demande ? Les ménages américains sont en train de reconstituer leur bas de laine, ils boudent leur banquier (les crédits à la consommation sont en baisse) et ils ne sont pas prêts d’oublier les 12.600 milliards de dollars de richesse perdus depuis le pic de 2007. Le moteur de la consommation restera donc poussif.

Or l’Etat américain n’a clairement plus les moyens de lancer un nouveau plan de relance alors que le déficit fédéral devrait atteindre 10,5% du produit intérieur brut cette année ! La croissance mondiale a perdu pour longtemps une de ses locomotives.

Béatrice Mathieu, Centre de Prévision de L’Expansion

Trends.be, L’Expansion.com

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