Aide à la Grèce : le FMI reconnait des “échecs notables”

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Le FMI a reconnu mercredi que le premier plan de sauvetage de la Grèce en 2010 s’était soldé par des “échecs notables” en raison de projections de croissance trop optimistes et de désaccords avec ses partenaires européens au sein de la troïka des créanciers.

“Il y a eu des échecs notables. La confiance des marchés n’a pas été rétablie (…) et l’économie a été confrontée à une récession bien plus forte que prévu”, a indiqué le Fonds monétaire international dans un rapport évaluant les résultats du plan d’aide de 110 milliards d’euros accordé à Athènes en échange d’un plan d’économie drastique.

Le Fonds estimait alors que le pays renouerait avec la croissance dès 2012 alors qu’il s’est en réalité enfoncé dans la récession en 2013 pour la sixième année consécutive malgré un deuxième plan d’aide massive au printemps 2012, sur fond de manifestations croissantes contre l’austérité.

Les projections de dette publique grecque établies par le Fonds ont elles aussi été dépassées “dans une très large mesure” et n’ont pas anticipé l’explosion de l’endettement du pays qui pourrait dépasser cette année 170% de son PIB, indique l’institution.

Le FMI, qui reconnaît avoir assoupli ses critères avant d’accorder son aide à la Grèce, estime que le fonctionnement même de la troïka des créanciers qu’il forme avec la Commission européenne et la Banque centrale européenne a posé des “problèmes pour la conception du programme” grec.

Selon le rapport, “le Fonds était tenu de négocier d’abord avec les pays de la zone euro (…) et ensuite avec les autorités grecques”, créant une source d'”incertitude” alimentée par les hésitations européennes. La Grèce prend acte mais ne s’y attarde pas Le gouvernement grec a pris acte jeudi du mea culpa du FMI sur les “échecs notables” du premier plan d’aide à la Grèce, relevant avoir mis en garde en temps voulu contre ces erreurs, mais vouloir aller de l’avant.

“Je le leur avais dit”, a réagi le ministre des Finances, Yannis Stournaras, qui à l’époque du premier plan élaboré en 2010 dirigeait le think tank du patronat grec, Iove. Tout comme les syndicats et les dizaines de milliers de manifestants ayant occupé le pavé pendant des mois, cet institut avait été rapide à dénoncer les risques d’une asphyxie économique du pays pour cause de trop d’austérité.

Consacrant ses unes à l’aveu d’échec du FMI, inclus dans un rapport rendu public mercredi, les journaux grecs l’interprétaient surtout comme une manoeuvre visant à faire pression sur l’Union Européenne, et l’Allemagne au premier chef, pour qu’elle relâche le carcan d’austérité plombant l’économie européenne. Aucune surprise n’était par contre de mise, l’autocritique du FMI, et les reproches adressés aux Européens, étant devenus depuis longtemps des lieux communs en Grèce, engluée dans une sixième année de récession avec un chômage à 27% et une dette toujours abyssale, en dépit de deux plans de sauvetage UE-FMI consentis en échange d’une rigoureuse austérité.

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