Dette : quel rating pour les entités fédérées?

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Standard & Poor’s, Fitch et Moody’s ne font pas seulement trembler les Etats. Les Régions flamande, bruxelloise et wallonne sont aussi soumises au jugement des agences de notation. Quelles sont les entités fédérées les plus sûres financièrement ?

Les dérapages budgétaires des Etats européens ne sont pas les seuls à être épinglés par les agences de notation. Véritables baromètres pour déterminer le risque attaché à une émission d’obligations ou de titres de créances, les trois agences de notation que sont Standard & Poor’s (S&P), Moody’s et Fitch analysent aussi les finances à la demande des entreprises, des villes et des Régions. Objectif recherché : lever des fonds sur les marchés ou convaincre l’investisseur de sa capacité à remplir ses engagements. Evidemment, plus la note est bonne, moins l’émetteur de l’emprunt paiera cher. Se faire noter est aussi une offensive de charme auprès des banques et des électeurs. Une opération de communication risquée lorsque la note est sanctionnée.

Chez nous, la dette à long terme du royaume est actuellement notée AA+ – la deuxième note la plus élevée, attribuée tant par Fitch que S&P – et Aa1 chez Moody’s. Mais qu’en est-il des entités fédérées ? Pour l’heure, S&P et Moody’s s’intéressent au statut d’emprunteur de nos Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles) ainsi que de la Communauté française. Notons qu’en ramenant récemment la perspective de la note belge de “stable” à “négative” en raison de la crise politique, S&P a asséné un coup de bâton par ricochet aux entités fédérées. En effet, la Belgique classée dans une perspective négative, presque toutes les entités bénéficiant de sa garantie subissent de facto le même traitement.

La bonne note de la Flandre

La nouvelle n’a pas ému les marchés financiers, pourtant la Flandre a conservé sa note AA+. Un rating équivalent à celui des Etats-Unis ! Bémol à cet enthousiasme : S&P a ajouté une perspective négative. En cause : l’instabilité politique du pays.

Plus tôt dans l’année, S&P avait déjà baissé la perspective de la Région de Bruxelles- Capitale. Bien qu’elle conserve sa note AA, sa perspective d’évolution était passé de stable à négative. Si le cadre institutionnel en discussion inquiète, la dette régionale qui représente 110 % du PIB bruxellois explique aussi ce verdict négatif. De quoi voir surgir le spectre d’un scénario à la grecque ?

S&P souffle le chaud et le froid. D’une part, explique S&P, grâce au management prudent de la Région bruxelloise et les flux financiers entre la Région et ses organismes pararégionaux – STIB, IBGE, etc. – la dette directe n’est pas exposée au risque de change et est protégée des fluctuations des taux d’intérêt, tandis que le risque de financement est très bas. Cependant, l’agence de notation s’inquiète de l’absence d’ajustement des dépenses et de la hausse des revenus provenant du plan de refinancement ou de taxes.

La bonne note de la Communauté française

Etonnamment, les perspectives négatives ne touchent ni la Communauté française ni la Région wallonne. Est-ce à dire que ces entités sont plus saines que les Régions flamande et bruxelloise ? Loin s’en faut car si elles ne sont pas concernées par les révisions à la baisse de S&P, c’est que c’est l’agence Moody’s qui assure leur notation. Et pour l’heure, Moody’s a, quant à elle, confirmé les perspectives stables pour l’Etat belge. Mécaniquement, la perspective pour la Communauté française est également stable pour une notation à long terme Aa1.

La Région wallonne, elle, a obtenu une note légèrement inférieure à celle de la Flandre et de la Communauté française avec un rating de Aa2 (équivalent de la note AA de S&P) et ses perspectives restent stables en dépit d’une dette de 5,25 milliards d’euros.

VALÉRY HALLOY

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