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Mariani s’exprime aux sujet des banques européennes et de la crise

Quand un ancien banquier s’exprime, c’est généralement intéressant de l’écouter, ne serait-ce que parce qu’il est généralement plus libre de dire ce qu’il pense quand il n’est plus en fonction. Autrement dit, il ne pratique plus la langue de bois !

C’est le cas de Pierre Mariani, le dernier patron de Dexia qui s’est reconverti dans la consultance dans les Emirats Arabes Unis. Il a été interviewé par notre excellent confrère du Soir, Pierre-Henri Thomas.

Et que dit cet ancien PDG de Dexia en substance ? D’abord, que contrairement à ce que peuvent laisser penser certains chiffres, les banques ont été fortement marquées par cette crise. Certaines activités ont disparu et d’autres comme le crédit sont plus difficiles et plus coûteuses que par le passé ! Dans tous les métiers de la banque, les contraintes réglementaires ont explosé. Mariani de donner l’exemple de BNP Paribas Fortis qui aujourd’hui, pour réaliser le même résultat, est obligée d’avoir deux fois plus de capitaux qu’en 2007.

A priori, ce n’est pas une mauvaise chose et cela permet de protéger le citoyen contre une éventuelle culbute d’une grande banque. Mais ce que pointe Pierre Mariani, comme paradoxe, c’est que la crise vient des Etats-Unis. Et là-bas, en revanche, les banques ont pu utiliser leur lobbying pour bloquer les réglementations. Non seulement les banques américaines ne vont pas appliquer les nouvelles règles de Bâle III qui, elles, s’appliquent aux banques du monde entier, et en plus, les banques américaines qui ont survécu à la crise sont aujourd’hui encore plus grandes qu’avant la crise. Autrement dit, la crise a surtout affaibli les banques européennes alors que ce sont les banques américaines qui en sont à l’origine…

Et donc, l’ancien patron de Dexia pense que les temps seront encore difficiles pour nos banques. Pourquoi ? parce qu’elles sont corsetées par de nouvelles réglementations, qu’elles ont des activités réduites et plus chères à financer… Bref, toutes les banques européennes vont offrir un rendement trop faible pour les investisseurs. Et si elles ne veulent pas que les actionnaires se détournent des actions bancaires, elles n’auront pas d’autre choix que de réduire fortement leurs coûts pour rester attractives. Et comme la croissance de l’économie est limitée et que les recettes des banques sont bloquées par les réglementations, ces banques devront donc bien agir sur les coûts. En clair, il y aura encore une diminution des coûts du personnel et moins d’agences qu’auparavant en Europe… Pour cet ancien banquier, c’est clair : les prochaines restructurations bancaires seront brutales, espérons qu’il se trompe !

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