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Ne remettons pas à demain…

Il y a comme un petit air de déjà entendu. Hausse de la TVA, saut d’index, impôt minimum pour les sociétés, réduction des allocations de rentrée… Les pistes pour boucler le budget en déséquilibre ne sont pas infinies. Chaque fois, les mêmes hauts cris sont poussés. Et chaque fois, on en sort “sans trop de dégâts”… mais en serrant les fesses jusqu’au prochain contrôle.

Le budget (et son trou habituel à combler), c’est donc reparti pour un tour. Mais un tour pour rire : comparé à ce qui nous attend pour 2014, celui-ci, c’est peanuts. Cinq cent vingt-six petits millions d’euros à trouver, allons bon ! Alors que c’est (au moins) 3,5 milliards qu’il faudra dégotter en 2014. En cause ? Les perspectives de croissance toujours moins bonnes, rendant les objectifs européens — pourtant déjà assouplis — toujours plus difficiles à atteindre. Car si l’objectif ultime reste toujours de réduire le déficit à moins de 3 % du PIB, il est désormais entendu que celui-ci ne devrait pas être atteint avant 2014, alors que le Programme de stabilité 2012-2015 l’envisageait à l’origine pour 2012.

Comble de malchance, c’est en plein contrôle budgétaire que Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine, confirme qu’il mettra fin à sa politique d’injection massive de liquidités dans le marché : les perspectives de croissance et la baisse structurelle du chômage aux Etats-Unis sont suffisamment encourageantes. Résultat des courses : les taux d’intérêt américains s’envolent, emmenant avec eux les taux européens à long terme, alors que l’Europe n’est pas du tout dans la même posture économique. Quel lien avec le budget ? Il est très simple : si les taux des obligations d’Etat à 10 ans remontent, le remboursement des dettes souveraines deviendra plus coûteux. Et ce coût supplémentaire, il faudra d’une manière ou d’une autre le compenser pour rester dans les prescriptions budgétaires de l’Union.

Et pendant ce temps, à Bruxelles, on manifeste. Pourquoi ? Pour le maintien d’un service public fort et pour s’opposer aux réductions d’emplois et de pensions, disent les syndicats, qui s’étaient réunis en masse lundi dernier. Leur message ? Arrêtez de considérer le service public comme une dépense, mais voyez-le comme une alternative au capitalisme et à l’austérité.

Et quoi ? Alors que les entreprises privées licencient à tout va (et parfois même ferment), le service public, lui, serait privilégié ? Quand on voit l’ampleur de l’effort à fournir (sans parler du problème du vieillissement qui viendra encore alourdir la facture), il est évident qu’aucune frange de la population ne sera épargnée. L’accepter est indispensable si l’on veut réussir à mettre en oeuvre des mesures qui permettront à la Belgique de sortir du marasme économique et budgétaire. Mais pour que les citoyens, qu’ils soient employés par le public ou par le privé, acceptent cet effort, encore faut-il que les politiques le leur expliquent. Honnêtement. Sans fausses promesses salutaires à leur succès électoral.

Des mesures impopulaires, il en faudra. Un déficit n’est pas tenable à long terme. D’ailleurs, il n’y a que les Etats qui peuvent “vivre avec”. Dans les entreprises et les ménages, un déficit chronique est tout simplement inenvisageable. La hausse de la TVA n’est ainsi pas à exclure, mais sans doute sera-t-elle plus facile à avaler si la fiscalité sur le travail est en contrepartie allégée. Taxer davantage l’épargne et moins les placements à risque, voilà qui devrait permettre de relancer la croissance. Quant aux pensions, ce n’est un secret pour personne : soit elles seront réduites, soit il faudra travailler plus longtemps. En espérant que ça ne soit pas les deux.

Faut-il encore attendre ? Laisser traîner les décisions qui font mal, plutôt que de les prendre une fois pour toutes, histoire de pouvoir enfin se concentrer sur la guérison ? Budget 2013, budget 2014, réforme de l’Etat et loi de financement : qu’on en finisse. S’il vous plaît.

CAMILLE VAN VYVE, Rédactrice en chef adjointe

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